--- Espèce de...
----------------------------------- Espèce de garce d'Irlandaise piaillarde ! grinça-t-il en la secouant rudement. Tu te crois meilleure que moi, hein, avec tes airs de princesse ! Eh ben, tu te trompes: tu es du funier irlandais. Même pas bonne à lécher la boue de mes bottes.
Shemaine eut la nausée en recevant en pleine figure l'halaine du marin, et elle ne put s'empêcher de grimaçer de douleur quand les menottes lui mordirent cruellement les poignets.
Elle avait éprouvé une vive aversion pour Jacob Potts dès le premier regard. Par ordre du capitaine, le quartier des femmes était réservé aux plus fiables des membres de l'équipage, mais Potts n'en avait jamais tenu compte et, avec la pompeuse arrogance d'un sultan visitant son harem, il ne cessait de venir traîner devant leur cellule. Il proposait aux plus jolies de la nourriture volée, de l'eau de pluie et autres douceurs jusqu'a ce que certaines, poussées par le désespoir, cèderent à ses instincts pervers. Leur honte et leur humiliation avaient été partagées par leurs compagnes, car personne ne pouvait ignorer ce à quoi ce gredin forçait ses victimes.
Hormis Morrisa Hatcher qui déployait tous ses charmes pour lui, les femmes n'avaient pas tardé à le fuir. La proostituée l'avait envoûté, pris au piège, au point que c'était Potts qui lui obéissait, désormais, et lui passait tous ses caprices. Jetant toute précaution au vent, Shemaine décida d'asticoter son ennemi.
--- Il suffirait que Mme Fitch apprenne ce que vous avez obtenu en récompense de vos mensonges à mon sujet.. Potts explosa. --- Tu diras rien, ma fille ! Sinon, tu goûteras encore de ça !
Il prit son élan pour la frapper à l'épaule de son point énorme, tellement vite qu'elle ne put l'éviter et recula maladroitement. Mais il n'en avait pas terminé avec elle. Il voulait la voir se traîner à ses genoux. Il glissa un pied sous la chaîne qui entravait ses chevilles et tira de toutes ses forces. Avec un cri indigné, elle se retrouva au sol, sur le dos.
Même si le navire ne se balançait que légèrement le long du quai, Shemaine, étourdie et affaiblie, eut l'impression que le grincement des gréements augmentait avec les rafales de vent, que les vagues soulevaient la coque. Le pont semblait vivant. Les mâts et les espars se brouillèrent devant ses yeux, se mêlèrent au ciel menaçant, et elle fut saisie d'une violente nausée. Craignant de rendre le peu de nourriture qu'elle avait avalé, elle roula sur elle-même et posa son front au creux de son bras, en attendant que le malaise passe.
Le bosco avait terminé son examen des hommes prisonniers à temps pour assister à l'incident. Il s'empara de sa badine avant de se précipiter vers Potts.
--- Suffit, Potts ! Laisse cette fille tranquille ! cria-t-il.
--- Mais, m'sieur, j'essayais juste de me protéger de cette vipère !
--- C'est ça, ricana James Harper. Et le soleil se couche à l'est !
--- J'ai des témoins, se défendit Potts. Du regard, il cherchait le soutien de Morrisa.
--- Je ne veux plus écouter tes mensonges, ni ceux de ta petite lèche-bottes ! gronda Harper qui ponctua ses paroles d'un mouvement de canne dissuassif.
Cette badine, symbole de son autorité, avait souvent fait des merveilles pour stimuler les paresseux. --- Alors, reprit-il, écoute-moi bien, espèce de bon à rien. J'en ai assez de tes simagrées. Si le capitaine ne peut pas vendre cette fille le prix qu'il en attend, tu tâteras de ma canne. Maintenant, aide-la à se relever, et gentiment, sinon tu te retrouveras avec une belle bosse sur la caboche !
De grandes mains se glissèrent sous Shemaine, et celle-ci revint brutalement à la réalité en s'apercevant qu'elles aggripaient ses seins. Avec un juron très peu convenable pour une dame, elle roula sur elle-même et lança violement le pied. Le coup, donné au hasard, atteiignit les parties génitales de Potts qui se plia en deux en hurlant de douleur. Shemaine se releva et se recula prudemment. Quelques femmes lui faisaient signe de les rejoindre près de l'écouille, et elle se glissa parmi elles. Les jambes repliées, la tête sur les genoux, elle se fit aussi invisible que possible.
Potts regarda autour de lui, brûlant de haine et de désir de vengeance. Comme un taureau blessé, il tournait sa grosse tête aux cheveux filasse de tous côtés en essayant de l'apercevoir. Au milieu des robes aux couleurs éteintes des prisonnières, il repéra enfin une tresse rousse qui flottait comme une lumineuse bannière dans la brise. Il plongea dans cette direction avec un grognement de bête.
--- Potts ! cria sèchement James Harper en s'avançant. Si tu touches un cheveu de cette fille, je te fais fouetter au sang !
Le capitaine sortait à cet instant du gaillard d'arrière, précédé de son épouse. Everette Fitch s'arrêta pour observer Potts. Il cherchait des yeux la cible du marin, et aperçut la jeune beauté qui lui avait un jour reproché ce qu'elle et d'autes condamnées considéraient comme une impardonable injustice vis-à-vis d'une de leurs compagnes. Elle était parvenue à l'intéresser à l'affaire, ce jour-là, mais en même temps, involontairement, elle avait allumé son désir.
À partir de ce moment, le capitaine Fith n'avait plus eu qu'une envie: profiter des délices que Shemaine O'Hearn avait à offrir à un homme. Sans l'estomac d'autruche de Gertrude et sa résistance au laudanum qu'il mettait subrepticement dans son vin, la fille serait passée par son lit. La frustation l'avait rendu plus passionné encore, et il s'était promis que, dès l'arrivée au port, il la cacherait dans un abri auquel n'aurait pas accès sa terrible épouse.
Afin de masquer son engouement, cependant, il avait trouvé prudent de seulement atténuer les punitions que sa femme infligeait à Shemaine.
--- Mettez les fers à cet homme, s'il n'obéit pas ! tonna-t-il. Et s'il a fait du mal à la fille, donnez-lui douze coups de fouet pour chacun de ses bleus.
La menace pénétra enfin l'esprit obtus de Potts. Avec un regard meurtrier à Shemaine, il grommela un juron puis déclara:
--- Écoute-moi bien, bouseuse. Que ce soit dans deux semaines ou dans un an, je te ferai payer ça. Crois-moi !
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Voila un long chapitre et jespère quil vous a plu :) ! La suite aujourd'hui vu que je voyage et que jai 4 heures de route pour écrire...
Allez voir aussi mon autre histoire: Il suffit d'une nuit ♥
Et noubliez pas voter et commenter ça fait toujours plaisirs !!
Bisouuu ♥♥
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La rivière de la passion
RomancePour ceux qui aiment les histoires d'amour du 18eme siècle, en voici l'une d'elle. Je ne suis pas l'auteur de cette histoire, je veux simplement partager avec vous l'un de mes livres préférés. L'auteur de ce livre est Kathleen E. Woodiwiss, un li...