Chapitre XII

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HARRY

Rien que de mettre les pieds à Palerme fait remonter des souvenirs. Mon cœur se sert quand je découvre à quel point ma ville a changée en 8 ans. Je n'y ai pas remis les pieds depuis que mon père m'a viré de la maison alors effectivement je n'avais pas vraiment envie de revenir, même pas pour ma mère qui ne s'est jamais interposé entre nous.

Elle pensait que l'argent réglerait tout alors elle me proposait tout le temps des sommes immenses pour me faire rentrer mais ça n'a jamais marché. La dernière fois où je l'ai vu elle, remonte à déjà 4 ans quand elle était venue à Londres pour savoir ce que je devenais et les études que je faisais. Depuis, à part quelques messages pour mon anniversaire et de l'argent versé sur mon compte en banque je n'ai plus aucune nouvelle. Je sais que c'était la volonté de mon père, d'éloigner toute la famille de moi mais ça fait vraiment mal. Il ne voulait pas que son fils homosexuel soit vu par la famille mafieuse. L'homosexualité est interdite par la Cosa Nostra, la bible de Palerme.

Mon père savait très bien que je ne pourrais pas récupérer la gouvernance de la ville après mon coming-out alors il a fait la seule chose qui lui semblait adapté, il m'a viré de chez moi.

"Tu dors de quel côté du lit Harry ? "

C'est Louis qui me demande ça dans notre chambre d'hôtel. J'avais demandé des lits séparés mais finalement nous avons eu un lit double. Nous sommes des adultes, certes on a déjà été ensemble mais on peut bien partager une nuit dans le même lit sans qu'il ne se passe rien. Je relève alors le regard sur Louis avant de tout simplement hausser les épaules. Chez moi je dors la plupart du temps seul alors je prends tout le lit sans me poser de questions.

"Je ne sais pas peu importe Louis, choisis et je prendrais l'autre côté. "

Il me regarde un instant jaugeant mes paroles pour savoir si ce que je dis est valable ou non. Il ouvre le petit sac qui lui sert de valise et il en sort un pantalon de pyjama ainsi qu'un tee-shirt blanc. Tant mieux je n'aurais pas à résister à mes hormones s'il ne montre aucune partie de son corps. Je m'éclipse d'ailleurs de la pièce pour me changer dans la salle de bain quand il commence à se déshabiller.

Un coup d'eau sur mon visage je me regarde dans le miroir. Je fais un point sur mon apparence parce que demain je vais voir ma mère et pour elle le physique est le plus important. Depuis que j'ai coupé mes cheveux je ressemble un peu plus à l'homme que mes parents ont toujours voulu que je sois. C'est moins féminin, ça montre beaucoup moins que je suis gay c'est certain mais ça me rend aussi moins confiant envers mon corps. Je soupire et cligne des yeux pour contenir mes larmes. Demain sera une très longue journée.

Après avoir passé un short et un tee-shirt de pyjama je retourne dans la chambre. Je prends mon chargeur de téléphone pour le mettre sur ma table de nuit et je grimpe dans le lit. J'essaye de ne pas me coller contre Louis et de prendre un espace entre nos deux corps assez raisonnables.

" Du coup... Quand est-ce que tu vas leur dire que tu es de retour chez toi ? "

"Et bien demain je vais, enfin nous allons aller chez moi... Je suppose que l'enterrement sera dans deux jours le temps que toute la famille arrive..."

"Je dois reconnaitre que je ne comprends pas grand-chose. Est-ce que tu es prêt à m'expliquer ou est-ce que je vais le découvrir au fur et à mesure ? Parce que je vais rencontrer ta famille, participer à l'enterrement de ton père et il y a deux jours je ne savais même pas que tu étais italien. "

C'est compliqué de tout balancer comme ça mais maintenant qu'il est à Palerme avec moi j'ai plus vraiment le choix. Je suis sous la couette et lui est simplement assis en tailleur par-dessus, me regardant avec un sourcil haussé.

"Je suis né ici. En fait jusqu'à mes 14 ans j'ai toujours vécu ici avec ma grande famille. Je n'avais pas de frère et sœur, je n'avais pas de cousins ni de cousines donc j'étais un peu pris dans un cercle familial tu vois ? J'étais le fils unique donc on fondait tous les espoirs sur moi, surtout mon grand-père pour qui la mafia c'est toute sa vie... Pour... Je ne sais pas si tu as déjà eu des cours de géopolitique ? "

Il secoue doucement la tête son regard bleu si intense ne me quittant pas.

"La mafia à Palerme fonctionne grâce à la Cosa Nostra... C'est là que sont inscrites les règles pour rentrer dans la mafia, pour gérer son business et pour définir les rôles de chacun. Ce serait comme un règlement dans une entreprise ou comme une constitution dans un pays. A 7 ans on commence à t'inculquer les valeurs de la mafia ça marche par des sous-entendus au début, marie toi avec une italienne de Palerme, déteste les homosexuels..."

La tête de Louis se décompose quand il commence à comprendre un peu plus l'univers dans lequel j'ai évolué. Ce n'est pas commun je l'accorde, vivre dans un milieu où la prostitution et l'assassinat sont des normes peut décontenancer n'importe qui. A 6 ans j'ai appris que la branche de mon père c'était le proxénétisme et qu'il était accessoirement le chef de la plus grosse région de Palerme qui devrait me revenir étant son seul fils. Savoir que ton père exploite des putes pour se payer la maison dans laquelle tu dors est déjà une chose difficile à accepter mais savoir en plus que tu devrais épouser sa vie ensuite en est une autre.

" Je suis son seul enfant, j'étais plutôt parce que je me suis vite rendu compte que j'aimais les garçons. A 13 ans tu sais ton corps commence à changer et tes hormones se réveillent. Tu vois tous tes copains de collège qui sont attirés par des filles et j'ai tout de suite su qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas forcément rond. Je n'avais pas d'érection en regardant ma prof d'espagnol qui était magnifique mais plutôt en voyant les abdos de mon prof de sport... Mon premier baiser c'était un garçon dans un jeu de la bouteille à une boom de collège... J'étais complètement à part de mes camarades alors j'en ai parlé à ma mère. "

Une larme coule sur ma joue et la délicate main de Louis s'avance pour se poser sur la mienne. Il n'y a rien de plus qu'un geste de soutien amical. Il pose même son pouce sur le dos de ma main pour la caresser alors que j'essuie mes larmes d'un revers de la main.

"Je savais que le dire à mon père c'était me jeter au feu alors je voulais discuter avec ma mère d'abord, peut-être que c'était juste une phase... Elle m'a giflé alors je n'ai plus jamais abordé le sujet avec elle ni même essayé avec mon père jusqu'à l'année suivante. Après ma puberté mon père voulait que je perde ma virginité avec une pute. Il m'a bouclé dans une chambre d'hôtel avec une de ses "employée" en espérant que je devienne un homme. "

"Comment un père peut faire ça Harry ? Tu sais que ce n'est pas un crime d'être homosexuel pas vrai ? "

"Je n'ai même pas raconté la partie la plus drôle de l'histoire. Peu après mes 14 ans j'ai annoncé à table que j'avais un petit copain. On était juste tous les trois et mon père a lâché son verre de vin sur le sol. Il s'est effondré en mille morceaux comme mon petit cœur d'adolescent qui comprenait que je me faisais sortir de chez moi parce que j'aimais les garçons. "

Les larmes dévalent le long de mes joues comme la première fois que j'ai raconté cette histoire à Liam. Quand je n'y pense pas je vire tous ces souvenirs dans un coin éloigné de ma tête mais quand je dois raconter tout ça alors ce n'est pas la même chose.

"Je n'avais nulle part où aller... Palerme savait pour ma famille, tout le monde se connaît ici et tu ne restes pas nouveau bien longtemps alors personne n'a voulu m'accueillir. Ma seule solution c'était de prendre l'argent que j'avais de côté et partir le plus loin possible. J'ai pris le premier vol d'Europe. Mes cours d'anglais m'avaient appris le minimum pour survivre alors j'ai fait ce que j'ai pu en débarquant au Royaume-Uni. "

"Tu n'avais que 14 ans ? Comment est-ce que tu as bien pu t'en sortir ? "

"Ma mère a continué à me donner des sous encore aujourd'hui tous les mois elle me verse l'équivalent d'un bon salaire. Un avantage de la mafia, l'opulence et l'argent qui coule à flot... J'ai passé plusieurs semaines dans un hôtel en attendant de me trouver une école puis je me suis mis à fond dans mes études vivant toujours tout seul à l'hôtel. C'était vraiment difficile. "

Il s'approche de moi et me plaque contre son torse. Je me mets à respirer fortement l'odeur de son parfum que j'affectionne tant. Beaucoup trop même parce que mes yeux se ferment, mes larmes séchant sur mes cils. Sa main passe dans mon dos et pour la première fois depuis que nous ne sommes plus ensemble je ne ressens pas de tension sexuelle. Il n'y a pas cette envie de le plaquer contre un lit et de le laisser me faire l'amour. Je prends juste cette tendresse ce soir, c'est la seule chose dont j'ai besoin... Peut-être qu'on est en train de se détacher l'un de l'autre finalement.

"Je ne peux même pas imaginer ce que tu as vécu Harry. Je ne peux même pas imaginer non plus à quel point les prochains jours seront difficiles. Je suis là, pas forcément de la manière que tu veux mais je suis là si t'as besoin de te défouler, de pleurer, de rentrer à la maison parce qu'Harry ici ce n'est plus ta maison. Ce ne le sera plus jamais je crois parce que cet endroit regorge de souvenirs beaucoup trop douloureux pour toi."

Il attrape mon visage entre ses mains et de ses gros pouces rocailleux il essuie les larmes qui perlent sur le coin de mes yeux avec une tendresse infinie. Il est vraiment adorable et ça fait un bien fou de l'avoir avec moi pour ces jours difficiles. Tout doucement il me relâche et viens s'allonger juste à côté de moi sur le matelas, laissant nos épaules se toucher. Sa main remonte pour prendre la mienne et entrelacer nos doigts ensemble.

"Qu'est-ce que c'est le programme pour demain ? On va aller voir ta mère et le reste de ta famille pour leur montrer que tu es de retour ? "

"C'est exactement le programme. Je comprendrais si tu ne voulais pas m'accompagner et que tu préfèrerais visiter les alentours. "

"Quoi ? Bien sûr que non je ne suis pas venu ici pour faire du tourisme Harry, je suis venu là pour te soutenir et pour rester avec toi d'accord ? Tu peux compter sur moi, je ne vais pas te laisser seul avec ta mère. "

Le soulagement peut certainement se lire sur mon visage. C'est vrai j'ai besoin qu'il m'accompagne chez ma mère. Elle va être tellement persuasive voulant me faire rester maintenant que mon père est mort. C'est un peu dingue qu'elle n'ait jamais su se rebeller alors que je savais comme la moitié de Palerme qu'elle avait un autre mec.

Il se tourne vers moi et se mordille légèrement la lèvre.

"Il faudrait que tu dormes il est déjà une heure du matin et ça m'étonnerai que tu veuilles débarquer chez ta mère en fin d'après-midi pas vrai ? Vide-toi la tête et dors parce que tu vas en avoir bien besoin. Je ne bouge pas Harry. "

Mes yeux se ferment presque tout seul de toute manière. J'ai vraiment du mal à rester éveillé même si le stress pour demain bien présent me retourne l'estomac. La journée sera longue. Je n'ai aucune envie de jouer au fils heureux de revoir sa mère même si mon père est mort. Je sais d'avance qu'elle sera à la maison avec son nouveau mec et que toute ma famille ainsi que chaque membre de la mafia seront présent pour s'assurer que l'enterrement de leur chef se passe bien.

Je soupire, remontant un peu plus la couverture pour m'enfermer dans une sorte de protection. Au bout de quelques minutes j'entends les petits ronflements de Louis signe qu'il n'a pas mis beaucoup de temps avant de sombrer lui au moins. Ce ne sera pas la même histoire pour moi, je ne m'endors qu'aux alentours de 3h du matin. Je somnolais jusqu'alors sans trouver le sommeil profond et réparateur, les souvenirs de mon enfance remontant et me filant la nausée.


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C'est Louis qui me réveille vers 10h. Il se redresse dans le lit faisant bouger le matelas et je me frotte les yeux. Quand je les rouvre je le vois consulter son téléphone cherchant sans doute si personne ne s'est inquiété après son départ précipité de la veille. C'est certain qu'aucun de ses amis ne devait être au courant ni même ses parents.

"T'as réussi à dormir Harry ? "

Sa voix est douce pleine de tendresse et de bienveillance. Je vois rien qu'avec le ton qu'il emplois qu'il se fait énormément de soucis pour moi. Mon cœur se sert un peu face à cette marque d'affection. Je suis encore amoureux de Louis alors le fait qu'il soit venu en Italie pour moi et que maintenant il s'assure que j'aille bien ne peut que me faire fondre un peu plus. J'aimerais lui pardonner, lui sauter dessus pour rattraper tout le temps qu'on a perdu mais on a tellement construit de barrière entre nous que je ne suis pas sûr d'en être capable. C'est difficile parce que je veux que ce soit lui qui m'embrasse, qui me fasses des caresses, qui me fasses l'amour mais je ne peux pas et c'est une telle guerre intérieure que je suis à la limite de devenir fou.

"A peine, seulement quelques heures entrecoupées de grosses insomnies mais bon c'est comme ça. Je suis beaucoup plus stressé que fatigué de toute manière. "

Les bras en l'air j'essaye d'étirer et de faire bouger mon corps endolori. Je repousse la couverture de mes jambes dévoilant une érection matinal emprisonné sous mon boxer et mon pantalon de pyjama. Juste le fait de le savoir me donne le rouge aux joues alors qu'en soit à moins que Louis regarde attentivement il ne verra rien.

"Tu devrais passer sous la douche avant qu'on aille déjeuner ça va te faire du bien t'as une sale gueule j'espère que tu as de quoi cacher tes cernes. "

"Je me rappelle soudainement pourquoi je t'ai emmené merci beaucoup Louis de me réconforter, un vrai plaisir. "

On explose tous les deux de rire avant que je ne me lève pour fouiller dans ma valise. Je récupère ma chemise blanche impeccablement repassée parce que j'avais bien pris soin de le faire avant de partir et surtout de faire attention dans l'avion. Je rajoute un boxer tout propre et un slim noir. Ce sont les seuls vêtements normaux que j'ai en dehors de mon costume pour l'enterrement de demain. Je sais pour ma famille qu'il faut au moins faire des efforts vestimentaires.

Je file dans la salle de bain, pose mes vêtements sur le rebord du lavabo avant de me déshabiller et de rentrer sous la douche. L'eau chaude coule sur mon corps et je commence à détendre mes muscles. Je me dépêche pour qu'on n'aille pas trop tard chez mes parents et surtout pour qu'on puisse déjeuner à l'hôtel. Après quelques minutes sous l'eau plus que brûlante je sors de la cabine. La pièce est embuée et mon corps tout rouge. Je frotte ma peau jusqu'à me faire saigné avant de tout doucement enfilé mes habits. Quelques coups sur la porte avant que je ne l'ouvre à Louis. Il s'est habillé pendant que je me lavais et là il se retrouve simplement à mettre du déodorant, du parfum et à se coiffer les cheveux.

"Tu es prêt ? On peut aller déjeuner Harry ? "

"Oui c'est bon j'ai fini. Prends ton portefeuille ou ton sac parce qu'on ne va pas remonter après le petit-déjeuner. La maison de mes parents est à au moins trois quart d'heures d'ici facilement. Elle est enfoncée à l'abri dans la campagne pour ne pas trop se faire repérer. "

Il ressort de la salle de bain pendant que j'arrange mes boucles. Quelques secondes plus tard on sort de notre chambre nos affaires pour la journée dans les poches avant de descendre au niveau de la réception pour déjeuner. Je ne profite même pas franchement du buffet parce que le nœud dans mon estomac ne fait que grandir. Je regarde simplement Louis se faire plaisir avec des viennoiseries, des fruits et du bon jus d'orange frais quand la seule chose qui a réussi à passer c'est un café.

Quand il a fini de manger on se relève et on part du côté des taxis devant l'hôtel. Je monte avant de me faire suivre par Louis. Je regarde le chauffeur et j'essaye soudainement de me remémorer l'adresse de chez mes parents, mon adresse finalement.

"Ci portano in 3 rue de la Maisonneuve a Palermo, nelle montagne del sud. "

Le chauffeur hoche simplement la tête, lançant le compteur alors que Louis se tourne vers moi un peu abasourdi. Moi aussi j'avais oublié mes réflexes d'italien. Je parle encore couramment comme si je vivais ici en même temps c'est ma langue maternelle. Il commence à rire alors je me tourne vers lui en haussant les sourcils.

"Je suis désolé excuse moi je trouve juste qu'on dirait un mauvais remake du parrain avec ton accent italien à la con. "

Mon majeur se relève alors que son rire contagieux me fait à mon tour exploser de rire. Mon accent a dû changer vu que je n'ai pas parlé italien depuis mes 14 ans. Quand j'ai dû faire une deuxième langue pendant mon collège au Royaume-Uni j'ai préféré prendre le français préférant la difficulté plutôt que de reparler cette langue un peu maudite.

Le fou rire passé je pose ma tête contre la vitre pour regarder le chemin. Tout a changé avec les années. Il y a des coins qui à l'époque était vide et qui maintenant sont aménagés à merveilles pour les touristes et les classes moyennes de la ville. C'est assez dingue à quel point une ville peut évoluer en pratiquement 10 ans.

J'ai un peu de mal à reconnaitre le chemin jusqu'à chez moi. Je me rappelai bien qu'on était perdu dans un village pas très loin avec toute notre famille dans des villas aux alentours. Ce dont je ne me souvenais pas c'était la taille de notre maison. Elle ressemble à un château maintenant surtout vu la tête que tire Louis je comprends que ça puisse impressionner.

"C'est là que tu as vécu ? Je ne savais pas que tu étais riche à ce point-là. "

Le chauffeur de taxi nous dépose devant le grand portail et je sors du liquide de mon portefeuille pour le payer, lui donnant un magnifique pourboire pour le remercier et lui faisant bien comprendre d'oublier l'adresse et passer sous sourdine le fait que je sois de retour chez mes parents mafieux.

On descend de la voiture blanche pour se poster devant l'interphone, deux gardes armés sont visibles sur le perron de la maison mais je me décide quand même à sonner. Une voix masculine grave me répond en italien.

"Ciao a che fare onoro? "

"Ciao, Sono Harry. "

J'entends des voix étouffées juste derrière et je n'arrive pas vraiment à distinguer ce qu'il se dit. La porte d'entrée s'ouvre sur une femme brune habillée tout de noir qui s'avance dans le jardin. A la forme de son corps et à la manière qu'elle a de s'approcher de moi je sais que c'est ma mère.

"Prépare toi Louis parce que je te présente ma mère, Anna. "

Il n'a pas le temps de me répondre parce que le portail s'ouvre et nous nous retrouvons plantés juste devant ma génitrice dont le visage est creusé par l'émotion. Elle a encore dû faire un régime parce que son corps frêle nage dans sa robe de deuil. C'est un malaise énorme de la regarder comme ça sans savoir si je dois m'approcher pour lui faire la bise ou bien juste la saluer de loin.

"Harry quello che ho perso..."

"Je suis simplement venu pour les papiers, le notaire m'a appelé après la mort de papa. Ne pense pas une seule seconde que j'ai fait ce chemin pour renouer. Il est parti sans s'excuser et tu n'as jamais rien fait pour lui faire changer d'avis, c'est fini je n'ai plus de parents. "

Je parle en anglais parce que je sais qu'elle comprend très bien cette langue. Pour le business mes parents ont appris la langue de Shakespeare et la parle couramment, elle veut juste ne pas faire d'effort pour mon ami et pour voir si je sais toujours parle italien.

Ses yeux se posent sur Louis. Ramener un inconnu dans la maison d'un patron de mafia n'est pas forcément une bonne chose surtout quand ta mère sait parfaitement que tu aimes les garçons et qu'il y en a un magnifique juste derrière.

"Je te rassure tout de suite ce n'est pas mon petit copain, enfin ce n'est plus, il est juste venu pour me servir de soutien. "

Elle soupire et ouvre le portail pour nous laisser rentrer. Louis me suit, ne décrochant pas un seul mot alors que je regarde les alentours. Les gardes nous laissent pénétrer dans la maison.

"Ta chambre existe toujours Harry. J'y ai simplement entassé les affaires de ton père que tu es susceptible de garder. Tous tes jouets y sont encore avec tes bulletins et tes cours. "

"L'enterrement c'est demain ? "

"C'est demain à 10h. Tu vas venir à la cérémonie et au banquet ? "

"Juste à la cérémonie à l'église et au cimetière mais certainement pas au banquet. Je vais déjà me taper la famille merveilleuse pendant 2 bonnes heures donc je ne vais pas faire d'efforts supplémentaires. Personne ne les mérite sûrement pas papà. "

Louis se racle la gorge dans mon dos. Je sens la tension dans la pièce et c'est sûr que ça ne doit pas être simple pour quelqu'un d'extérieur de venir et de découvrir à quel point cette relation est une merde, surtout pour Louis qui est super proche de sa famille.

"Je vais emmener Louis en haut pour lui faire visiter et pour qu'on commence à faire le tri alors. Tu pourras réaménager la pièce comme bon te semble une fois que je serais rentré à Londres. "

Elle hoche difficilement la tête et regarde les alentours. Je monte les escaliers centraux en marbre pour accéder à l'étage. C'est toujours la même décoration que quand j'étais enfant. En un sens c'est rassurant, rien à vraiment changer ici alors j'ai toujours mes repères. Je sais et j'entends que Louis me suit mais j'ai un peu de mal à lui donner de l'attention. Tout regorge de souvenirs que je veux voir seul.

J'ouvre la porte au fond du couloir à gauche dévoilant ma chambre. L'odeur est restée intacte, c'est l'odeur de ma maison, l'odeur des draps frais, des fleurs que ma mère déposait toujours sur ma commode et je m'aperçois qu'elle a continué.

"C'est ta chambre ? Est-ce que tu veux que je t'attende dehors Harry ? "

"Non viens avec moi s'il te plaît. J'ai besoin que tu m'aides à faire le tri. "

Il s'avance alors dans ma chambre et je m'installe sur le sol pour ouvrir les cartons. L'odeur de mon père me saute dessus me faisant presque sursauté. Cette odeur musquée commence à me faire pleurer mais c'est pire quand je découvre sa montre qu'il ne quittait jamais. Je suis perdu. D'un côté j'aimerais être assez fort pour ne ressentir aucune émotion, pour jeter toutes ces affaires comme il m'a jeté de chez lui mais d'un autre côté mon cœur se tord à l'idée de laisser les affaires de mon père ici sans prendre les choses qui me rappellent qu'il a pu aussi être un père plutôt pas mal au début de ma vie.

Je sors ses bracelets, son alliance, sa montre du carton et je les met de côté. Je crois que je reste très longtemps, beaucoup trop longtemps devant les affaires de mon père parce que la cuisinière arrive dans notre chambre.

"Vuoi mangiare ? "

Je me tourne vers Louis lui demandant ce que la cuisinière vient de faire en italien. Je sais qu'il n'a rien compris.

"Est-ce que tu as faim ? Milli nous demande si tu veux manger quelque chose même juste un sandwich. "

"Je veux bien un sandwich alors, enfin fais-moi la même chose que toi Harry. "

Je me retourne alors vers Milli pour lui demander de nous faire deux sandwichs au jambon cru et de nous apporter deux canettes de soda. On n'a pas spécialement besoin de déjeuner dans la pièce principal, quand j'étais petit je passais mes journées dans ma chambre sans jamais en sortir vu que Milli m'apportais à manger. Ça me permettait d'éviter mes parents et ça faisait un bien fou. Je continue alors de trier les cartons mettant de côté quelques affaires que mon père utilisait toujours pour le travail.


~~~~~~~~~~~~

LOUIS

La cuisinière de la maison arrive avec un plateau. Elle dépose l'assiette devant Harry et baragouine quelques mots en italien avant de quitter précipitamment la pièce. Déjà que je ne comprends pas la langue mais en plus c'est un choc dès que j'entends Harry parler en italien. J'ai vraiment du mal à me dire qu'Harry est un italien, je l'oublie dès qu'il me reparle en anglais.

Il me tend un sandwich que j'attrape après l'avoir remercié. Alors qu'on se souhaite un bon appétit et qu'on commence à croquer dans nos plats je me pose plusieurs questions.

"Tu vas quand même garder les souvenirs de ton père ? J'ai le droit de trouver ça un peu bizarre vu tout ce qu'il t'a fait subir ? Parce que j'aurais dans l'idée de ne rien garder mais plutôt de tout brûlé..."

"Je... Je ne vois pas les choses de cette façon. Je lui en veux encore tu ne peux pas imaginer la haine que j'ai envers lui mais j'ai besoin de garder ses affaires personnelles. Ce sera juste sa montre, sa gourmette et son alliance mais c'est important que je me souvienne aussi de la bonne personne qu'il était... Les souvenirs finissent par disparaitre et je n'ai pas forcément envie de ne me rappeler que du jour où il m'a mis dehors..."

"Mais il t'a fait énormément de mal Haz. "

"Mais c'est l'homme qui m'a conçu et pour autant je ne pourrais pas renier ni ma fortune, ni mon nom, ni même mon patrimoine génétique. "

Il se remet à fouiller dans le carton avant de sortir plusieurs photos. Il me les tend et je regarde un Harry en noir et blanc sur de vieilles photos. C'est même assez impressionnant à quel point ils se ressemblent tous les deux. Je ne pensais pas qu'un enfant pouvait prendre autant d'un parent. On n'est pas censés avoir simplement la moitié du patrimoine génétique de chacun ?

"Quand mes enfants me demanderont qui était leur grand-père je leur dirais. C'était un tyran, un mafieux qui m'a jeté de sa maison alors que je venais de devenir un adolescent. Je leur dirais que je l'ai détesté mais aussi que je l'ai aimé plus que tout pendant les dix premières années de ma vie. "

Je n'aurais jamais eu le courage d'Harry. Alors que je continue mon déjeuner je suis frappé par le calme olympien d'Harry. Certes il juste pris deux bouchées de son sandwich, l'estomac je pense trop noué, mais il n'a rien dit en continuant de trier les cartons de son père. Il n'a pas non plus pleuré alors qu'une odeur masculine hors de la mienne ou la sienne emplit la pièce.

Non en fait le moment où il s'effondre me prend au dépourvu le plus totale. Il est tombé sur des feuilles et des carnets qu'il a lus attentivement. Puis les larmes ont commencé à tomber une par une avant que le flot ne déboule. Je ne l'ai jamais vu pleurer autant. Il fait de l'hyperventilation alors je m'approche pour le prendre dans mes bras. Mes lèvres se posent sur sa tempe.

"Harry doucement... De quoi ils parlaient ces documents ? "

Il me tend le carnet en cuir noir remplie de feuille déchirée puis remise à leur place maladroitement. J'ouvre le cahier avant de tomber sur les premiers mots : "A mon fils unique Harry Styles que j'ai aimé de toutes mes forces tout au long de ma vie. " Je comprends donc que c'est comme un journal intime destiné à Harry.

"Calme toi Harry. Doucement reprend ta respiration j'ai besoin que tu te calmes mon beau. "

Ses yeux larmoyants se relèvent pour plonger dans les miens. J'y vois de l'incompréhension, de la douleur, de la tristesse et de la colère. Un peu précipitamment il ferme les yeux et plaque nos lèvres ensemble. Il ne me laisse pas le temps de régir que sa langue plonge dans ma bouche légèrement ouverte. Je pousse un petit gémissement avant de me relever. Je veux faire stopper ce baiser mais ce n'est pas l'effet escompter. J'ai l'impression que nos corps sont attirés comme des aimants. Chaque fois qu'on se retrouve tous les deux on finit inévitablement par s'embrasser et coucher ensemble.

"J'ai besoin de toi Louis... J'ai besoin que tu me fasses oublier l'univers entier. "

La main dans le creux de ses reins je commence par l'embrasser à nouveau. Alors que j'ai dans l'idée de prendre mon temps il défait ma boucle de ceinture et descend ma braguette. Il abaisse assez mon caleçon pour que ma queue sorte et il commence à se déshabiller lui-même. Il n'enlève pas entièrement son pantalon se contentant de le mettre sous ses fesses maintenant nus. Il m'attrape par la nuque tout doucement.

"Baise moi contre le mur. Fais-moi oublier ma vie minable, fais-moi oublier que je ne t'aurais plus..."

C'est du sexe sale, c'est malsain mais je me contente de ce qu'il m'offre. Je le soulève par les cuisses alors qu'il écarte les fesses pour descendre sur ma queue nue. Ma longueur le pénètre si bien d'un coup sec que je me rappelle que nous avons baisé récemment tous les deux. Il ne voit que moi, je ne baise que lui mais nous ne sommes toujours pas ensemble.

Je pousse plus violemment en lui avant de commencer à le pilonner furieusement. Je ne laisse pas le temps à une quelconque effluve de sentiments. Je ne fais rien qui pourrait s'apparenter à un geste de tendresse ou d'affection, non bien au contraire je le saute violemment, le plaquant contre ce mur comme une vulgaire salope.

Mais il a l'air d'adoré ça vu comme il gémit. Je suis obligé de l'embrasser pour le faire taire parce qu'on est chez lui, on est dans la maison de ses parents.

"Je suis presque là... Encore un peu plus fort s'il te plaît. "

Je soulève ses cuisses pour changer d'angle avant de brusquement taper dans sa prostate. Il hurle et tremble entièrement sous mes coups de bassins. Je n'arrive même pas à lui faire baisser le son quand il vient sur son tee-shirt dans un cri aigu. Ses parois se resserrent tellement et cette position est si incroyable que je viens en lui.

Du sperme coule de ces cuisses. Il est tellement bouleversé par l'enterrement de son père et par le fait d'être en Italie qu'il ne se rend même pas compte que je viens de le prendre sans préservatif et que cette fois je suis allée au bout. Ici au milieu du reste de son enfance et des affaires de son père, je viens de le foutre en cloque.

Un papier jaune attire mon attention. Il a dû tomber quand je le prenais contre le mur. Alors qu'il est inconscient je regarde le papier qui m'étais sûrement destiné et mon cœur se sert. Je serais toujours là pour lui... Encore plus maintenant.

"Crashing, hit a wall right now I need a miracle. Hurry up now, I need a miracle.
Stranded, reaching out, I call your name but you're not around. I need you, I need you, I need you right now, so don't let me down I think I'm losing my mind now. It's in my head, darling I hope that you'll be here, when I need you the most."


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