Chapitre 1

30 4 6
                                    

Le moment tant attendu est arrivé. Je suis fin prête à prendre un nouveau départ. Je suis prête à quitter ma France natale, ma petite région de Limoges pour décoller vers le pays des rêves, le pays où tout est possible. J'ai à peine 18 ans et je quitte déjà les terres qui m'ont vu grandir. C'est dure de se dire que je pars si loin de ma famille, de mes amis, de toutes les personnes que je connais à présent. Je n'ai jamais eu peur de partir loin d'eux. Mais la différence, c'est que là, je ne sais pas quand je pourrais les revoir. Ce départ ne peut qu'être bénéfique après tout. Je quitte mes proches certes, mais c'est aussi l'occasion d'oublier certaines choses et de tout reprendre à zéro.

Je fini de remballer mes affaires à la fois triste et excitée. Une valise est déjà prête avec mes habits et je viens de finaliser la deuxième avec le reste de mes affaires, mais impossible de la fermer. J'ai tout essayé. Je me suis mise dessus, j'ai même sauté dessus mais rien à faire.

- Purée, mais ce n'est pas vrai !

Après avoir dit ça, je donne un gros coup de rage dans la valise, ce qui la fait se retourner. Résultat : toutes mes affaires se retrouvent éparpiller sur le parquet de ma chambre.

- On dirait bien que la valise est plus forte que toi ! dit une voix masculine dans mon dos.

- Dis moi Alban, tu es là depuis combien de temps à me voir ramer ?

- Assez pour t'avoir vu sauté dessus !

- Et ça ne te viens pas à l'idée de m'aider ?

- Nan, tu me fais marrer à te battre avec ta valise !

Comme réponse, je brandis mon majeur bien haut, sans même prendre la peine de le regarder. Cet empoté, est mon grand frère Alban. Cette enflure est plutôt beau garçon avec ses cheveux châtains rasés sur les côtés mais plus long sur le haut de son crâne. Ils sont toujours coiffés en arrière, grâce à la cire qu'il se met tous les matins. Ses yeux verts se moquent ouvertement de moi. Il est assez grand - du moins plus grand que moi - et assez musclé, grâce au sport qu'il fait. Il vient de commencer son internat de chirurgie à l'hôpital de Bordeaux. Il est exprès revenu à la maison pour me dire au revoir. Je sais que je vais lui manquer, même s'il prétend le contraire.

- Lydia, dépêche-toi ! Nous allons être en retard à l'aéroport ! s'exclame ma mère au rez-de-chaussée.

- Oui maman, j'ai bientôt fini !

Je remets aussi vite que possible mes affaires dans cette satanée valise et arrive, finalement, à la fermer. Mon vol est dans deux heures mais ma mère veut absolument y être une heure et demie en avance, au cas où il y aurait des bouchons où un autre imprévu.

Nous quittons donc la maison tous les quatre et prenons la route. Mon frère et moi sommes derrière en train de nous chamailler comme des enfants de neuf ans. Frank, mon beau-père est au volant et ma mère est à côté. Frank et ma mère sont les deux personnes les plus identiques et différentes à la fois que je connais. Ils ont tous les deux des cheveux bruns et des yeux bleu. Frank, malgré sa carrure massive, il sait faire preuve d'un calme olympien et d'une patience à tout épreuve, ce qui est tout le contraire de ma mère. A première vue, elle a l'air très posé avec son visage doux et son gabarit très peu imposant, mais en vérité, elle est très nerveuse et peut se montrer assez dure envers les autres. Je ne comprendrai jamais comment il fait pour arriver à la canaliser. Ils vont vraiment bien ensemble.

Une vingtaine de minutes plus tard, nous arrivons à l'aéroport. La circulation était très fluide et nous sommes arrivé sans encombre. Avant même de sortir de la voiture, j'entend ma mère pleurer à l'avant.

- Je n'arrive pas à croire que ma petite chérie part déjà ! Elle est si jeune !

- Marie, calme-toi, lui dit Frank. Tout va bien se passer. Elle est grande maintenant et est capable de se débrouiller toute seule. Il est temps de la laisser voler de ses propres ailes.

Il essaie de la réconforter comme il peut. Elle a de la chance d'avoir un homme comme Frank dans sa vie. Elle le mérite.

Ma mère une fois calmée, tous les quatre, nous nous dirigeons enfin vers l'aéroport. Nous rentrons, et viens le moment que je redoutais le plus : les au revoir. Ma mère fond en larme dans mes bras comme je m'y attendais. Je rassemble toutes mes forces pour ne pas m'effondrer comme elle et tente même de sourire. Frank me serre contre lui et me souhaite bonne chance pour la suite. Viens le tour de mon frère. Il n'est pas de nature très tactile, mais fait l'effort de me prendre dans ses bras un cour instant et me dit : « Fais attention à toi. Il t'arrive la moindre chose, je débarque à Los Angeles et je leur casse la gueule ! «

Ses paroles me font gentiment rire. Le pire, c'est que je sais qu'il en est tout à fait capable. Il s'est toujours montré très protecteur avec moi. Surtout après ce qu'il s'est passé.

Je me détache de lui et les regarde tous, les uns après les autres. Avant de m'en aller, je rassure une dernière fois ma mère toujours en larmes et leur dit qu'ils vont beaucoup me manquer. Le temps est venu pour moi de partir, de les quitter pour un temps. Je les vois sortir de l'aéroport après avoir jeté un dernier coup d'oeil avant de me diriger vers une femme pour m'enregistrer.

- Tu comptais vraiment partir sans me dire au revoir ?

Une voix grave s'élève derrière moi. Je me retourne, et c'est à ce moment là que je le vois. Cet homme que je vois dans tous mes cauchemars.

Mon sang se glace. Je me retrouve paralyser. Je ne pensais pas le voir ici, pas après ce qu'il m'a fait. J'espère que c'est une hallucination, ou bien un autre mauvais rêve. Mais ce n'est pas le cas. Cet homme se rapproche de plus en plus de moi. Il marche d'un pas assuré et arbore un sourire malveillant sur son visage. Il se tiens à présent à quelques centimètres de moi. Je ne peux plus rien faire. Ma respiration s'accélère, mon cœur s'emballe. Je commence à avoir de plus en plus chaud. Il attrape mon bras, se penche vers moi et me dit :

- Tu peux me fuir autant que tu veux, mais tu ne te débarrasseras jamais de moi. Je te trouverai à chaque fois. Bon voyage et à bientôt.

Après avoir prononcé ces derniers mots, il dépose un baiser sur ma joue. Satisfait de ma réaction, il repart enfin, toujours en affichant son atroce sourire.

Je reste pétrifié un moment. Je suis en état de choc. Je me pensais enfin débarrassée de lui mais il revient à la charge. Pourquoi maintenant ? Pourquoi m'a-t 'il laisser espérer ne plus jamais le revoir ?

Souvenirs...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant