Je n'avais vu qu'une seule fois Fugo ému et sans défense comme ça, c'était il y a environ deux ans, au restau. Bucciarati était pas là, sûrement dehors à papoter avec les mamies du quartier comme il faisait tout le temps. Il y avait Abbacchio, Narancia, Fugo et moi. J'étais le plus récent dans le gang, mais on venait tous plus ou moins d'arriver, à part Fugo qui trainait avec Bucciarati depuis plus longtemps. Ça faisait même pas un mois qu'on était au complet, mais on passait tout notre temps ensemble alors on commençait à peu près à se connaitre. Ce jour là, par exemple, alors que Fugo enseignait les tables de multiplications à Narancia, je savais très bien que ça allait dégénérer. C'était facile à deviner, ça dégénérait dès que Bucciarati s'éloignait de nous. Il disait que c'était parce qu'on était qu'une bande de sales gosses mal élevés, mais la vraie raison c'est que sans lui, on était quatre, alors forcément.
- La table de 5 c'est une des plus faciles : les nombres ne se terminent que par 0 ou par 5. 5x5 = 25, 5x6 = 30, allez Narancia tu peux le faire, c'est bien plus simple que les tables précédentes.
Abbacchio buvait son vin sans se soucier de nous. J'ai entrepris de nourrir les Sex Pistols en faisant bien attention à ne pas les laisser se battre. On s'ennuyait un peu.
- Okay Fugo je crois que j'ai compris. Donne le cahier.
- Prends bien ton temps, a rappelé Fugo en filant le cahier de vacances à Narancia. Si tu as une question, tu demandes.
Numéro 5 s'est mis à pleurer à ce moment-là, à cause de Numéro 3 qui l'insultait. Fugo a eu un tic agacé.
- Mista, tu veux bien demander à tes Pistols de faire moins de bruit ? Narancia a besoin de se concentrer.
- T'as entendu Fugo, Numéro 5 ? Arrête de pleurer. Et toi, Numéro 3, je t'ai dit plein de fois de le laisser tranquille.
Les Pistols se sont mis à se justifier en faisant encore plus de bruit. On allait perdre Fugo. Juste quand j'ai pensé ça, Narancia lui a rendu le cahier :
- Fini ! J'ai fait zéro fautes, je crois !
Fugo a regardé et il est devenu tout blanc. Le cahier a volé à travers la pièce. Fugo était passé en mode rage :
- TU TE FOUS DE MA GUEULE ? JE T'AI DIT QUE ÇA POUVAIT FINIR QUE PAR ZERO OU PAR CINQ, POURQUOI À 5x2 TU ME METS 8 ? C'EST PAS POSSIBLE D'ÊTRE AUSSI CON ! ET MISTA JE VAIS TUER TON STAND SI J'ENTENDS LEURS VOIX STRIDENTES ENCORE UNE FOIS !
- C'EST PAS EUX QUI FONT LE PLUS DE BRUIT ! ai-je gueulé à mon tour en me levant.
- MOI JE SUIS CON ? a crié Narancia en attrapant un couteau. C'EST TOI QUI EXPLIQUE TROP MAL, ENFOIRÉ DE FUGO !
On s'est engueulés, comme d'hab. Fugo était tout gentil et patient, et d'un seul coup il piquait des colères destructrices, il y avait rien à faire pour le calmer, le seul moyen de survivre à la tornade c'était de gueuler encore plus fort que lui jusqu'à ce que ça passe. En général Fugo se calmait quand il commençait à y avoir trop de sang, ou si son stand apparaissait. Il allait ensuite chercher la trousse à pharmacie et nous demandait pardon en nous mettant du pschitt et du sparadrap, tout était réglé aussi vite que ça commençait. Ça avait presque un côté rituel, peut-être familial, pour Fugo et Narancia qui avaient été si seuls, alors ça me dérangeait pas plus que ça.
Mais ce jour là, alors que Fugo en était à son point culminant, qu'il avait cassé une assiette sur la tête de Narancia et avait un couteau planté dans le biceps, Abbacchio, qui était resté stoïque pendant tout ce temps, se contentant juste de reculer un peu sa chaise, a levé le nez de son verre de vin et il a demandé à Fugo de but en blanc :
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Fugo over flowers
FanficFanfiction Jojo part 5 (spoilers), éléments de Purple Haze Feedback. Illustration de couverture par @Luposlipaphobya Giorno ne peut pas s'empêcher de transformer en fleurs tout ce qu'il touche dès qu'il croise le regard de Fugo.