End Game

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ENDGAME

« Tous les bonheurs se ressemblent. Mais chaque infortune a sa physionomie particulière. »

Anna Karenine – Léon Tolstoï

Il a fallu que le Titan furieux claque ses doigts, emportant par son Pouvoir, dans un autre Espace, l’Âme et l’Esprit d’un peuple échappant à la Réalité du Temps. Ça fait longtemps que notre pays est en train de disparaître. Par la misère, par la faim, par le feu, par nos attitudes disparates. Aujourd’hui, l’Infinité est là. On en perd bien plus que la moitié.

Ce n’était pas bien de banner les arbres, ces géants verts, forts et prêts à broyer les plus grands monstres de la nature. Merde, on dit plutôt bannir ! Faut croire que je ne suis point un génie milliardaire, playboy et philanthrope. Je ne suis qu’un modeste observateur, à l’oeil de faucon, capable de voir l’araignée qui tisse sa grande toile, la fourmi hargneuse contre la guêpe. Je ne suis qu’un chasseur, longtemps enfermé dans son mutisme, voulant s’échapper de son monde taciturne et lancer la flèche des reproches. Critiquer les détracteurs du géant vert, de notre brousse. Car sans les arbres, ces géants verts, ce n’est plus un pays. Bizarrement, c’est une jungle. Bien dissemblable aux jungles africaines où la panthère noire se ballade en chef, défie les lions, devenant le symbole de pouvoir pour les tribus guerrières. Ces jungles chaudes, où le soldat d’hiver fatigué par le froid, cherche un asile, prêt pour le combat le plus digne de l’histoire. Car il est muni de son bras de fer, laissant envieux et cupide le raton laveur.

C’est le combat des siècles, datant de l’ère d’Ultron. C’est la Guerre des Mondes, des univers parallèles. Aujourd’hui, nous devons créer une meilleure Vision du monde : un monde meilleur où les Misérables, le Bossu, Père riche, Père Pauvre, l’Homme au visage d’ange se retrouvent égaux par le Procès de l’Union. L’union, c’est l’amour. Et on ne badine pas avec l’amour. On aime d’un amour propre, on aime à se sacrifier, prêt à pardonner son frère adoptif. On mérite une seconde chance. L’araignée mérite de tisser à nouveau. Nos fils et nos filles peuvent encore rêver. Je mérite de te faire jouir à nouveau. Ce pays mérite la paix à nouveau. Ce n’est pas si bizarre, les prodiges littéraires sont produits après tant de feuilles froissées.

C’est le combat contre la misère. La guerre contre ces maux qui nous tuent, nous laissent sans mots, ces maux qui dépassent étrangement le docteur dans la magie de sa science. Ces maux qui nous alarment, ces maux comme un signal d’alarme pour la révolte. Dans l’autre monde, il existe des supers hommes, des justiciers, des femmes mystérieuses, des cyborgs, des machines rapides, des tyrans d’eaux prêts à voyager jusqu’à vingt mille lieues sous les mers, rapportant le bonheur et rendant leur Monde bien meilleur. S’il nous faut traverser dans le Monde des ténèbres avec malice, s’il nous faut le pouvoir de la Sorcière Rouge pour faire gronder le tonnerre, nous le ferons. Nous sommes bien plus forts, nous avons vu plus de films, et nos boucliers sont prêts à protéger la veuve noire, marquée au fer rouge et nostalgique de la forêt des géants verts. Notre union fait notre force, et s’ils nous envoient une autre lune, nous allons nous énerver.

Il nous faut un plan d’attaque. Moi j’ai un plan : on attaque. Il faut se lancer. Toute arme est permise. Flèches, javelots, il faut les lancer. Lancez tous ce que vous trouverez, même le marteau. En espérant qu’il revienne. Vous n’aurez pas tort d’essayer. Il existe d’autres mondes qui n’ont pas de super-héros comme vous, capable de défaire la flotte française, trop fière de son empereur et de ses cathédrales. Aujourd’hui, nous avons notre machine de guerre. Notre propre War Machine, prêts à venger notre Terre dans cette guerre que l’ennemi appelle Endgame.

À présent, je ne me sens pas très bien. Peut-être ai-je trop écrit ? Sûrement. Puisque je n’ai pas envie de disparaître. Je veux faire cette guerre avec mes frères. Il n’y a pas d’autre choix. Cette guerre, on va la faire ensemble. Et s’il faut la perdre, ça aussi on le fera ensemble.

Mais je sais qu’on va la gagner. Parce que c’est ce que font les héros. Si on s’y met tous, cela prendra moins de temps. Seulement trois heures et deux minutes.


Yvan Jean Verlaine PIERRE

L'encre de nos entraillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant