Prologue

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Fuite de Papillon n'aurait pas dû se trouver là. Près de cette rivière. Près de ce territoire boisé qu'elle détestait tant. Mais elle n'avait aucune chance de rendre heureuse sa fille. Dans une autre vie, peut-être aurait-elle put ? Cependant elle vivait sa misérable et malheureuse existante et aucune autre ne s'offrait à elle. Quand son clan saurait, quand il saurait tout ce qu'elle avait fait ... Il fallait mettre son enfant  à l'abri, il fallait la  protéger de la vérité. Coûte que coûte.

- Fuite de Papillon, j'ai froid ! gémit une petite boule de poil blanche entre ses pattes.

La guerrière du vent lapa tendrement son chaton grelottant.

- Il va bientôt arriver, il me l'a promis.

Les paroles de la chatte longilignes étaient plus suppliantes que réconfortantes. Elle savait qu'il était son dernier espoir. Mais elle avait beau scruter de son regard bleu le couvert des arbre aucun bruissement ne venait altérer le silence total de la nuit. Même sa fille retenait son souffle. Sa pauvre petite fille. Elle avaient les yeux bleus givrés et le corps longiligne de sa mère mais son pelage d'ivoire et d'ébène, le chaton l'avait hérité de son père, tout comme que son expression de douceur et le même amour envers Fuite de Papillon. Cette dernière passa de nouveau un coup de langue râpeux dans le pelage duveteux de son enfant. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle se trouvait dans la même situation que sa propre mère. Son cœur se serra. Elle l'avait haïe pour avoir commis cette action impardonnable ; cette haine enflammait encore son cœur. Comment pouvait-on se trouver deux fois dans la même situation en jouant deux rôles différents ? Elle allait abandonner sa fille comme sa mère l'avait délécée ! Fuite de Papillon regarda autour d'elle affolée comme si une autre solution aller apparaitre dans les herbes hautes de la lande, dévoilé par un courant d'air. Cependant ses yeux furent de nouveau attiré par l'éclat blanc du pelage de sa fille.   

- PetiteTemête, chuchota-t-elle à son chaton qui tourna ses grands yeux bleus vers elle, je t'aime. Ne l'oublies pas, surtout pas... (Sa voix se brisa et la jolie guerrière du inspirait plusieurs goulée d'air avant de reprendre contenance). C'est pour toi que je fais ça, c'est pour ton bien, parce que je t'aime. Je t'aime tellement.

Il y avait quelque chose dans sa voix. Comme une supplique. Elle ne voulait pas que sa petite fille l'oublie. Elle ne voulait pas !

- Moi aussi je t'aime, murmura Petite Tempête qui ne l'avait pas quittée des yeux.

S'en était trop pour Fuite de Papillon. Elle ne pouvait pas le faire. Elle s'en était crut capable mais elle ne pouvait pas. Elle saisit Petite Tempête par la peau du cou et fit volte-face. Le code du guerrier interdisait de faire du mal à un chaton. Le code protégerait sa fille des conséquences de ses actes.

- Tu pars déjà ?

Le cœur de Fuite de Papillon fit un bon dans sa poitrine et continua de la marteler longtemps après. Il était là. Peut-être pouvait-elle compter sûr lui pour élever Petite Tempête finalement ? La guerrière du vent se tourna vers celui du Tonnerre.

- Je ... J'ai changé d'avis, Croc Sauvage.

Elle crut voir un éclat rieur passer dans son regard ambré. Ou peut-être n'était-ce pas une illusion. Pourquoi se moquait-il d'elle ? Et de quel droit jugeait-il ses décisions ?

- Ne soit pas stupide, ricana Croc Sauvage, je ne te forcerai pas à l'abandonner - ma compagne à déjà quatre chatons - mais c'est le choix le plus judicieux étant donné les circonstances et tu en étais parfaitement consciente quand tu es venue me trouver, paniquée. Ne laisse pas passer la seule occasion de donner une vie convenable à Petite Tempête plutôt qu'un cauchemar. 

Le cœur de Fuite de Papillon se sera. N'avait-elle jamais était importante pour lui ? Petite Tempête était autant sa fille que la sienne. 

- T'en soucies-tu vraiment ? répliqua la femelle, te soucies-tu vraiment de son bonheur !

- Voyons, crois-tu que le meurtre d'un chef par un de ses propres guerriers est un acte de trahison moins horrible qu'il y a deux jours ?

Bien sûr ! C'était bien son genre de répondre à une question par une autre question. Fuite de Papillon l'aurait fusillé du regard si elle n'avait pas été aussi meurtrie par ses paroles. Aimait-il seulement la faire souffrir ou y avait-il une autre raison au venin qu'il mettait dans chacun de ses mots ? Les épaules de Fuite de Papillon s'affaissèrent quand elle comprit que lui aussi souffrait. Il y avait une expression choqué sur son museau qui ne voulait pas s'effacer. Il aimait sa fille et que Fuite de Papillon ait pu en douter le répugnait. Elle le répugnait. Elle aurait simplement dû se sentir mal que ce chat qui l'avait aimé soit aujourd'hui tant dégoûté d'elle. Cependant la reine n'éprouvait que de la lassitude. Elle était lassée de se battre, lassée de devoir suivre les ordres. Elle en venait presque à regretter de d'avoir rejoint Croc Sauvage, d'avoir mis au monde Petite Tempête. A quel point fallait-il se détestait pour en venir à se dire que son enfant aurait été mieux si elle n'avait pas était sa mère ? Fuite de Papillon releva ses yeux de saphir vers le matou musculeux du clan du Tonnerre. 

- Bien, je te la confit, acquiesça-t-elle d'une toute petite voix, Petite Tempête, va avec Croc Sauvage, d'accord ? Il va t'aider à traverser la rivière.

Elle lança un regard noir au guerrier ennemi, le défiant de ne pas protéger sa fille, tandis que la chaleur de Petite Tempête quittait son giron. Le choc avait laissé place au mépris dans les yeux d'ambre de Croc Sauvage tandis que la féline marchait vers lui sur ses pattes frêle et tremblantes. Fuite de Papillon s'efforça de graver chaque détaille du pelage de sa fille dans sa mémoire comme si s'était la dernière fois qu'elle la voyait car c'était sûrement le cas ... en quelques sortes. Puis elle se détourna, le cœur serré, le souffle court. Tout semblait flou, devant elle le décors tanguait dangereusement et s'était à peine si elle savait encore comment on marchait. Il fallait absolument qu'elle ne regarde pas en arrière, sinon elle n'aurait jamais la force de rester immobile à regarder sa fille partir. Elle crierait sûrement à Croc Sauvage de lui rendre son chaton.

- Fuite de Papillon !

La voix chuintante de Petite Tempête figea la guerrière sur place.

- Reviens, revient me chercher, je suis toute mouillée.

Fuite de Papillon fut secouée par un sanglot muet.

- Rends moi ma fille, souffla-t-elle en continuant résolument à avancer alors que tout son être lui criait de se retourner, rends-moi Petite Tempête. Rends la moi, hurla la guerrière en s'effondrant à terre. Elle se trouvait derrière une colline hors de vue et bien trop loin pour espérer que Croc Sauvage l'ait entendu. 

Petite Tempête appartenait désormais au clan du Tonnerre.




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⏰ Dernière mise à jour : Nov 04, 2020 ⏰

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LGDC || Nuit de Tonnerre ( L'Aurore de la Forêt Sombre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant