Supers [MxM]

7 - L'aimant à ennuis

     Balthazar claqua d'un geste rageur l'agence dans laquelle se trouvait l'entreprise qui louait la boite de nuit dans laquelle il était videur. Il savait que le loyer augmentait régulièrement, et il s'y était préparé, mais là... C'était tombé comme un cheveux dans la soupe. Heureusement que c'était une boite plutôt fréquentée et qu'il faisait une belle marge de bénéfice, mais ça commençait à être dur de terminer la fin du mois en comptant le loyer, la location, les boissons et spiritueux, ainsi que l'entretien et la nourriture proposée au bar. Certes, il n'était que videur, mais il avait été si efficace au cours de ces dernière années qu'il avait à présent un poste fixe, et qu'on lui avait presque laissé géré seul la boite. Au fur et à mesure, il était le seul qui la gérait, malgré certaines décisions venant de son supérieur.

     Il s'était donc rendu en centre-ville Normal pour tenter d'y remédier. Après tout, la boite était au nom d'un Normal, et Balthazar était quasiment sûr qu'avec un Normal en tant que supérieur, l'augmentation du loyer serait immédiatement levé. Ah, le pouvoir des Normaux... Malheureusement, ça n'avait pas suffit. De toute évidence, un établissement fréquenté par des Supers était une excuse suffisante pour augmenter drastiquement le loyer. C'était plutôt clair ; on ne voulait plus d'eux dans le coin.

     Le videur arriva donc dans la grande avenue de l'immense quartier Normal, où de nombreux passants circulaient, où de nombreuses voitures roulaient, et où d'immenses bâtiments se dressaient. Balthazar, bien que familier à tout cela, avait toujours trouvé de l'abus dans la taille de tels édifices, ou alors une recherche d'un manque à combler de la part des Normaux...

     Il eut un rictus déformé par son bec-de-lièvre qui effraya quelques Normaux. Il se ressaisit rapidement et afficha un air neutre sur son visage, retrouvant tout son sérieux de videur. Il s'apprêtait à retourner dans le quartier des Supers, avec comme projet de se jeter dans son canapé pour enchaîner des séries et engloutir des quantités d'alcool pour sombrer dans l'inconscience, avant de se réveiller pour commencer une nuit de travail.

     Malheureusement, l'explosion qu'il entendit le secoua, lui ainsi que toutes les personnes se trouvant à ses côtés. Les Normaux se mirent à hurler et à courir dans le sens opposés, et Balthazar marcha à contre-courant de la foule, remontant lentement jusqu'aux colonnes de fumées. Il ne connaissait que trop bien l'endroit ; c'était l'hôtel de police qui venait d'exploser. Il fronça légèrement les sourcils en vérifiant que toutes les personnes pouvant encore tenir sur leurs deux jambes pouvaient s'échapper de cet endroit, puis il remarqua la voiture de police couchée sur le côté.

     Balthazar s'avança vers elle et pencha la tête à l'intérieur, observant avec stupeur et étonnement un policier qui tentait de se débattre et... Maxence. Il fronça les sourcils. Qu'est-ce qu'il faisait ici, menotté à l'arrière d'une voiture de police ? Il commença à attraper la main du policier, qui était bien heureux de se faire secourir. Mais lorsque Balthazar le souleva sans peine, il y eut un net éclat de peur dans ses yeux lorsque le Super l'extirpa de la voiture, et il marmonna un mince remerciement avant de prendre ses jambes à son cou.

     Balthazar reporta son attention sur Maxence. Il semblait inconscient et du sang s'écoulait de son nez, preuve qu'il avait utilisé son Super un peu trop fort. Ce type était un aimant à ennui. Il soupira, regarda autour de lui, et après avoir vérifié que les secours étaient bien trop occupés avec le bâtiment en flammes, il attrapa la voiture et la remit droite sur la chaussée. Elle retomba dans un grand fracas, et Maxence s'écroula à moitié sur la banquette, toujours sans réaction. Balthazar arracha la portière et la lâcha par terre, sortit Maxence du véhicule et déchira les maillons des menottes. Le videur plaça le corps de l'albinos sur son épaule et il entreprit de se diriger hors du quartier des Normaux.