Chapitre XV

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LOUIS

Je suis toujours debout dans ma chambre, les yeux rivés sur Harry. Il s'est endormi depuis une demi-heure me laissant à ma contemplation. Aux alentours de 4h30 du matin je m'assois sur le bord du lit. Je crois que j'appréhende de passer ma nuit dans le même lit qu'Harry parce que je ne suis pas prêt à ce que nos corps se touchent, à me réveiller avec son visage en face du mien et à sentir ses bras s'enrouler autour de ma taille par réflexe comme s'il cherchait son oreiller. Malgré tout ce que je peux prétendre et dire je ne veux pas avoir à affronter une proximité avec Harry à nouveau. Je me sentirais vraiment trop mal. J'ai merdé une fois, il n'a pas voulu me donner de seconde chance alors j'estime qu'on est allé au bout de notre relation.

On va avoir un bébé ensemble maintenant. C'est la priorité qu'il faut avoir en tête parce que plus rien d'autre n'aura d'importance quand notre enfant sera né. La seule chose à faire c'est se tolérer assez pour rendre la vie de cet enfant la plus agréable possible.

Tout est calme autour de moi, Harry ne fait aucun bruit. C'est rare qu'il dorme avec une respiration si silencieuse alors j'ai vérifié plusieurs fois s'il respirait vraiment. Je ne me serais jamais pardonné s'il avait fait un coma éthylique dans mon propre pieu. La main sur son ventre j'ai contrôlé le soulèvement de sa poitrine comme dans mes cours de secourisme. J'en ai profité pour regarder s'il n'avait pas pris de poids, si la forme de son ventre n'avait pas changé. Je sais que c'est trop tôt mais je voulais juste m'en assurer par moi-même. Mais non, rien n'a changé. Son t-shirt un peu relevé laissait toujours apercevoir ses tatouages sur ses hanches. La peau toujours fine, toujours parsemée d'abdos à peine dessinés comme je les aient toujours aimés.

Un soupir franchit mes lèvres quand il passe son pouce sur les siennes cherchant à les ouvrir et à le téter. On dirait un enfant mais je ne devrais pas être attendri face à cette scène. J'enlève rapidement mon jean et mon t-shirt avant de me glisser sous les draps. Il va me falloir un peu de sommeil si je veux être d'attaque demain pour les présentations officielles... Ma mère risque de m'assassiner en voyant Harry au petit déjeuner demain matin. C'est tellement inattendu comme première rencontre mais on fera avec.

Le lendemain c'est Harry qui me réveille. Il est à peine 6h quand il se lève pour aller vomir aux toilettes. Un mélange de gueule de bois et de nausées matinales. Je n'aimerais vraiment pas être à sa place, il doit se sentir vraiment mal et pour la moitié c'est de ma faute. Alors en bon géniteur de son enfant je me relève et je frotte mes yeux. En simple caleçon déformé par mon érection matinal je traverse le couloir. Je reste simplement derrière la porte de la salle de bain en attendant qu'il finisse.

Il a sûrement besoin de rester un peu seul, d'avoir un peu d'intimité. Personnellement sauf cas d'extrême urgence j'ai pas forcément envie que mon ex me voit dégueuler. Puis au bout d'une dizaine de minutes il s'arrête et sort de la pièce. Les cernes sous ses yeux sont vraiment marqués ce matin et ça me renvoi à la tête que je dois avoir avec ma seule heure de sommeil.

"Tu veux bien me prendre dans tes bras un instant ? Je n'ai plus personne qui veut me serrer dans ses bras... C'est juste un instant, pas de questions d'amour, d'amitié ou je ne sais quoi vraiment..."

Je le coupe pour le prendre dans mes bras. Toutes ces explications pour juste me soutirer un câlin ça ne sert à rien. Je lui ai fait l'amour, je l'ai embrassé, je l'ai aimé, je l'ai mis enceinte alors je peux le prendre dans mes bras juste pour prendre soin de lui. Alors on se retrouve tous les deux dans le couloir de la maison de mes parents, perdus dans les bras l'un de l'autre. La maison est si calme, si silencieuse que ça pourrait presque être flippant si ce n'était pas aussi serein.

On doit rester une dizaine de minutes dans les bras l'un de l'autre. Un baiser sur ma joue me fait sourire mais je décide de mettre fin à ce moment de tendresse. Je lui viens en aide mais il ne faut pas oublier que sans ce bébé qui nous lie il n'aurait jamais souhaité me revoir. Je suis encore amer du fait qu'il ne m'ait pas pardonné. J'ai remué ciel et terre, j'ai vraiment fait des efforts à venir avec des fleurs, des post-it sur lesquels je me suis confié mais rien a marché. Alors non je ne veux pas avoir le droit à un traitement de faveur parce qu'il se retrouve enceinte de moi. Il a décidé de ne plus être avec moi, il faut qu'il tienne parce que pour moi c'est définitivement terminé.

"Est-ce que je pourrais manger un peu avant de repartir me coucher ? "

"Bien sûr viens avec moi on va aller dans la cuisine te servir un petit déjeuner. Tu viens de vider ton estomac c'est un peu normal que tu aies faim... T'es sûr d'être de nouveau en forme au moins ? "

Il hoche immédiatement la tête comme s'il savait parfaitement ce qu'il faisait. Peut-être que c'est le cas, après tout c'est son corps qui subit des changements de digestions constants depuis presque deux semaines. Je descends donc dans la cuisine puis je mets la cafetière en route. Harry attrape le paquet de céréales sur le buffet et fouille tous mes placards jusqu'à trouver celui qui abrite les bols.

Je le laisse se servir, versant du lait dans son bol noyant presque ses céréales. Je reste la un peu en dehors de la scène, sirotant tout doucement mon café brûlant.

Après quelques cuillerées de son petit déjeuner il me regarde et fait une petite moue. Je fronce les sourcils alors il ouvre doucement la bouche pour commencer à parler.

"Est ce que tu m'en veux beaucoup pour hier soir ?"

"Quoi ? Ouais j'étais en colère j'ai pas à te dire ce que tu dois faire mais là c'est plus la même histoire. On s'est mis d'accord sur le fait de garder ce bébé alors la moindre des choses c'est que tu en prennes soin, que tu fasses tout ce qui est en ton pouvoir pour le mettre au monde en parfaite santé... Si c'est de trop grosses responsabilités, si tu n'es pas prêt je pourrais le comprendre. Il te reste encore un mois et demi avant de ne plus pouvoir avorter."

Il fait tomber sa cuillère dans son bol de lait avant de secouer vivement la tête. Ses yeux se ferment et sa main se porte automatiquement à son ventre. On n'a pas envie qu'il avorte, on est peut-être un peu con mais s'il y a une chose qu'on a compris c'est que ce bébé on le veut, on l'a voulu dès le début sans vraiment savoir pourquoi.

"Je n'ai pas envie d'avorter Louis. Je vais faire différemment, le médecin m'a donné une sorte de liste des trucs qu'il ne faut pas que je mange donc je vais faire de mon mieux, arrêter l'alcool, arrêter la cigarette ou un peu la réduire au moins..."

"Ce sera la merde mais on va y arriver. Tu sais que si t'as besoin de moi je suis-là, je te l'ai promis. J'essayerai d'être ce qui se rapproche le plus d'un mec pour cette grossesse... Si t'as genre un petit creux bizarre en pleine nuit, une envie de tendresse ou besoin d'aide pour tu sais la chambre où je ne sais pas..."

Il se met à rire, un son que je ne me lasserai jamais d'entendre. Son visage est rayonnant, marqué par les creux de ses joues assez imposant et les petites rides aux coins de ses yeux.

"Ce sera toujours vers toi que je me tournerais en premier Louis, c'est promis. J'essayerai de pas abuser de la situation non plus parce que je suppose qu'en 8 mois tu vas avoir le temps de retrouver quelqu'un donc je serais un peu en retrait."

Retrouver quelqu'un. Pourquoi est-ce que ça ne sonne pas aussi bien que ce à quoi je m'attendais ? J'aimerais me dire que c'est ce que je veux, retrouver quelqu'un, le remplacer, mais rien que de m'entendre prononcer ces mots me donnent la nausée. S'il pense qu'avant la naissance de notre enfant j'aurais trouvé un nouveau mec c'est parce qu'il ne compte plus me retenir. Il va lui aussi être de retour sur le marché et finalement on sera ce genre d'ex qui élèvent un enfant au milieu d'une nouvelle relation.

"Je sais que je ne vais pas trouver maintenant mais j'espère vraiment que ce sera pas trop rédhibitoire pour un gars de sortir avec quelqu'un de mon âge qui a un enfant. Je crois que c'est un des côtés qui me fait le plus flipper. En dehors de la fin de ma jeunesse c'est aussi la fin d'une ère où je ne me préoccupais pas forcément de mes relations. Mais quand on aura ce bébé il lui faudra un environnement stable, je ne pourrais pas baiser des garçons en boîte et espérer un post-it avec leur numéro dessus le lendemain matin."

Il me fait un clin d'œil alors que j'esquisse un sourire crispé. Faire une croix totale sur notre relation alors que quelques semaines auparavant on se voyait régulièrement pour essayer de recoller les morceaux ça fait mal. Si je devais symboliser mon émotion par une fleur que j'offrirais à Harry j'aurais choisi de jolis chrysanthèmes. Des fleurs magnifiques symbolisant pourtant la pire chose de la vie, la mort.

Derrière ses mots gentils où Harry me souhaite en quelque sorte juste de trouver le bonheur rapidement avec un nouveau garçon il sous-entend malheureusement que lui et moi ce n'est que du passé, que notre relation, ex relation, est complètement morte.

"T'as l'air plus préoccupé par tes relations que par le fait que tu devras arrêter les études pendant un petit moment."

Il hausse les épaules avant de boire le restant de lait de son petit-déjeuner. Quand il a terminé il se lève, prend ma tasse vide et dépose le tout dans l'évier. Il attend bien d'être dos à moi pour parler d'une voix douce murmurant très légèrement.

"Je suis tétanisé par la peur Louis. Avant qu'on soit ensemble j'avais peur qu'on m'abandonne comme l'avait fait mon père alors je me suis raccroche à des personnes qui n'en valait pas la peine... Mais maintenant j'ai peur de l'avenir. J'ai peur de me réveiller demain après avoir fait une fausse couche et de ressentir un immense soulagement. J'ai peur d'élever notre enfant seul, chacun de notre côté parce que tu auras refait ta vie et que tu ne m'aideras plus. J'ai peur de perdre tous mes amis, de ne jamais avoir le métier que je voulais... Alors en attendant de voir ce que me réserve la suite il faut bien que je me préoccupe de quelque chose aussi futile que ce soit."

J'hoche difficilement la tête mais je m'avance pour me coller à lui. Mon torse colle son dos, mon bras s'enroulant autour de sa taille et ma tête chutant sur son épaule pour y déposer mon menton. Je regarde par la fenêtre l'extérieur à peine éclairer par les rayons du soleil.

"Pour moi aussi ça chamboule tous mes plans, je ne suis pas prêt, je ne le serais jamais même quand on aura ce bébé mais on fera avec. Parce que j'ai peur moi aussi mais je sais qu'on est tous les deux, qu'on se soutiendra hein ?"

Il se tourne pour me regarder dans les yeux. Il n'a pas le temps de me répondre parce que ma petite sœur arrive dans la cuisine avec son petit ami. Elle est habillée seulement d'une chemise alors je lève les yeux au ciel. C'est certain qu'ils ne s'attendaient pas à tomber sur quelqu'un dans la maison à cette heure-là mais merde un peu de respect pour eux même non ?

"On peut savoir ce que t'essaye de faire jeune fille ? Sérieux vas te rhabiller et plutôt rapidement. Les parents ne sont pas du genre à se lever tard et ils n'aimeraient pas vraiment savoir que leur bébé couche avec son mec sous leur toit. "

Elle me regarde de haut en bas avec un air de dédain comme si je venais de sortir la plus grosse connerie du siècle. Est-ce que c'est idiot de penser que sa sœur de 17 ans doit un minimum se respecter avec les garçons et encore plus dans la maison familiale ou bien je suis à côté de la plaque ? Je sais que je n'ai jamais ramené quelqu'un à la maison mais j'ai quand même le droit de vouloir appliquer certaines règles non ?

Jules en tout cas à l'air de me voir maintenant comme le grand frère abruti qui se prend pour le père de sa copine. Il aurait dû savoir depuis le début que je ne suis pas le plus rigolo de la fratrie. S'ils voulaient s'amuser, parler de cul, raconter ses expériences avec ma sœur et s'amuser avec un membre de la famille il fallait qu'il parle avec Derek, pas avec moi.

"C'est bon Louis tu casses sérieusement les couilles. Est-ce que je te demande pourquoi ton mec enceinte est dans notre cuisine ? Il ne me semble pas alors lâche l'affaire. Toi aussi tu devrais le planquer avant que les parents arrivent parce que papa n'est toujours pas au courant. "

Je tombe des nues parce qu'elle est au courant. Je ne sais pas comment elle a fait pour être mise au courant mais elle a reconnu Harry et m'a rendu les piques que je lui avais envoyés, une par une. Mon angoisse revient rapidement, papa n'est pas au courant. Je voulais lui en parler dans la semaine, déjeuner avec lui et essayer de lui faire comprendre que c'est une bonne idée, que c'est ce que je veux. Mon père ne réagira pas du tout comme ma mère. Il va juste me rappeler que je suis jeune, sans emploi et sans partenaire alors élever un bébé c'est hors de question. Je me tourne brusquement vers Harry qui cligne des yeux, il reste un peu figé devant ma petite sœur et la manière qu'elle a eu de parler de lui. Il ne l'avait jamais rencontré auparavant mais elle a déjà une dent contre lui. Aux bords des larmes il me regarde et murmure à mon égard.

"Je vais prendre une douche..."

Un simple acquiescement et il a disparu. J'espère qu'il sera toujours à la maison quand j'en aurais fini avec ma sœur parce que je veux vraiment présenter Harry à mes parents. Je veux que les gens n'aient plus aucun doute sur mes choix, je veux et je vais assumer ce nouveau rôle pleinement.

"Tu te prends pour qui ? Ça y est t'as baisé avec un gars, tu te sens femme et tu te permets de me donner des leçons de moral ? Qui t'as appris ça, le spécialiste en la matière Derek ? "

"Je ne sais pas vraiment ce que tu as Louis mais papa et maman sont au courant pour Jules, ils savaient qu'il passait la nuit à la maison avec moi. Je pense que tu n'as pas à interférer dans leur éducation, tu devrais te contenter d'en trouver une juste plus à ton goût pour ton mioche si t'es pas content de celle que t'as reçu. "

Elle attrape Jules par la main, une tasse de café dans chaque main et son amoureux adolescent portant un plateau de petits gâteaux pour remonter à l'étage. Je secoue la tête et m'accoude contre le plan de travail. Elle a raison, je sens que ma vie est entrain de m'échapper et je commence à devenir dingue. Je ne serais jamais ce que j'ai rêvé d'être, je ne serais jamais ce que mes parents ont voulu que je sois.

30 secondes plus tard je m'effondre sur mon lit, les pieds en dehors, les mains sous mon oreiller et j'enfouis mon visage dans l'édredon. J'ai envie de fumer, de me démonter la gueule, de me défoncer, de fumer un joint, de la MD, mais j'ai promis. Un simple coup d'œil vers mon bureau et le flash orange collé sur mon mur me rappelle que c'est important, que je ne peux pas craquer ni pour la cigarette ni pour le reste.

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Une main passe dans mes cheveux tout doucement. Le pouce frotte mon front dans une tendresse infini et j'entends un murmure assez lointain. J'ai du mal à revenir à la réalité, je ne m'étais même pas rendu compte que je m'étais endormi alors c'est compliqué d'émerger. Quand j'ouvre enfin un œil je vois ma mère me regarder. Elle ne m'avait pas réveillée comme ça depuis des années.

Je me frotte les yeux avant de me redresser. Elle s'assoit sur le bord du lit et me caresse le genou avec un demi sourire.

"Tu comptais me dire quand que tu ramenais ton petit copain, ex petit copain, enceinte à la maison trésor ? "

Harry. Putain Harry. Je me suis endormi mais Harry était sous la douche. Il a dû descendre à un moment donner et tomber sur mes parents sans même que je ne sois là pour jouer les entremetteurs. Putain de merde c'était pas vraiment ce que je voulais. Je me redresse rapidement et ma mère secoue la tête.

"Ton père n'est pas encore levé, je viens juste de laisser Harry après lui avoir poser des questions. J'allais réveiller papa donc je voulais que tu le sois avant pour être avec Harry et te préparer à tout lui raconter mon cœur. Tu ne peux plus reculer. "

Elle presse une dernière fois sa main sur mon genou avant de se relever. Je la regarde partir puis au bout d'une dizaines de secondes je descends du lit pour aller dans la cuisine. Harry me fait un petit sourire, on dirait qu'il veut me rassurer alors que c'est à lui d'avoir peur. Ma mère a dû le mettre en confiance mais il n'a pas idée de ce que va dire mon père.

"Ta mère est vraiment... Je crois qu'elle veut à tout prix s'impliquer dans la grossesse elle avait l'air plus qu'heureuse d'avoir un petit enfant même si ce n'est pas du fils prévu. Alors ouais ça m'a rassuré de savoir que de ce côté on aurait un soutien à défaut d'avoir mes parents. "

"Les parents de qui ? "

Mon père et son mètre soixante-seize viennent de rentrer dans la cuisine. Ma mère lui a dit de s'habiller parce que je sais qu'il ne dort pas en jean et t-shirt d'habitude. En un sens je remercie ma mère parce que rencontrer Harry en pyjama c'est un peu un malaise. Les yeux bleus foncés de mon père passe de mon visage à celui d'Harry avant de se figer. Il avance sa main pour celle d'Harry avec un sourire pincé.

"On peut parler Louis ? "

Je n'ai pas à répondre parce qu'il commence à partir, à sortir de la maison. J'enfile un manteau pour cacher mon torse nu, ayant juste remis un pantalon de pyjama en me levant à nouveau après le réveil de ma mère.

"C'est qui ce mec au juste ? Non enfaite la question serait plutôt pourquoi un garçon qu'on ne connait pas est dans notre cuisine ? C'est ton petit ami ? "

"Ex, ex petit ami. Il avait nulle part où aller hier soir, il ne sentait vraiment pas bien donc je lui ai proposé de venir passer la nuit ici. Tu m'engueule comme si j'étais un bébé alors que ta fille, ta petite fille ramène son mec à la maison. "

Il hausse les épaules un sourire aux lèvres avant de secouer la tête.

"C'est ta mère qui m'a dit que je devais te parler de ce garçon, elle pensait que tu me cachais quelque chose mais tu fais ce que tu veux avec les personnes que tu veux. Je ne vais pas t'interdire d'inviter quelqu'un chez nous. "

"Il... Il est enceint de moi. "

Son rire se fait strident. Je ne rigole pas du tout et ça le ramène à la réalité. Ce n'est vraiment pas drôle, j'avale difficilement ma salive en regardant mon père dans les yeux. Cet homme que je respecte plus que tout.

"Comment ça enceinte ? S'il y a un problème que je pensais régler avec ton homosexualité c'est bien de ne pas faire des enfants avec n'importe qui. Enfin Louis..."

"Il... Harry n'est pas juste un garçon. Il peut avoir des bébés, ça marche de la même manière que pour une femme enfaite malgré son apparence masculine. Sauf que je ne le savais pas et on a merdé..."

"Et bien si c'est comme pour une femme il n'a qu'à avorter je ne vois pas le problème. Ce n'est pas à moi de t'apprendre ce genre de chose Louis. Vous n'êtes pas ensemble, ce garçon semble très jeune donc tu le fais avorter d'accord ? "

Je me mordille la lèvre avant de secouer la tête. Ce n'est pas ce qui se passera, ça ne va pas être comme ça. Je ne vais pas forcer Harry à avorter juste pour satisfaire mon père. On veut tous les deux ce bébé j'en suis persuadé.

"Non ce n'est pas comme ça que ça va se passer. On va garder cet enfant, on en a parlé et maman est d'accord avec cette décision. "

Il fronce les sourcils avant de lever la main en l'air signe qu'il abandonne complètement. Je ne sais pas s'il abandonne la discussion ou carrément de m'aider mais il ferme les yeux un instant.

"Tu sais quoi Louis ? Je pensais avoir élever un fils responsable mais il semblerait que je me sois bien trompé. Qu'est-ce que j'ai répété pendant toute votre enfance et votre adolescence à Derek et toi avant de savoir que tu étais gay ? Les enfants ont les as quand on est prêt, quand on est posés avec un logement, un travail et la personne qu'on aime. On se protège quand on a une relation sexuelle. Grâce à des femmes qui se sont battus l'avortement est maintenant légal, presque sûr mais surtout remboursés par l'assurance maladie. Et toi tu ne veux pas utiliser tous ses bénéfices ? Au nom de quoi au juste ? "

"Je ne comprends vraiment pas. Tu me parles comme si c'était Béré qui était enceinte. C'est clair qu'à 17 ans c'est un problème mais j'en ai 22 merde. J'aurais pu avoir un bébé de mon plein gré et sans que ce soit un problème pour autant. "

"Tu n'es même pas indépendant financièrement et tu me demande où est le problème ? "

"Je ne vais pas arrêter mes études. Je serais le directeur financier d'une grande entreprise comme tu l'as toujours voulu. "

"Mais Louis si tu as déjà tout prévu pourquoi tu nous informes ? Si tes parents n'ont pas leur mot à dire pour te conseiller qu'est-ce que tu fais encore ici ? "

"C'est ce que je me demande. "

Je rentre dans la maison avant de passer à la salle de bain pour m'habiller correctement. Je vais repartir dans mon appartement étudiant en espérant que le week-end d'Antoine et des parents de Marie soit déjà finis. Je range mon sac de vêtements et d'affaires que j'avais embarqué avant de descendre dans le salon. Harry est déjà prêt à partir je pense qu'il n'attendait que ça.

"Tu viens Harry je te ramène. "

Je passe embrasser la joue de ma mère, la remerciant silencieusement pour ce qu'elle a fait et ce qu'elle fera pour essayer de faire comprendre à mon père que ce n'est pas la fin du monde. Je tire Harry par le bras pour le ramener dans ma voiture. Une fois installé je conduis jusqu'à l'appartement d'Harry. Le silence est lourd mais on ne sait pas quoi se raconter. C'est toute l'ironie de la situation, on va avoir un bébé tous les deux et on perd la parole dès qu'on se retrouve seuls.

"Du coup... On se revoit quand tu as besoin Harry, t'as juste à m'appeler. "

Je me gare devant son immeuble et déverrouille les portes pour qu'il puisse sortir. Il me fait un léger sourire avant de détacher sa ceinture.

"Euh... Je... La dernière fois je n'étais pas sûr que tu voudrais m'accompagner alors je n'ai pas proposé mais depuis on a parlé et... Est-ce que tu voudras m'accompagner pour la prochaine échographie ? Ce n'est pas pour maintenant mais ouais je t'enverrais un message. "

"Bien sûr Harry avec plaisir. "

Un sourire prend place sur son visage alors qu'il me remercie et qu'il part chez lui. Je le regarde partir en souriant moi aussi. On avance autant qu'on recule. Aujourd'hui on a fait un pas de plus mais et si la prochaine fois on reculait de 20 pas ? Si la prochaine on finissait par merder à nouveau et que c'était définitif ?

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C'est samedi soir, soirée du gala de notre faculté. C'est la dernière soirée étudiante de l'année et tout le monde se rejoint portant les plus beaux habits. Je suis avec tous mes copains de fac vêtus de costume avec des cravates. On a déjà vécu ça les années précédentes mais en tant que master c'est doublement plus important qu'on soit présent. Il y a un cocktail avec tous les professeurs et les master 1 et 2 pour nous féliciter d'être arrivé jusque-là.

Après cet évènement assez barbant mais avec champagne à volonté les étudiants de master nous rejoignent dans le bâtiment. Chaque amphi est transformé en salle de danse avec une ambiance différente. Dans l'amphi A une ambiance électro avec un DJ, dans le B un piano avec une ambiance beaucoup plus décontracté, il y a du funk, de la saoul, de l'acoustique, du rock... Les 8 amphis de la faculté contiennent une ambiance différente et c'est assez marrant de danser là où on a normalement nos cours.

On est passé fumer un petit joint pour se détendre avec les copains avant de remonter vers l'ambiance électronique. Je sais que par soutien je ne devrais pas fumer ni boire mais si Harry ne le sait pas ça ne peut pas lui faire de mal. Je reste irréprochable j'ai juste besoin d'un peu d'amusement de temps en temps.

Les garçons se mettent à danser mais Anthony qui est nouveau cette année veut faire un tour des ambiances. C'est vrai que pour nous, notre quatrième gala, il n'y a rien de nouveau alors on préfère rester là où l'ambiance est la meilleur mais c'est barbant.

"Ok quelle ambiance est-ce que tu veux tester ? "

"Hum... Est-ce que c'est un vrai musicien qui joue du piano en directe ? "

Je me mets à rire avant de l'emmener à l'autre bout de la faculté pour aller dans la pièce au piano. Ils ont vraiment fait venir un piano à queue et un mec qui en joue. Je ne sais pas quel est le budget de cette soirée mais il doit être particulièrement élevé. Anthony regarde partout autour de lui avec un petit sourire aux lèvres. Il prend une gorgé de sa coupe de champagne avant de me regarder dans les yeux.

"Alors Louis quoi de neuf dans ta vie depuis les partiels ? "

Je regarde autour de moi maintenant extrêmement gêné par la tournure qu'a prise ma vie en quelques semaines. Qu'est-ce que je peux lui dire pour qu'il ne flippe pas ? Que j'ai rencontré la famille mafieuse de mon ex petit ami puis comme on est vraiment des cons haineux on a baisé sans préservatif. Hyper intelligent pas vrai ? Parce que maintenant il est en cloque.

"Je me suis rendu compte que je n'aurais plus de jeunesse à cause d'une erreur idiote qui me suivrait toute ma vie. J'ai appris qu'il fallait toujours profiter de la vie avant qu'elle ne parte en fumée à cause de choses qu'on avait pas prévues. "

"Et bien... C'est une belle leçon de vie. Je pensais que tu étais resté chez toi à ne rien faire ou bien que tu étais sorti en boîte mais pour être honnête je ne pensais quand même pas que tu avais commis la pire erreur de ta vie... Qu'est-ce que tu as fait de si grave ? "

"J'ai... J'ai mis mon petit ami enceinte. "

Il me regarde sous l'effet de la surprise alors que je m'absente. Tout d'un coup j'étouffe dans la pièce et je sens ma tête se mettre à tourner. J'ai besoin d'air au plus vite, j'ai besoin de me raccrocher au peu de vie qu'il me reste avant la naissance de cette enfant.

Je descends à l'intérieur de la cour et je regarde autour de moi. Il n'y a pas grand monde alors je tombe vite sur lui. Ce n'est pas étonnant vu qu'il est juste à côté de moi et qu'il me dévisage d'un air mauvais. J'aurais dû savoir qu'il serait là, toute la fac est présente et après tout ce n'est pas une grossesse qui l'empêchera de danser avec ses copains.

Il me regarde dans les yeux avec un sourire en coin. Sa cigarette coincée entre ses lèvres je ne comprends pas tellement son geste. Pourquoi est-ce qu'il s'évertue à vouloir faire ce que j'ai interdit pour le bien être de notre enfant ?

"Sérieux Harry on a dit quoi pour la cigarette ? Je sais qu'arrêter c'est dur mais on s'est quand même promis de réduire la consommation... Profites de ma présence pour ne pas fumer au moins non ? "

"Je t'ai entendu parler au mec qui te draguais. Comme si la situation n'était pas assez embarrassante tu dois me casser devant tout le monde. "

Il approche le briquet pour allumer le cylindre et je m'empresse d'attraper le tube et de le mettre au sol avant de l'écraser. S'il veut me foutre en rogne il va réussir.

"Harry. "

"Finalement c'est qu'une promesse sur un post-it. Et si je le déchire ça devient quoi ?"

Il me regarde dans les yeux avec un air de défi. Je ne sais pas s'il pense que je l'en empêcherai mais ça ne sera pas le cas, absolument pas. S'il veut déchirer notre promesse, s'il veut faire n'importe quoi de cette grossesse, de ce bébé, s'il n'est pas prêt à être mature alors non je ne me battrais pas.

"Ça signera une renonciation totale. Si tu déchires ce papier je ne te sauve plus Harry."

Il explose de rire avant de lever les yeux au ciel. Je ne sais pas ce qu'il a mais c'est mauvais. Il fouille dans sa poche de costume pour en sortir son portefeuille. A l'intérieur au milieu de ses billets se cachent notre papier orange. Il l'emmenait de partout...

Il l'attrape avant de ranger son portefeuille. Ses doigts pianotent sur les rebords du papier. Ses yeux verts acides plongés dans les miens, je me sens mal.

"Tu ne m'as jamais sauvé. T'es rentré dans ma vie et t'as tout foutu en l'air, regarde-moi. Je suis enceinte à 19 ans et je ne suis même pas en couple avec le papa. Enfaite tu n'as fait que de pourrir ma vie un peu plus..."

"Alors prouve moi que tu vaux mieux que tout ça, déchire-le."

"Je te rends juste ta liberté chérie, Louis. Je te rends ce que tu désires le plus au monde. Tu n'as plus à t'inquiéter de moi ou de ce bébé, je vais me débrouiller. Je me débrouille toujours depuis que j'ai 14 ans Louis alors vas te faire foutre. "

Et ses doigts sur le papier orange me font penser à ceux sur une gâchette. S'il déchire notre promesse il met fin à nous deux, à notre histoire. Aussi bizarre que cela puisse être c'est tout ce qui nous lis, c'est tout ce qui a fait de nous un couple, des ex et maintenant deux papas.

Alors quand les morceaux orange touchent le sol j'ai juste envie de hurler, de pleurer, de mourir tant la douleur est forte parce que c'est comme si j'avais reçu une balle, mais en plein cœur.



"And he said, there goes my life, there goes my future, my everything. Might as well kiss it all good-bye. There goes my life."



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