Pas de repos pour les héros - Fanfiction Wakfu

Chapitre 19

La première chose qu'Eva vit à son réveil fut un plafond composé de branchages. La première chose qu'elle ressentit fut la chaleur d'une main. La première chose qu'elle entendit fut la respiration calme d'Amalia. La première chose qu'elle sentit fut l'odeur de bois sec. La première chose qu'elle goûta fut l'arrière-goût de ce qu'elle avait dû boire quelques heures auparavant.

- Comment te sens-tu ? Lui demanda une voix qui lui semblait familière

- Bien... enfin, je crois...

Elle se releva avec difficulté, aidée par la jeune Eniripsa qui l'aida à s'adosser contre le mur. La princesse se réveilla l'instant d'après et sauta au cou de son amie. Longtemps, elles restèrent ainsi enlacées. Mercuria dû ordonner à la Sadidette de s'éloigner si elle voulait administrer des soins à sa protégée. Amalia, tenace, resta à proximité de la Crâ et continua de lui tenir la main.

Une fois sa tâche achevée, Mercuria se leva et emmena avec elle Mira ; les deux amies avaient besoin de se dire beaucoup de choses.

- Eva... comment vas-tu ? demanda timidement la princesse

- Je... ça va... je crois...

- Sûre ? Dis-moi la vérité

- Non... ça ne va pas... j'ai mal, pas à cause de mon ventre mais j'ai une douleur dans ma poitrine... je... j'ai beau me dire que c'était la meilleure solution pour cet enfant et moi mais, je... je m'en veux tout de même et... je suis perdue, fatiguée, triste, en colère et pourtant je ressens comme du soulagement.

Des larmes coulaient le long des joues de la Crâ, qui ne fit rien pour se retenir ou les essuyer. Elle ferma simplement les yeux, la main d'Amalia toujours serrée dans la sienne. Juste un instant, elle laissait son armure de guerrière de côté et montrait sa vulnérabilité à celle qui détenait toute sa confiance. Amalia caressait doucement le visage de son amie, et essuyait les larmes qui coulaient, encore et encore.

- Amalia... je... pour ton frère...

- Eva, ce que mon frère a fait est impardonnable. Il reste malgré tout mon frère, mais je ne pourrais plus jamais le regarder de la même façon. Je ferai tout pour qu'il soit puni comme il se doit, car cet acte mérite une sanction ! s'énerva la Sadidette

- Non... je ne veux pas... pas faire d'histoires... juste ne plus le voir, ne plus en entendre parler... être tranquille et m'en remettre... seule...

- Je comprends Eva, mais tu sais, tu n'es pas seule... je suis là, je t'aiderai à t'en sortir. Je te le promets.

- Merci Amalia...

Eva ferma à nouveau les yeux et s'endormit, sa main retomba sur le sol.

- Eva... murmura une dernière fois la princesse

Mira marchait de long en large, ses poings serrés tremblaient de rage. Elle ne voulait pas y croire. Elle ne voulait pas imaginer que son père avait raison, que si elle n'était pas venue au monde, ils seraient ensemble et... heureux. Son père avait donc raison de vouloir sa mort ? Ce n'était pas son père, il ne s'était jamais occupé d'elle, ils n'étaient rien pour l'un comme pour l'autre. Un instant, elle pensa à ces deux visages souriants, ces deux visages souriants qui désiraient sa mort. Sa mort ? Et pourquoi pas la leur ? Ils semblaient tellement tristes... une fois morts, ils pourraient se rejoindre pour toujours et ne plus être séparés par cette histoire idiote d'amour secret. Un sourire se dessina sur le visage de la Sacrisram ; ils n'auraient pas dû tenter de jouer avec les interdits, les dieux voulaient les punir et elle était l'arme qui les puniraient.