Chapitre XIII

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LOUIS

Quand il s'est rendu compte de ce qu'il venait de se passer ça a été immédiat. Il a récupéré le peu de dignité qui lui restait après que je l'ai baisé comme une pute et il s'est rhabillé. Ses yeux ont fui les miens même quand il m'a demandé de quitter la propriété. Je ne sais toujours pas si c'est à cause de la honte qu'il ressentait envers lui-même pour avoir céder, et surtout demander, ou alors si c'est parce qu'il me déteste d'avoir profité de son état.

Je n'aurais pas dû c'est certain. Il vient de perdre son père alors il est bouleversé, il ne sait pas ce qu'il veut et il ne me voulait certainement pas surtout de cette façon-là... J'ai jouis en lui, je viens de le mettre enceinte certainement. Je ne sais pas tellement comment son organisme fonctionne, s'il y a des jours d'ovulation ou non mais merde les chances de l'avoir foutu en cloque sont là.

"Tu te barres. Tu quittes mon pays avant que je ne donne l'ordre au premier mec de la mafia que tu croises de t'abattre sur le champ. "

"Arrête ça. "

"T'as profité de moi ! Mon père vient de mourir et tu m'as baisé putain mais tu te rends compte ? Tu n'as même pas de compassion sans compter le fait que tu passes ta vie à me mettre en danger. Je n'ai pas envie d'avoir un enfant, c'est pas le moment alors je te jure que si je suis enceinte de toi je te tue Louis. "

"Tu es entrain de refaire l'histoire-là Harry. Ça ne s'est pas passé comme ça du tout. Tu veux que je te rafraichisse la mémoire ? Tu t'es jeté sur moi, tu m'as supplié de te prendre. Je ne sais pas quelle haine tu as encore contre moi Harry. C'est à cause de l'hermaphrodisme tu m'en veux encore ? Parce que j'ai fait tous les efforts dont j'étais capable pour m'excuser. Je pensais que tu l'avais compris, tu m'as emmené en Italie pour venir à l'enterrement de ton père c'est quand même pas des conneries..."

"Tu dégages Louis on n'a plus rien à se dire. "

Je me redresse alors, fermant ma braguette toujours ouverte depuis notre petit dérapage et je récupère mon téléphone sur le sol ainsi que mon portefeuille, tombé pendant que je le défonçais. Un frisson traverse ma colonne quand je marche jusqu'à la porte de la chambre d'Harry. Je me retourne pour le regarder une dernière fois.

"Tiens-moi au courant si jamais t'es enceinte de moi avant de prendre une quelconque décision. J'ai mon mot à dire dans cette histoire, c'est aussi ma connerie autant que la tienne bien que ce soit ton corps à toi qui le subisse. "

J'ai simplement le droit à un haussement d'épaule qui ne laisse rien présager de bon. Je ne sais pas pourquoi mais je sens qu'Harry va se contenter d'avorter sans même m'en parler. En soit peut-être qu'il a raison, sûrement même mais j'aimerais me dire que s'il est enceint on pourrait réserver un autre accueil à cet enfant.

Je ferme la porte derrière moi et dévale les escaliers en marbre descendant sur le salon. Je ne croise personne dans cette immense maison alors que je sors de la propriété. Je ne comprends pas un mot de ce que me raconte le garde devant la maison et ça doit se voir puisqu'il essaye de baragouiner quelques mots en anglais pour se faire comprendre.

"Taxi ? Taxi pour aller en ville ? "

D'après ce que je comprends il me demande si j'ai besoin d'un taxi pour rejoindre la ville. C'est vrai que je n'avais pas pensé au moyen de rentrer à Palerme pour récupérer mes affaires à l'hôtel mais c'est la meilleure solution. J'hoche la tête lui demandant avec la marque de politesse que j'ai appris quelques heures auparavant quand Harry a demandé les sandwichs à la cuisinière. Je n'ai pas à attendre plus de cinq minutes qu'une voiture banalisé noir arrive devant la propriété. Le garde vient m'ouvrir la portière et très honnêtement ce ne serait pas pour me barrer très loin d'Harry je ne serais pas monter dans cette voiture un peu bizarre pour un taxi.

C'était une idée reçue. Je reconnais que ni la voiture ni le chauffeur ne donnait confiance mais je suis arrivé devant l'hôtel en un seul morceau et sans avoir non plus dépensé une fortune. Je le remercie en anglais en mêlant beaucoup de gestes et je remonte dans la suite de l'hôtel que nous avons louée. En quelques secondes mes affaires sont pliées et je suis prêt à repartir à l'aéroport pour faire le chemin en sens inverse. Ce voyage a été une pure catastrophe et sur toute la ligne, je m'en veux.

Le pire sentiment c'est la solitude quand j'attends mon vol dans le terminal de l'aéroport et quand je suis installé à côté d'un siège vide comme pour bien me rappeler que je n'ai pas remmener l'homme que j'aime et qu'au contraire je l'ai laissé bien enfoncé parmi ses démons les plus sombres en lui créant encore plus d'histoires.

Vers 22 heures je suis devant la porte de mon appartement avec une grosse boule au ventre. Je porte plusieurs coups à la porte parce que j'ai oublié mes clefs avant le voyage. Je n'avais pas prévu de rentrer si tôt dans le week-end alors j'espère vraiment qu'Antoine n'est pas parti chez Marie.

La porte s'ouvre sur un Antoine à moitié à poil la gorge couverte de rouge à lèvres. Là je comprends qu'ils ne sont pas partis parce qu'ils préfèrent baiser dans tout notre putain d'appartement. Je suis énervé mais un sourire passe sur mes lèvres en le voyant dans cet état.

"Je jure que si vous avez baiser dans mon pieu je vous tue. Et croyez-moi je viens de passer quelques heures à Palerme je sais comment ça marche de faire disparaître des corps. "

"Tu tombes bien Tomlinson. Tu trouves ça normal de te barrer sans prévenir personne ? Derek est passé pour s'excuser et on ne savait même pas où tu étais. T'es injoignable et on a même essayé de contacter les potes d'Harry mais lui aussi il a disparu sans que son meilleur ami ne sache où il est. "

Le ton de sa voix et l'engueulade de parent qu'il me fait contraste beaucoup trop avec son apparence. Il me fait presque de la peine parce que je n'arrive pas à rester sérieux face à lui.

"Tu sais que tu n'as aucune crédibilité en agissant comme ça Antoine ? Mec t'es à poil avec une ligne de baiser jusqu'à tes tétons et tu veux me faire la morale ? "

Il hausse les épaules, un petit sourire aux lèvres et il se décale enfin pour me laisser passer dans l'appartement. Marie est allongée dans un plaid sur le canapé un air plus que béat aux lèvres. Je lui fais un rapide signe de main avant de leur laisser de l'intimité, allant dans ma chambre. Je n'aurais pas pensé qu'Antoine me suivrait autant à la trace mais pourtant le voilà bien dans ma chambre, toujours autant à poil.

"Tu ne vas pas t'habiller au juste ? Parce que tu n'es pas mon genre de mec Antoine désolé. "

"Ça va tu ne vois rien d'indécent j'ai mis une serviette autour de la taille. "

Je pose mon sac qui a servi au voyage sur mon lit et je commence à le défaire pour ranger mes affaires et faire une pile avec mes vêtements sales. Antoine pose son cul sur mon lit et récupère une clope qui traîne sur ma table de nuit. Sans permission il se l'allume et commence à la fumer sous mon nez.

"T'étais où ? Tu sais très bien que je ne suis pas le coloc chiant... Fais pas cette tête je suis pas un coloc chiant ! Tu me dis toujours où tu es alors pourquoi tu ne m'as rien dit ? "

"Cinq minutes avant le voyage je ne savais pas que je partais... Je te l'ai dit j'étais à Palerme j'ai accompagné Harry..."

"Attend arrête toi là qu'est-ce que tu foutais avec Harry ? Je croyais que c'était tout terminé entre vous... C'est terminé pour 5 minutes avant que vous ne vous retrouviez ou quoi ? "

J'attrape la cigarette qu'il tient entre les doigts et je tire dessus en m'installant contre la tête de lit juste à côté de mon coloc, qui s'apparente aussi à mon meilleur ami sauf quand il agit comme ma mère. Ouais pas mon père, bien ma mère. Des fois je me demande s'il a bien une queue entre les jambes et si Marie n'est pas lesbienne.

"Son père est mort en début de semaine... Ses parents sont à Palerme, je veux dire ils vivent là-bas parce qu'ils sont tous Italiens et qu'Harry l'est aussi. Il est venu en Angleterre bien après. J'étais allé chez lui pour m'excuser et il a dit qu'il ne savait pas qui emmener avec lui, qu'il avait besoin de soutien tu comprends ? Je ne pouvais pas lui refuser ça, non seulement c'était une porte ouverte pour une seconde chance mais en plus j'allais aider Harry... Alors on est parti il y a 2 jours fin de l'histoire."

La cigarette passe entre nos mains pour que chacun tire dessus à tour de rôle.

"Et du coup t'es de nouveau avec lui ? T'as fait quoi tu lui as écrit un post-it et ça y est vous aviez remis le couvert ? "

Un rire lui échappe alors que ma gorge se noue. Alors c'est comme ça qu'il voit les choses au juste ? Peut-être que c'est comme ça que ça marche, peut-être que c'est aussi pour ça que ça ne marche pas entre nous deux. On espère que des post-it vont nous tenir alors qu'on agit comme deux gros connards. Ce ne sont que deux putains de bout de papier. Ce n'est aucune forme d'engagement, il n'y a pas de bagues, il n'y a pas de promesses. Je ne sais pas comment on a pu être assez con pour croire que ça suffirait à faire tenir un couple alors que je ne connaissais rien de son passé. Il y a deux jours je ne savais même pas qu'il était italien.

"Non j'ai profité de sa faiblesse. Alors qu'il triait les affaires de son père décédé je l'ai pris dans sa chambre d'adolescent et je l'ai mis enceinte parce que j'étais trop pris par l'instant pour penser à mettre un préservatif. "

Le seul son qu'on peut entendre dans la pièce c'est mon coloc qui s'étouffe sur la cigarette qu'il était en train de fumer. La voix encore cassée par la toux il se remet à me parler.

"Mon dieu Louis mais à quoi tu pensais ? Qu'est-ce qu'il va advenir de vous maintenant ? Vous n'êtes même pas ensemble et il va avoir ton gosse ? Tu ne penses pas que c'était la première chose dont il fallait s'inquiéter, de mettre une putain de capote ? Merde tu n'as jamais eu de cours d'éducation sexuelle ? "

"Ta gueule. "

Je reste renfermer sur moi-même, ramenant mes genoux contre ma poitrine avant de me mordiller la lèvre pour que les larmes ne coulent pas. Antoine se redresse comprenant très bien le message et il écrase le mégot dans le cendrier sur mon bureau.

"T'appellera ton frère parce que pendant que tu jouais au parfait connard il est venu s'excuser et prendre de tes nouvelles pour votre sortie de vendredi soir. T'as intérêt à arrêter de jouer au con Louis, aussi bien avec Harry qu'avec Derek et avec tous les gens qui sont autour de toi. "

Je lui intime de dégager de ma chambre pour que je me retrouve dans mon lit tout seul. Je passe plusieurs fois ma main sur mon visage pour essayer de voir où est-ce que j'avais merdé pour la première fois avec Harry. Je pense sincèrement que dès le premier soir j'ai pas eu le bon comportement. J'aurais dû attendre qu'il se réveille pour lui laisser mon numéro ou un truc du genre pas un papier sans aucunes informations pour qu'il me retrouve. C'est idiot mais vu sous d'autres angles notre histoire est vraiment merdique.

Je soupire en tendant le bras pour attraper mon téléphone sur la table de nuit.


De : Louis
A : Derek

Antoine m'a dit que tu étais venu pendant que j'étais en Italie. J'aurais dû prévenir quelqu'un avant de partir mais ça s'est fait à l'improviste je suis un peu désolé... J'aurais aussi dû venir te voir pour m'excuser de mon comportement.


J'attends la réponse, me demandant même si elle va arriver. J'ai merdé avec tout le monde mais surtout avec mon grand frère... Notre soirée du vendredi est tombée à l'eau. Certes ça nous pendait au nez vu qu'il devient assez vieux pour se mettre en ménage avec sa copine et penser à faire des enfants mais je pensais qu'on avait encore quelques semaines devant nous, voir même quelques mois.


De : Derek
A : Louis

Tu foutais quoi en Italie ?


Je mordille ma lèvre inférieure pour réprimer le sourire en coin qui pointe le bout de son nez. C'est mon grand frère dans toute sa splendeur, le même caractère à la con qu'Antoine qui s'inquiète beaucoup trop pour tout ce que je fais.


De : Louis
A : Derek

J'ai accompagné Harry, son père vient de mourir.


De : Derek
A : Louis

T'es où ?


Un dernier coup d'œil à l'heure sur mon portable pour me rendre compte qu'il va vouloir débarquer. Quand on était plus jeune il venait tout le temps me rejoindre à la maison de nos parents en pleine nuit pour qu'on s'éclipse dans le parc en face. Il vivait déjà dans son appartement alors on faisait ça en cas d'extrême urgence comme deux bons potes parce qu'on a toujours été vraiment fusionnels tous les deux.


De : Derek
A : Louis

Descend dans 10 minutes le temps que j'arrive. Enfile un truc chaud on se caille le cul dehors, j'suis parti faire un jogging désolé j'aurais pas pris de douche.


Je me redresse avant de me changer. J'enfile un jogging, une grosse paire de chaussettes rembourrées et des baskets. Je complète le tout par un tee-shirt et un sweat à capuche. Je sors de ma chambre un peu comme un adolescent sur le point de fuguer parce que je ne veux pas voir Antoine. J'arrête de me faire le moindre souci quand j'entends des gémissements sortir de la chambre de mon coloc au bout du couloir. Je ne sais pas combien de fois ils remettent le couvert dans une soirée mais je suis bien content de sortir pour ne pas avoir à savoir ça.

En claquant la porte de l'appartement je m'assure d'avoir un paquet de clope, un briquet et mes clefs. Je prends les escaliers pour rallonger ma descente et me faire penser à autre chose qu'aux retrouvailles avec mon frère et au fait que j'ai laissé Harry tout seul dans sa maison d'enfance, rempli de mon sperme.

Quand j'arrive en bas de mon immeuble je vois un grand brun couvert d'un sweat gris à capuches et fumant une cigarette. C'est mon frère, son smartphone autour du bras dans la pochette pour courir que ma mère lui a offerte. Je le soupçonne de ne jamais la quitter parce qu'il trouve ça bien trop pratique d'avoir son téléphone autour du bras, le tactile accessible. Il redresse rapidement la tête pour me regarder et je me mordille ma lèvre en lui attribuant juste un signe de main timide.

"On va se poser sur les bancs dans le parc ? "

J'hausse les épaules pour lui répondre. Bravo Louis très éloquent. On croirait que j'ai 5 ans et que je suis impressionné par mon grand frère et les copains de mon grand frère c'est assez embarrassant.

On se dépêche de traverser et de pousser le petit portillon du parc en face de chez moi avant de s'installer sur un banc juste en dessous d'un lampadaire. Derek est à peine installer qu'il sort une boîte métallique contenant de quoi se rouler un joint.

"Maman s'est inquiété avant moi. Je te faisais la gueule pour de bon cette fois je ne voulais pas reprendre de tes nouvelles avant un bout de temps. Mais tu la connais et tu me connais. Elle a voulu t'appeler tu n'avais pas donné signe de vie depuis quelques jours et elle tombait sur ta messagerie. J'ai d'abord contacté Antoine je voulais qu'il me donne de tes nouvelles mais il ne savait pas où tu étais alors je suis passé à l'improviste à ton appart. Je pensais que ton cher colocataire te couvrait pour que tu puisses m'ignorer mais ouais tu n'étais carrément pas là et personne ne savait où t'avais bien pu aller. "

"J'étais en Italie désolé... Je suis juste parti 36 heures franchement je ne pensais pas que ça inquièterait tout le monde de cette manière. "

Il coince la cigarette pleine d'herbe entre ses lèvres et relève les yeux sur moi comme si j'avais dit la plus grosse connerie de la décennie.

"Je vais te la poser la question qui me brule les lèvres. Tu foutais quoi en Italie avec ton ex petit copain ? "

Alors que je rassemble mes esprits pour raconter l'histoire en entier il allume le cylindre et commence à tirer dessus laissant échapper une trainée de fumée au-dessus de sa tête. Il me la tend au bout de la deuxième taffe et je m'empresse de tirer dessus.

"Je te l'ai déjà dit. Son père vient de mourir. "

"Et dans tout son répertoire d'ami la seule personne à laquelle il a pensé c'est son ex copain ? Pourquoi au juste ? "

"Non ce n'est pas comme ça... On s'aime encore. Je suis venu m'excuser pour tout ce que je lui ai fait subir et il m'a parlé de son père. Il ne voulait même pas aller à l'enterrement parce que ce n'est pas le genre de famille que tout le monde a... Ce n'est pas comme nous avec les parents on est carrément loin de ça même. Le père d'Harry l'a viré d'Italie quand il a fait son coming-out à ses 14 ans et depuis il n'a plus eu de nouvelles de lui. Les seules fois où il a parlé à sa mère c'était pour réclamer de l'argent pour qu'il puisse survivre un mois de plus en se débrouillant seul. "

Le joint n'a pas le temps de se faire consumer par l'air que Derek le récupère bien vite en main.

"Je ne comprends toujours pas pourquoi c'est toi qu'il a amené. Liam aurait été un choix plus logique c'est son meilleur ami. "

Un soupire passe mes lèvres à l'évocation de Liam. Le voyage s'est mal fini entre moi et Harry mais je crois qu'emmener Liam aurait été une idée encore plus pourrie.

"Tu crois vraiment que je lui ai demandé une dissertation sur les raisons pour lesquelles il m'a pris avec lui en Italie ? Putain mais il était juste vraiment mal alors je me suis dit que je pouvais faire ça pour un ami. "

"Donc t'es de nouveau avec lui ? Parce que la dernière fois tu nous as dit que c'était complètement fini entre toi et ce gars... Pourquoi tu t'accroches je ne t'ai jamais vu aussi accro Louis c'est pas forcément une bonne chose t'es jeune t'as encore du temps. "

"Je crois que c'est un peu trop tard pour ça. Je l'ai baisé sans capote, il va tomber enceinte de moi. "

Il me regarde dans les yeux, le joint coincé par ses dents avant d'exploser de rire faisant tomber le mégot au sol. Il n'arrive pas à s'arrêter alors je croise les bras sur mon torse en soupirant. Sérieusement je sais à quel point ça parait dingue mais je viens de foutre ce gars en cloque et j'aimerais bien un peu de soutien, ou non une engueulade. Je veux qu'on m'engueule ça me déculpabiliserait je crois.

"Super drôle Louis non vraiment elle est où l'embrouille ? "

"Ce n'est pas une embrouille il est hermaphrodite il peut porter des enfants et j'ai oublié de me protéger. Son corps réagit comme celui d'une femme donc..."

Il perd aussitôt son sourire en comprenant que je suis sincèrement dans une merde noire. Son pied écrase le joint au sol et j'aurais pu prendre ça pour une métaphore de ma jeunesse écrasée au sol. Parce que si on décide tous les deux d'avoir cet enfant c'est ce qu'il adviendra.

"Il faut que tu en parles à maman elle va trouver la solution. Elle trouve toujours une solution. "

Un rire m'échappe lui qui a 25 ans me dit qu'il faut que je me tourne vers notre mère. C'est vraiment comique parce que je ne sais pas comment il fera quand il aura mis sa copine en cloque. Puis je me vois mal me tourner vers ma mère pour lui dire que j'ai oublié de me protéger avec mon ex petit copain pour qui j'ai encore des sentiments.

"T'as d'autres conseils à la con ? Sérieux je vais déjà attendre d'avoir la confirmation puis avec Harry on verra ce qu'on fait. "

"On parle de ta jeunesse Louis il n'y a pas vraiment de questions à se poser... Tu dois la vivre à fond sans t'enfermer dans une parentalité non voulue avec quelqu'un qui n'éprouve plus de sentiments amoureux pour toi. "

J'hausse les épaules parce que je n'ai fait aucun choix. C'est assez égoïste de penser simplement à ma jeunesse, celle d'Harry aussi est en jeu. Comment se sentirait-il en sachant qu'il a déjà avorter une fois ? Je sais que les bébés n'étaient pas formés mais psychologiquement ça doit laisser des traces. Je ne veux pas lui imposer l'avortement juste pour me préserver. C'est une sorte de décision à deux même si Harry a un choix majoritaire. C'est son corps qui va être déformés, c'est lui qui va souffrir et qui ne pourra pas s'échapper de cette vie pendant 9 mois.

"On ne se voit pas pour parler de ça... Je voulais m'excuser pour mon comportement chez les parents y a deux semaines. Je n'aurais pas dû te parler comme ça je m'en veux. "

Il me fait un signe de main pour me faire taire. Il secoue la tête avant de s'approcher me prenant contre son torse pour me faire un câlin.

"Louis c'est bon c'est oublié. On s'est fait la gueule pendant 15 jours, je t'en ai voulu puis j'ai eu vraiment peur donc c'est passé. C'est la vie ça sera pas la dernière fois qu'on s'engueule de cette manière on est des frères. "

Un fin sourire se dessine sur mes lèvres. Je n'ai pas tout perdu après ce week-end de folie. Je ramène mes jambes contre mon torse alors que Derek me raconte ce qu'il s'est passé dans sa vie depuis qu'on ne s'est plus parlé et comment il a occupé ses vendredis soir. On reste une bonne partie de la nuit assis dans ce parc à parler juste tous les deux et ça fait un bien fou au moral. C'était ça dont j'avais besoin, avoir mon grand frère de cette manière pas seulement à faire la fête avec lui, ça ne m'apportait rien de me mettre une mine chaque vendredi soir.


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HARRY

La fin de journée et le début de la suivante n'ont pas été facile. J'ai fini très tard de tout trier dans ma chambre. J'ai glissé le journal intime et quelques lettres de mon père dans ma sacoche et j'ai enfiler sa montre. Son alliance est restée dans son écrin, je l'ai rendu à ma mère. C'est à elle que revenait cette bague après tout, son épouse.

Quand j'ai fini de récupérer toutes les affaires que je voulais je suis rentré à l'hôtel et je me suis allongé dans le lit. J'ai passé ma nuit à pleurer parce que les draps sentaient Louis et que moi je me retrouvais seul. Entièrement seul. Enfin pas vraiment, pas pour les prochaines semaines jusqu'à ce qu'on prenne une décision en tout cas.

Je crois que je suis enceinte, enfin je le serais. La première fois avec Gaëtan ça a directement merdé. Il y a des gens qui sont particulièrement fertile. Ma mère l'était, elle tombait enceinte si souvent mais mon père ne voulait pas d'un deuxième enfant. Il avait une telle emprise sur tout le monde qu'elle a avorté à chaque fois.

Aujourd'hui c'est l'enterrement de mon père. La nuit a été tellement courte que je n'ai pas les yeux en face des trous. J'ai eu du mal à boutonner ma chemise mais faire le nœud de cravate relève carrément du défi. C'est assez compliqué de se dire qu'il faut assister à l'inhumation de son père. Pas que je sois attaché à la personne qu'il était loin de là mais ça fait quelque chose. Je serais seul face à sa tombe. Seul avec mon passé et ma famille. Dans la foulée il faudra que je signe les papiers chez le notaire et que je parte définitivement d'Italie. La seule chose pouvant me faire revenir serait peut-être le décès de ma mère.

Je boucle ma valise, range la chambre au maximum avant de passer payer mon séjour et quitter la chambre. Je monte ensuite rapidement dans un taxi pour partir à l'église directement. Je n'ai aucune raison de repasser chez mes parents. J'ai récupérer les dernières affaires qui m'appartenait alors maintenant cette maison c'est juste du passé.
Quand j'arrive l'église est entouré de garde armé. C'est l'enterrement du chef de la mafia il ne faudrait pas qu'il y ait des débordements et des tentatives de meurtre. Tout le monde sera là, tous les membres de ma famille donc l'enjeu est de ta taille si l'on veut commettre un bel assassinat.

Je plisse une dernière fois mon costume en sortant du taxi avant de rentrer dans l'enceinte du bâtiment. Au milieu de l'autel, le cercueil de mon père ouvert est entouré des gens de ma famille qui sanglote. Je m'avance comme pour mémoriser une dernière fois les traits de son visage. Rien a changé. En près de 10 ans il a gardé le même visage marqué par les années et les soucis. Il est allongé dans son dernier lit et il semble si apaisé. On a du mal à croire que ce fut cet homme qui m'a fait tant de mal.

Une main passe sur ma hanche, me prenant par la taille tendrement. A la délicatesse du touché et a l'odeur sucré je sais que c'est ma grand-mère. Je me tourne pour la regarder et lui embrasser le front tout doucement. Ses yeux sont embués de larmes parce que c'est son fils allongé dans le cercueil mais je n'arrive pas à avoir la même peine. Je me demande si je suis normal. C'est de mon père dont on parle et aucune larme ne commence à se former, ni même l'envie de pleurer. Je ne ressens ni colère, ni tristesse, que du vide. Un vide de sentiment constant.

Le prêtre s'avance, nous demandant silencieusement de regagner nos places. Tout doucement je m'installe au fond de l'église. Je ne comprends pas tous ces gens qui se mettent au premier ou second rang alors qu'ils ne le connaissaient pas. C'est idiot, il ne peut plus voir qui fait des efforts pour lui. Il n'y a rien à hériter, même pas un morceau de propriété ou de quartier de Palerme puisque tout me revient. Je vais tout revendre. Ma mère va garder l'usufruit de la maison c'est normal, je ne vais pas la virer de chez elle, mais pour tout le reste je vais demander une contrepartie financière. Le butin s'élèverait à près de 6 millions d'euros. Voilà la seule chose qu'il a réussi, monter un empire et je vais me faire la joie de tout détruire et de ne surtout pas lui succéder. Qu'il se retourne dans sa tombe j'en ai rien à foutre.

Tout le monde est debout en train de chanter à la gloire de mon père et je suis sur mon portable. Je réponds aux textos de mes copains de fac qui proposent des sorties. Ma vie ne va pas s'arrêter parce qu'il a crevé. Au contraire je crois qu'elle va commencer parce que je n'aurais plus aucune peur à avoir. Je n'aurais aucune chance de le croiser dans les rues de Londres, ou de le voir toquer à ma porte un jour parce qu'il aura décidé de régler nos comptes. Non il n'y aura plus rien parce que je n'ai plus de père, mais ça je le savais déjà.

J'ai à peine assister à l'inhumation dans le cimetière. J'ai refusé de jeter de la terre sur son cercueil et je suis parti avec les premiers invités, les membres les plus éloignés de notre cercle familial. Je ne supportais pas de voir ma mère à genoux, implorant un mari qu'elle n'a jamais aimé. Il lui faisait peur, elle ne voulait pas le quitter parce qu'il l'a tuerait. Depuis que je suis né ce n'était plus de l'amour entre eux.

Personne n'a vu que je partais. De toute manière je crois que personne n'avait remarqué que j'étais venu. Un soupire m'échappe quand je prends le bus pour aller chez le notaire. En dix minutes je me retrouve dans son bureau et en vingt minutes je suis face au vieux monsieur.

"Je vais relire le testament... J'aimerais que vous preniez conscience de la fortune et des décisions de votre père de vous faire seul et unique héritier. "

Il se racle la gorge avant de prendre à nouveau le papier entre les mains. L'écriture un peu brouillon de mon père y figure, me désignant comme détenteur d'une fortune colossale.

"Je soussigné Edmond Styles, né le 24 octobre 1960 à Palerme en Italie lègue à mon fils unique Harry Edmond Styles la totalité de mes biens comprenant ma maison à Palerme, ma résidence à Rome, ma villa à Munich, les soldes de mes comptes bancaires et les parts de mon entreprise.

Je lègue également à ma femme, Anna Carolina Cox épouse Styles, l'usufruit de ma résidence à Palerme et de mon compte principal ainsi que mes bijoux.

La part des revenus attribué à mon fils unique au jour de l'écriture du testament s'élève à 5 millions d'euros.
J'ai tellement de choses à me faire pardonner Harry, tu ne peux pas refuser mon argent. Je t'ai aimé toute ma vie et je ne cesserai de m'en vouloir.

Testament effectué en pleine possession de mes moyens et sous le regard du maître Carnan, le 28 avril 2016. Fait en deux exemplaires remis au notaire maître Carnan et mon fils unique Harry Styles. "

Je consulte le papier devant mes yeux parce que moi aussi j'ai mon exemplaire. La gorge nouée je relis les mots que mon père m'a adressé au milieu de ce testament si professionnel. Le notaire me regarde avant de consulter son ordinateur.

"Le patrimoine qui vous est attribué à ce jour après signature du papier et acceptation des dernières volontés de votre père comme l'usufruit de madame Cox, s'élève à 7 192 725, 99 euros. En déduisant les dernières dettes il vous reste 6 730 984 euros. "

Tous ces chiffres me font tourner la tête. Je suis titulaire d'une telle somme par la volonté unique de mon père et par la force de son travail toute sa vie. Ma signature enfin apposée sur tous les papiers me voilà héritier. Mon cœur est lourd quand je plie le papier et que je le glisse dans mon portefeuille. Les mots de mon père resteront les plus beaux qu'il m'ait dit de son vivant. Je dois relire le testament bien une dizaine de fois pendant mon vol retour à Londres si bien que mon papier se retrouve complètement froissé. Je les ai eus mes excuses, le seul regret c'est qu'il fut incapable de me les faire en face et de son vivant.


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LOUIS


De : Harry
A : Louis

"Je suis enceinte et il n'y a aucune chanson pour décrire ça cette fois. "

La seule chose à laquelle je pense c'est au fait qu'Harry porte mon bébé. Le fait qu'on ne soit pas ensemble ou bien qu'on soit beaucoup trop jeune n'a pas vraiment d'importance alors ma réponse est d'une logique implacable. Je le veux. Si Harry le veut aussi, si on est tous les deux prêts à s'entraider je vois pas pourquoi on ne pourrait pas. Oublions ces dictats, oublions le fait qu'un enfant a besoin de deux parents ensemble. Harry n'a pas eu de parents pourtant c'est un merveilleux jeune homme. Peut-être qu'on peut construire une belle histoire, tout ça grâce à un post-it.


De : Louis
A : Harry

Tu devrais le garder.

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