6. La déclaration

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5. La déclaration

Je voulais que Giorno parle à Fugo le plus vite possible, genre immédiatement, mais quand on est arrivés au manoir il était pas là. Polnareff nous a expliqué qu'il avait dû aller superviser une transaction à Secondigliano, il rentrerait pas avant la nuit. Au moins un qui bosse. La déclaration d'amour était donc reportée au lendemain matin.

Au milieu de la nuit, quand je me suis levé pour aller pisser, j'ai vu de la lumière filtrer sous la porte de sa chambre. Fugo était rentré, et il ne dormait pas encore. Demain, il allait recevoir la déclaration d'amour dont il n'osait même pas rêver. Il a trop de bol.

J'avais hâte de voir sa réaction. Faudrait que je trouve un moyen discret de filmer. Par contre j'espère qu'il va pas faire n'importe quoi, que le stress et l'angoisse vont pas avoir le meilleur de lui comme ça lui arrive tout le temps. Merde, et si sous le coup du stress il mettait un râteau à Giorno ? Genre s'il croit que c'est une blague, ou que Giorno le drague par pitié ? Cet ahuri de Fugo serait carrément capable de faire ça. Giorno serait dévasté, le pauvre, et moi qui lui ai dit que c'était sûr a 100% qu'il se prendrait pas de râteau, j'aurais l'air fin. Il fallait peut-être que je prépare le terrain ? C'est moi qui le pousse à se déclarer, je m'en voudrais qu'il se fasse humilier.

J'ai frappé à la porte.

- Oui ?

Il était assis dans son lit, en train de lire un livre. Fugo, pourquoi tu dors pas ? J'aime pas quand tu dors jamais.

- Quoi de neuf, Mista ?

- On peut parler ?

- Bien sûr. Qu'est-ce qui t'arrives ?

Je me suis installé sur son lit, ça m'a rappelé tant de souvenirs. Sur la table de chevet de Fugo, il y avait une photo de nous. Celle qu'on avait prise au port, devant le yacht qu'on a loué pour aller à Capri. On était tous là, le Bucci gang, comme on nous appelait, Bucciarati, Abbacchio, Narancia, Fugo et moi. Giorno n'était pas dessus, c'est lui qui avait pris la photo. Le petit nouveau dont on se méfiait. C'était la première fois que je voyais cette photo, je ne savais pas qu'on l'avait faite développer.

- Ça a été, à Secondigliano ? ai-je demandé à Fugo. T'es rentré quand ?

Il m'a résumé rapidement la situation, puis a conclu en disant :

- T'aurais pu attendre demain que je fasse mon rapport, ça avait rien d'urgent, si ?

- Non... j'avoue, j'étais pas venu pour ça.

Il a posé son bouquin et pris un air tragique :

- Cauchemar ?

- Euh... non. T'inquiètes. Je voulais juste te demander : tu ressens quoi pour Giorno ?

- Comment ça ? Pourquoi tu me demandes ça ?

Il essayait de garder un air décontracté absolument pas crédible, vu qu'en une seconde a peine il était devenu rouge tomate et raide comme un piquet.

- C'est juste pour savoir. Tu craquais pour lui avant, est-ce que c'est pas toujours le cas ?

- Je n'ai jamais craqué pour Giorno ! a-t-il crié un peu trop fort pour nous deux.

J'espère que Giorno a pas entendu, le pauvre.

- Oh arrête, j'étais là je te signale, j'ai vu comme tu le quittais plus des yeux après votre mission à Pompéi. T'as nettoyé son vomi toute la nuit, si c'est pas de l'amour. Tu nettoyais pas le vomi d'Abbacchio quand il était bourré.

Fugo over flowersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant