Chapitre 1/part 2

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 L'homme se mit à se gratter le crâne tout en accompagnant son geste d'un soufflement d'exaspération qui eu pour effet de me tétaniser un peu plus. Les signes d'impatience qu'il m'envoyait parvenaient à me faire me sentir mal à l'aise face à mon propre manque de réactivité.

« Nous sommes le vingt-deux Mars deux-mille dix. Début de l'interrogatoire, quatorze heures seize...»


Ma vie me paraissait tellement horrible à cette époque. Je ne comprenais pas à quel point chacun des événements, que se soit du plus horrible au plus jouissif, étaient tous des éléments cruciaux. Je voulais repartir en arrière. Quitte à aller jusqu'à empêcher ma propre naissance et ainsi peut être permettre à tout ces gens morts d'avoir encore la vie sauve. Mais malheureusement, on ne peux pas modifier le passé et tout ces événements font dorénavant parti de l'Histoire, à l'échelle de toutes les vies que j'ai pu croiser jusqu'à ce jour bien précis. Il y aura toujours un avant et un après pour veiller sur le présent, se succédant et se nouant. C'est un algorithme parfait. Et croyez-moi, cette boucle infinie aussi régulière et lisse en l'état puisse-t'elle être, n'a rien de beau.

Je n'oublierais sans doute jamais l'expression qu'affichait le commissaire ce jour-ci. Aucune émotion ne franchissait la barrière de son regard. Cela à eu le don de me faire me sentir comme une tâche indésirable sur un drap blanc immaculé : la personne dont on veut se débarrasser d'un revers de la main.

Le genre d'affaire auquel j'exposais le fonctionnaire n'était probablement pas la première qui parvenait sous forme de dossier entre les mains à l'aspect rugueux de mon vis-à-vis. Imaginer mon frère banale me frustrait et me donnait presque envie de cogner tans la situation ne semblait pas l'atteindre. Du moins, c'est ainsi que j'analysais la situation. C'était une réaction impulsive, j'aurais tout simplement pu penser qu'il s'agissait de professionnalisme, que cet homme par choix ne laissait pas le travail le toucher personnellement et c'est une chose que j'aurais pu comprendre avec du recul. J'avais besoin de chaleur humaine. Mais je n'aurais pas dû m'attendre au moindre geste de soutien d'une personne que je ne connais pas et qui ne fait que remplir la mission pour laquelle il a été formé.

Il y avait tout au moins quelque chose qui me fascinait et m'apaisait quelques peu chez ce grand homme froid. Il écrivait avec la plus grande des minutie chacune des réponses que j'apportais à ses questions. Il soignait son travail. J'observais ses mouvements avec attention. Aussi étrange que cela puisse paraître, ces derniers étaient hypnotiques tant ils étaient carrés et précis . Cette accalmie m'avait comme déchargé quelque peu l'esprit et j'avais alors moins de mal à réfléchir. Je me demandais combien de personnes c'étaient assises là ou je me trouvais; s'ils étaient des victimes, des coupables ou des innocents accusés à tord. Je me demandais si un cas identique à ma situation avait déjà été déclaré dans cette même pièce et espérais qu'il n'y en ait plus jamais après mon passage.

« Comment expliquez-vous qu'aucune trace des incidents auxquels vous auriez assisté n'ait été relevée par mes collègues? Est-il seulement envisageable que Min Shin-Gi ait simplement fugué et que votre esprit sous le coup de l'émotion ait scénarisé le reste de l'histoire ? »

-Le coup de feu, je me rappelle qu'après le coup de feu j'ai couru vers le bruit. Je n'ai pas eu le temps de voir l'agresseur, juste mon frère au sol. Je me suis réveillé à l'infirmerie du lycée avec un pansement grotesque autours du crâne. Vous connaissez déjà tout le reste... »

Je marquais une pause et d'une main relevais mes cheveux qui couvraient une large entaille violacée encore en phase de cicatrisation sur le haut de mon front.

« Je pensais sincèrement être devenu fou. Tout semblait tellement irréel. La découverte de cette blessure est loin de m'avoir rassurée et plus le temps avançait et plus je doutais. Cependant, tout le monde n'arrêtais pas de me dire qu'il allait revenir. Que cette blessure qu'ils décrivent comme accidentelle me joue des tours. Mon frère n'est jamais rentré et c'est alors qu'eux aussi ont commencé à douter. Alors j'ai fini par me rendre compte que tout ce cirque n'étais pas une hallucination ou du moins pas totalement.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 24, 2020 ⏰

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