Chapitre 5

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Son plateau de nourriture posé devant lui, GuanHeng avait le regard perdu dans le vide pendant qu'il jouait distraitement avec un morceau de carotte. Il ressentait encore la pression des lèvres de YunOh à la limite de sa bouche, sensuelles et divinement tentatrices. Il mourrait d'envie de courir hors de la cafétéria, de demander le nom du fleuriste chez lequel le brun s'était rendu, et d'aller le retrouver là-bas pour, cette fois, lui réclamer un véritable baiser. Ce serait le premier pour le jeune homme mais il voulait que ce soit avec le Coréen et personne d'autre. Sauf qu'il n'en avait pas le courage, il n'avait pas la prestance de son aîné ni un caractère aussi affirmé. Il n'était qu'un apprenti styliste de vingt-trois ans, asocial, timide, et désespérément amoureux d'un homme qu'il connaissait à peine. 

Il laissa retomber ses baguettes parmi ses légumes en geignant, il était perdu et ne savait plus ce qu'il devait faire. Puis ce n'était pas à ses parents qu'il pouvait demander de l'aide, ce serait bien trop gênant puis il connaissait déjà leur réponse. D'un autre côté il sortait tellement peu et était tellement introverti qu'il n'avait pas non plus d'amis vers lesquels il pourrait se tourner pour demander conseil, il était seul et pour la première fois de sa vie il ressentit un manque. 

Les différents éléments de son assiette ne réussirent pas à lui donner faim, celle-ci ayant été coupée dès qu'il s'était aperçut qu'il ne reverrait probablement plus le brunet avant le départ de ce dernier, et il se leva pour aller déposer son plateau sans y avoir touché. Il se lava les mains rapidement, et d'un pas traînant utilisa l'ascenseur pour monter à son atelier. Il n'avait envie de rien, mais avec un peu de chance peut-être que son inspiration reviendrait et occuperait ses pensées. 

Le regard rivé au sol, le jeune créateur balançait son pied dans des poussières que lui seul pouvait voir, extériorisant sa peine et sa colère comme il le pouvait. Il était frustré de ne pas avoir trouvé d'excuse pour que YunOh reste un peu vers lui, même quelques minutes. Au lieu de ça il s'était contenté de le regarder s'éloigner, le visage rougit d'avoir été en contact avec les lèvres du plus vieux. Le noiraud grogna et pressa le pas. Son atelier n'était plus qu'à quelques mètres, là-bas il pourrait évacuer son trop plein d'émotions à l'abri des regards indiscrets. 

Sa fuite vers sa cachette fut brutalement interrompu lorsqu'il percuta violemment un obstacle sur son chemin. Un incident qu'il aurait pu éviter s'il avait regardé devant lui au lieu de maudire le sol. Se préparant à la chute, GuanHeng ferma les yeux en espérant ne pas se faire mal. Pourtant il n'en fut rien. Au contraire, il se retrouva attiré contre une surface chaude et agréable, alors que des bras forts s'enroulaient autour de son corps. Le Chinois ouvrit grand les yeux, reconnaissant immédiatement l'étreinte et le parfum caractéristique de son porteur. 

- Moi aussi je suis très heureux de te revoir, rit la voix masculine. 

Le jeune releva ses orbes sombres vers le visage divin de son sauveur et un sourire heureux étira ses lèvres : il ne s'était pas trompé, YunOh se trouvait bien devant lui. D'un geste incontrôlé il lui rendit son étreinte, l'enserrant de ses bras fins. Le tête enfouit dans la chemise blanche du Coréen, les mots qu'il prononça furent difficilement compréhensibles pour celui-ci.

- J'ai cru que je te reverrai pas... 

- Mais je suis là, rien que pour toi. 

- Tu ne devais pas accompagner ton père chez le fleuriste ? demanda le noiraud en sortant le nez de sa cachette. 

- Si, mais étrangement ma sœur a demandé à ce qu'on fasse des retouches sur sa commande et comme c'est notre dernier jour ici il fallait absolument que je vienne. Je lui en devrai une sur ce coup là, mon père ne m'aurait jamais laissé filer sinon.

The Heirs [HyunDery]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant