Partie 1, Chapitre 10 - Les souvenirs

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Camp de Aragorn, Elrond et Gandalf, quelque part dans la forêt de Mirkwood

POV Tanniel

La douleur...

C'est la première chose que je ressent, au moment où mon esprit se reconnecte à la réalité. Enfin, réalité, c'est un bien grand mot. Je me sens plutôt comme dans un état intermédiaire, une bulle de sons lointains, de visages flous, remplie de coton, le tout bien embrumé.

C'en serait presque confortable si elle n'était pas présente, cette pulsation douloureuse qui me déchire le flan et envoie des des éclairs de souffrance dans presque tout être.

Même coincée dans cette demi-conscience, je peux deviner le tiraillement de la guérison autonome. Les étincelles de magie courent le long de mon corps, à la recherche d'entailles, de coups, et autres dégâts infligés à mon organisme. Et à en juger par la tension qui m'électrifie toute entière, ils sont nombreux.

La maîtrise de ce pouvoir m'a demandé beaucoup d'entrainement. Avant cela, j'avais une nette tendance à projeter mes sorts curatifs partout aux alentours, sauf vers moi. A présent, je ne regrette pas mes longues heures de travail, car mon inconfort actuel n'est rien comparé à la forme olympique qui m'attend.

N'est-ce pas ?

Les minutes s'écoulent et je commence à douter.

Si mes blessures de moindre importances ne se font plus sentir, celle à mon côté se rappelle douloureusement à moi. J'ai tant affiné mon pouvoir au fil des ans que même les lésions les plus graves ne lui résistent pas. Alors pourquoi celle-ci ne guérit-elle pas ?

Je tente de me souvenir des circonstances dans lesquelles elle m'a été faite, je fouille ma mémoire à la recherche d'indications sur sa nature... Sans succès.

Je me force à reprendre pied, je m'extirpe de ma douce catatonie.

Et dans un flash aveuglant, son image surgis : Saroumane.

Sa seule vue me donne envie de vomir. Le paysage qui entoure silhouette se précise, et ma magie interprète la scène plus vite que mon cerveau. Elle analyse instinctivement les sorts lancés par celui que je considérais comme un protecteur et me transmets toutes ses déductions. Enfin, MES déductions, puisque ma magie fait partie de moi. Soudain, le champ autour de lui se précise et... Il n'était pas seul.

Comme un élément déclencheur, cette constatation fait remonter à la surface tous les souvenirs de ces derniers jours, tels des bulles nauséabondes.

Inconsciemment, mon corps réagit à cette explosion inattendue.

Je commence à m'agiter, et la lumière du jour perce à travers mes paupières mi-closes. Le son des voix gagne en puissance, les traits des visages se précisent.

Mais à mesure que je sors de ma torpeur, la douleur, jusqu'ici occultée par toutes les pensées qui tourbillonnent dans mon esprit, pulse à nouveau, de plus en plus fort. Je comprends qu'ils sont en train d'essayer de guérir ma blessure.

J'aimerais leur dire ce qui l'a causée et quel antidote utiliser, mais en tout et pour tout son, un gémissement glisse hors de mes lèvres. J'ai honte. Montrer ma faiblesse m'a toujours répugné, et là, ce n'est même pas par un rugissement fantastique, mais par un faible filet de voix...

Au dessus de moi, les voix résonnent fort. Leurs paroles martèlent mes tempes, y installant un mal de tête lancinant.

« - Elrond ! Elle reprend conscience, s'exclame une voix d'homme, jeune et mélodieuse.

Enfant du Mordor, Enfants MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant