Chapitre III

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Les rayons du soleil font une percée à travers le store partiellement fermé de ma chambre et viennent chatouiller mes paupières encore fermées sous l'effet du sommeil. Je tente d'ouvrir les yeux mais la sensation de brûlure qui se déclare immédiatement me rappelle à l'ordre et ces derniers se ferment par réflexe. Il me faut quelques minutes pour m'habituer à la luminosité agressive de la pièce. Visiblement je n'ai pas repris mes vieilles habitudes puisque je n'ai pas pensé à fermer le rideau métallique de manière à ne laisser entrer la lumière que par les petits trous prévus à cet effet. De cette manière mon réveil est plus doux sans être trop sombre ce qui me ferait entamer un sommeil éternel. Les stores automatiques de mon appartement moderne sont quand même plus pratiques... La campagne a ses inconvénients.

Après plusieurs tentatives infructueuses, je parviens à revenir dans le monde réel et à en apprécier les couleurs. Je dois maintenant trouver la motivation de m'asseoir sur mon lit pour poursuivre ma quête vers mon petit déjeuner, elle semble bien enfouie. Plusieurs minutes de pensées vides, le regard fixé sur le plafond, se sont écoulées lorsque je me décide enfin à poser les pieds sur le sol. La douceur du tapis à poils gris disposé sous mon lit m'apporte une sensation de réconfort qui accroît ma réticence à quitter cette pièce où je me sens si bien.

J'étire mes muscles endormis en lâchant un grognement mêlant bien être et exaspération de devoir subir la torture qu'est l'acte de se réveiller. Les membres de nouveau fonctionnels, je me dirige vers mon armoire et enfile un jogging, par pudeur envers les nombreuses personnes qui squattent cet endroit actuellement. J'attrape mon téléphone et entame mon aventure dans l'hostile monde extérieur. La sensation réconfortante de mon tapis a disparu lorsque je m'avance sur le parquet du couloir de l'étage. Ce dernier est froid et me rappelle combien la vie est dure et remplie de souffrance. Les craquements du bois ont dû avertir les occupants du salon de mon arrivée puisque j'entends une voix familière s'exprimer :

-Ah ! On croyait presque qu'il était mort.

Je me questionne rapidement mais ne prête pas attention à cette exclamation qui m'est pourtant destinée. Je descends d'un pas endormi les escaliers en bois qui me séparent de mon interlocuteur. Leurs formes de colimaçon m'empêche de savoir à qui j'ai affaire. Cette épreuve traversée, je peux maintenant distinguer le visage autoritaire de ma mère qui pointe vers moi en attendant que je prononce mes premiers mots de la journée. Je me serais inquiété à la vue de son regard si je ne la connaissait pas, mais ces yeux là cachent en réalité une moquerie affective qui n'aura pas de conséquence.

Toujours sans réponse à la présence de cette expression, je n'ai pas de quoi répondre à sa réprimande et garde la bouche fermée. Ma tortionnaire le découvre et s'empresse de renchérir sa remarque :

-L'adolescent dans toute sa splendeur! S'exclame-t-elle en passant sa main dans ma chevelure châtain pour la secouer.

-J'ai fait un truc ? Ma question est sincère, j'ignore la raison de cet accueil.

Je continue ma progression vers la table du salon suivi de ma mère, pressé de pouvoir ôter mes pauvres petons du carrelage blanc séparé d'un joint noir entre chaques dalles. Le sol est de plus en plus froid de ma chambre jusqu'au séjour. J'observe la pièce de vie, perplexe. La longue table ovale en chêne foncé est presque vide du monde auquel je m'attendais participer au repas le plus important de la journée. Seul Christian est assis en bout de table à ma droite, me lançant un regard amusé qui est accentué par son sourire à bouche ouverte qui laisse s'échapper un léger ricanement.

-Bien dormi Noah ? Me demande-t-il ironiquement.

-Plutôt bien merci. Répondis-je avec un ton interrogateur.

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