5. Les fleurs
Le lendemain, j'ai été réveillé par la lumière du jour qui traversait la fenêtre. À côté de moi, Fugo commençait à remuer. D'après le magnétoscope il était huit heures.
- On a dormi là toute la nuit ? a grogné Fugo encore trop HS pour avoir l'air étonné.
- Apparemment.
Il s'est un peu décollé de moi – juste un peu. J'avais la moitié du corps complètement engourdie. Je me suis étiré. Fugo a passé une main sur son visage, et il a senti la fleur coincée derrière son oreille. Il l'a attrapée, intrigué :
- Qu'est-ce que...
- C'est la télécommande, lui ai-je expliqué entre deux bâillements.
Ça a mis un coup de fouet à Fugo, lui qui était tout pâteux et endormi s'est redressé d'un coup. J'ai remarqué comme il rougissait :
- Giorno était là ?
- Ouaip. C'est lui qui nous a mis la couverture. Il nous a regardés dormir, il a dit qu'on était trop mignons.
Juste pour le plaisir de voir Fugo encore plus rouge.
- Mais euh... Pourquoi il a transformé la télécommande ? Et comment elle a atterri dans mes cheveux ?
- Alors là. C'est à lui qu'il faut demander.
Il faisait tourner la fleur dans sa main, l'air confus. Puis il s'est levé, encore plus confus :
- Il faut la mettre dans de l'eau.
- Laisse ça ici, lui ai-je crié alors qu'il disparaissait dans la cuisine en tenant la fleur devant lui comme une relique précieuse. Giorno va la retransformer !
Fugo ne m'a pas répondu, je crois qu'il m'a même pas écouté, et j'ai eu l'intuition qu'on pouvait dire adieu à la télécommande. Et comme souvent, mon intuition s'est avérée juste, Fugo n'a jamais rendu la fleur. Depuis le temps, elle avait sûrement fané, pourtant. Est-ce que ce gros nerd de Fugo l'avait faite sécher pour avoir un souvenir ? ça m'étonnerait même pas. En tout cas, évidemment, ni lui ni Giorno n'ont jamais abordé le sujet, j'ai dû me résigner à me lever à chaque fois que je voulais changer de chaine. Quand Trish est revenue pour quelques jours et qu'elle a retourné toute le manoir à la recherche de la télécommande, j'ai dû lui dire de laisser tomber et qu'on la retrouverait jamais, alors que Giorno et Fugo faisaient les innocents tout en évitant de se regarder.
Depuis ce jour, tout est allé mieux entre Fugo et moi. Je peux pas dire que les choses étaient redevenues comme avant, bien sûr, elles ne le redeviendrait jamais. Fugo ne faisait plus de crises de colère maintenant. Il avait grandi. J'aimais bien ce nouveau Fugo balafré. Il était toujours triste, et quand on parlait de Narancia et des autres il lui arrivait toujours de baisser la tête avec culpabilité, mais il n'y avait plus de tension entre nous, et ça nous faisait énormément de bien, je pense, d'avoir retrouvé quelqu'un avec qui partager la perte, les souvenirs. Giorno était là, il avait souffert autant que nous à la mort de nos potes, mais il faisait pas partie du passé que j'associais à eux. Il s'était pas construit par rapport à eux, contrairement à Fugo.
Toutes ces pleurnicheries maladroites pour dire que j'étais vraiment content qu'on se soit réconciliés. Fugo avait l'air un peu moins misérable, et je kiffais me dire que c'était grâce à mon amitié. Quant à moi, il y a ces jours où là simple vue d'une fourchette me faisait penser à Narancia, et ça me faisait chaud au cœur dans ces moments-là d'avoir près de moi quelqu'un qui comprenne sans que j'ai rien à expliquer.

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Fugo over flowers
FanfictionFanfiction Jojo part 5 (spoilers), éléments de Purple Haze Feedback. Illustration de couverture par @Luposlipaphobya Giorno ne peut pas s'empêcher de transformer en fleurs tout ce qu'il touche dès qu'il croise le regard de Fugo.