3. Le pardon
Ce petit branleur de Fugo. Tout s'est passé comme je l'avais prédit, on l'a ramené à la maison et Giorno l'a installé dans une chambre entre la mienne et celle de Trish. On vivait dans un manoir pas loin de Naples, au bord de la mer, Giorno, Trish, Polnareff et moi. Pour info, Polnareff compte pour 0,5 vu que c'est un fantôme, grâce à lui on est jamais pile quatre. Trish n'était pas là souvent, elle voyageait toujours à droite et à gauche pour lancer sa carrière de chanteuse. Mais elle avait été contente du retour de Fugo, je l'avais un peu pris comme une trahison. Si une personne avait toutes les raisons de détester Fugo, c'était bien Trish. Fugo avait été prêt à la laisser crever sans rien en avoir à foutre sous prétexte que, je cite : « On sait même pas quel genre de musique elle aime !».
- Mais tu sais je le comprends, me disait-elle. Il tenait à vous, vous étiez sa famille, pas moi. C'est normal qu'il ait pas voulu que vous vous mettiez tous en danger pour une fille que vous connaissiez même pas. Surtout que j'étais pas très sympa avec vous à l'époque, j'ai rien fait pour me rapprocher de Fugo. Au contraire, j'ai été plutôt odieuse.
- C'est vrai, j'oublierai jamais la fois où tu l'as fait enlever sa veste pour t'essuyer les mains dedans.
Ce souvenir nous a fait rigoler.
- Arrête j'ai honte ! Si j'ai fait ça c'était pour vous impressionner, pour que vous gardiez vos distances, j'étais super nerveuse en vrai !
- Nan mais j'adore ! La tête qu'il avait fait hahaha ! Il a tiré la gueule tout le trajet du retour.
- Tu vois, m'a dit Trish quand on s'est calmés, je peux comprendre Fugo. Je pense même que c'est lui qui devrait me détester, parce que c'est à cause de moi si sa famille a éclaté, et si on a perdu Abbacchio et Narancia.
- Dis jamais ça, ai-je grondé en prenant sa main.
- Oui bon... Je pensais qu'il serait furieux contre moi, mais quand vous l'avez ramené la première chose qu'il m'a dit c'est qu'il était désolé, et qu'il était content que je sois en vie. Ça m'a enlevé un poids, bizarrement. Toi aussi Mista tu devrais tourner la page. Vous êtes amis.
- On l'était, nuance.
Il a été absent de tous les combats et tous les deuils de ma vie. Il était pas là quand j'ai eu besoin de lui. Quel genre d'ami c'est ?
Les premiers jours de son emménagement, il était resté planqué dans sa chambre, ça avait le don de m'énerver. Puis Giorno l'avait envoyé en mission en Sicile quelques temps pour le tester, il était revenu, et depuis on se croisait ici et là dans les couloirs ou pour le taf. Il avait bien changé. Il faisait plus de crises de colère comme avant, il répondait pas à mes provocations, il rasait les murs. Il était triste, ça aussi ça m'énervait. Il nous avait fallu tellement de temps, il m'avait fallu tellement de temps, à moi, pour surmonter la mort de mes trois meilleurs amis, et à chaque fois que je voyais la tronche déprimée de Fugo ça me ramenait là-dedans. Dire qu'il avait voulu se suicider pour les rejoindre, ce sale lâche. C'est ça qui me foutait le plus en rogne, je crois. C'est trop tard, maintenant. Si t'étais prêt à mourir pour Bucciarati et les autres, si tu tenais si peu à la vie, pourquoi t'es pas venu avec nous hein, connard ? Qu'est-ce qui t'as retenu ? Raah, ça m'énerve. J'avais envie de le secouer, de lui dire arrête ton cirque Fugo, Giorno a peut-être oublié, Trish t'a peut-être pardonné, mais moi j'oublie pas et je pardonne pas. T'as été nul.
Si je lui avais pas encore pété la gueule, c'est parce qu'on était rarement seuls, vu qu'il collait au train de Giorno comme un toutou à longueur de journée. Aucune dignité putain. Si j'étais pas aussi furax contre lui j'aurais pu trouver ça marrant. Déjà à l'époque, Fugo avait un faible pour le petit nouveau, autant que je sache, ça avait commencé quand ils étaient revenus de leur mission à Pompéi avec Abbacchio pour récupérer la clé. Giorno avait été touché par le virus de Purple Haze, et il était pas bien, il avait passé la nuit à vomir partout, et Fugo à angoisser et à paniquer, les deux faisaient tellement de bruit que personne avait pu dormir. Apparemment Giorno s'était laissé contaminer exprès, ça faisait partie de sa stratégie, et ça avait subjugué Fugo. Depuis ce jour il s'était mis à fixer Giorno la bouche ouverte, bêtement, à le suivre des yeux et à rougir comme un bébé dès que leurs regards se croisaient. Narancia et moi on se tordait de rire. C'était trop drôle, et aussi un peu chouette de le voir comme ça, notre petit Fugo qui tombait amoureux.
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Fugo over flowers
FanfictionFanfiction Jojo part 5 (spoilers), éléments de Purple Haze Feedback. Illustration de couverture par @Luposlipaphobya Giorno ne peut pas s'empêcher de transformer en fleurs tout ce qu'il touche dès qu'il croise le regard de Fugo.