Supers [MxM]

1 - Argis et turis

     Maxence termina de monter le processeur de l'ordinateur portable sur lequel il était en train de travailler. Dans un soupir d'épuisement, il s'autorisa quelques instants de répit avant de faire léviter la coque de l'ordinateur, les vis et le tournevis et dans un ultime effort, il termina le montage de la machine. Il observa le résultat de son travail sous toutes ses coutures avant de le reposer sur le petit plan de travail.

     Le jeune homme brancha ensuite l'alimentation et alluma l'ordinateur. Un léger sourire se dessina sur son visage lorsque l'écran s'illumina. Avec un soupir de soulagement, il testa certaines fonctionnalités avant de l'éteindre et de le poser avec les autres. D'ici peu, d'autres personnes viendraient prendre les ordinateurs fraichement montés, les empaquèteraient, et ils partiraient dans les magasins.

     Maxence regarda l'heure. Il était presque sept heures, sa journée était sur le point de se terminer et il était donc arrivé à cette douce période de la semaine qu'est le week-end. Il se retourna. Derrière lui se trouvait le bureau de son responsable (un Super) et il lui fit un signe de la main pour lui faire comprendre qu'il avait terminé. Son patron referma le journal qu'il était en train de lire et lui adressa également un signe de la main pour lui indiquer qu'il pouvait partir. Maxence se leva, cacha ses cheveux blancs sous un bonnet en laine beige, mit le manteau que ses voisins lui avait offert et il sortit dans la rue.

     La ville se réveillait peu à peu. Le vent était froid et après avoir réajusté son bonnet une énième fois de façon à cacher la totalité de ses cheveux, Maxence s'engagea dans une petite supérette qui venait d'ouvrir. Mis à part le fait qu'il était albinos, ce « défaut » signait sa nature de Super, et aller dans une supérette destinée aux Normaux n'était pas une bonne idée en temps normal.

     Non pas que tous les Supers étaient albinos, mais il était fréquent que les Supers aient un petit détail physique qui ne passait pas inaperçu au sein de la société. Maxence était albinos, mais son voisin de palier était atteint d'une pelade. Cela ne l'empêchait en revanche pas de tordre de l'acier aussi facilement qu'un Normal tordrait une règle en plastique, ni de travailler du marbre à mains nues. Certains Normaux pouvaient être atteint de maladies ou de déficiences, mais c'était relativement plus rare, et ils portaient des vêtements nettement plus coûteux.

     Maxence fit son possible pour paraître Normal. Il adressa un splendide sourire à la personne située derrière la caisse et il fit le tour des rayons, attrapa rapidement tout ce qu'il lui fallait et se dirigea vers la caisse. Il déposa tout le contenu de son panier et attendit patiemment que l'employé ait scanné tout ses produits et les dépose de l'autre côté du tapis roulant.

« Ça fera un total de vingt-quatre argis et dix-huit turis.

     Maxence sourit avant de s'empresser de donner l'argent au caissier, puis de rapidement ranger les affaires dans son sac. L'employé lui donna la monnaie et il s'empressa de sortir de la boutique. À peine avait-il passé la porte qu'il entendit le responsable de la supérette passer un savon à son caissier pour avoir vendu une part de leur stock à un Super. Maxence pressa le pas pour ne pas se faire rattraper et il retourna rapidement vers son logement.

     En soi, acheter de la marchandise dans une supérette tenue par des Normaux n'était pas un crime, mais c'était mal vu. Mais aussi tellement moins cher... Dans les supérettes, « réservées » aux Supers, il en aurait pour presque le double ! Autant profiter un peu du système qui profitait sans gêne de lui...

— Hey, Maxence !

     L'intéressé se retourna. Voyant qu'il était en zone Super, il se permit d'enlever son bonnet, dégageant sa masse de cheveux blancs par la même occasion. C'était son agréable voisin de deux étages plus bas, un peu plus jeune que lui.

— T'as eu une augmentation ou tu as suivi mes conseils ? demanda-t-il.

     Maxence eut un air gêné.

— Non, je n'ai pas suivit tes conseils, je suis juste allé dans une supérette de Normaux. C'est moins cher là-bas.

— Tu ne devrais pas jouer avec le feu comme ça, c'est pas prudent...

— Parce que te faire baiser par un mec qui pourrait être ton père, c'est moral ?

     Son jeune voisin explosa de rire.

— J'y peux rien si les Normaux payent bien, écoute !

     Maxence secoua sa tête et passa sa main dans les cheveux de son voisin.

— Fait attention à toi, quand même. Tiens, prend ça, je suis sûr que tu as oublié de manger, ajouta-t-il en lui donnant une boite de plat préparé.

— Ooooh, merci Maxou ! répondit joyeusement son jeune voisin en attrapant la boite tendue. »

     Maxence l'observa regagner son appartement joyeusement et il fit de même d'un pas plus las et plus fatigué. Son petit appartement lui paraissait bien chaleureux lorsqu'il entra dedans. Il s'empressa de remettre son bonnet et son manteau sur le crochet au dos de sa porte d'entrée, et il rangea tout ce qu'il venait d'acheter dans ses placards ou dans son petit frigo, avant de refermer d'un coup sec le rideau de sa fenêtre pour se déshabiller et aller prendre une douche. Il croisait juste ses doigts pour que l'eau soit suffisamment chaude pour qu'il s'endorme rapidement après.

     Il ne prit pas la peine de rouvrir le rideau. Maintenant, le jour devait être totalement levé, et il s'enroula dans un plaid en s'échouant sur son canapé convertible, martela la télécommande avec son pied jusqu'à ce qu'elle s'allume et apporta son repas jusqu'à lui, ayant décidément la flemme de se relever pour aller le chercher.

     Il mangea devant les informations du matin, uniquement présentées par des Normaux. De manière globale, toute la presse était tenue, alimentée et écrite par des Normaux. Il ne fallait pas vraiment compter sur les Supers pour passer aux informations, sauf pour mettre en avant une arrestation ou un délit commit.

     Après son repas, il plaça son repas dans la poubelle et éteignit sa télévision en un clin d'œil. L'instant d'après, il avait fermé les yeux et s'était assoupi.

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Bonjour ou bonsoir !

Petit message rapide pour vous informer que j'ai *enfin* retrouvé du travail après cette période de confinement ! *de la moulaga, enfin !*

Mais cela veut également dire que le rythme de publication sera ralenti... Bon, j'espère quand même sortir un ou deux chapitre par semaine, mais ça ne sera pas aussi effervescent que durant ces deux derniers mois !

♥︎

— Nano.