Sauver Alya

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Assise sur la banquette arrière de la Mercedes de Johanna, je laisse mon amie coiffer mes cheveux. Lorsqu'elle a déboulé dans l'appartement tout à l'heure, j'entrais à peine dans la salle de bain. Elle n'a pas cessé de me rappeler que nous allions arriver avec beaucoup de retard à la fête mais ça je m'en fichais un peu. Néanmoins, je me suis vite habillée et ai pris le soin de camoufler mes cernes avant de quitter l'appartement. Tout s'est passé très vite et je n'ai donc pas eu le temps de coiffer mes cheveux. Même si mon moral n'est pas à son plus fort, je ne souhaite pas la vexer. Cette période d'examen nous a respectivement permis de mettre de côté ce petit froid entre nous. Nos rapports sont quasiment redevenus normaux si je peux me permettre ce terme. Elle a cessé de traîner avec la vice-présidente et nous n'avons plus abordé le sujet de l'accident d'Eleanor Knightley. En mon fort intérieur, je sais que je finirai par revenir dessus. Mais pour le moment, je préfère apaiser mon esprit.

Par ailleurs, je ne lui ai pas parlé de l'épisode avec Ezra dans le laboratoire, ni du fait que Vicenzo soit passé me voir avant elle. J'évite au maximum de mentionner leurs prénoms lorsque je converse avec elle, question de nous épargner un autre froid.

- Tu sais quoi ? Je vais les laisser comme ça, déclare Johanna lasse de batailler avec mon dense volume capillaire.

Il se sont considérablement allongés et atteignent désormais mes omoplates malgré toutes leurs boucles. Johanna me passe du brillant à lèvre que j'attrape nonchalamment. Quelques secondes s'écoulent sans que je ne l'utilise, et elle finit par me prendre le tube des mains pour enfin l'appliquer sur mes mes lèvres. Elle réexamine une dernière fois son chef d'œuvre avant de m'adresser un sourire satisfait. Pendant ce temps, je ne cesse de chercher une raison valable de rebrousser immédiatement chemin. J'ai longtemps hésité sur le fait de rester chez moi après la visite de Vicenzo. Mais au final, je me retrouve assise sur la banquette arrière d'une voiture en direction de la résidence de Kit Wesley.

Une fois de plus, ma curiosité l'a emporté sur mon état mental. Je n'ai pas pu me refuser cette opportunité, beaucoup trop animée par ce courage quelques fois douloureux. J'aurais pu rester sur mon canapé, à continuer à m'interroger sur la nature de ma relation avec ces deux garçons. J'aurais pu continuer à me gaver de nourriture jusqu'à l'endormissement. Mais non, il faut absolument que je déniche des informations ce soir. Alors je me retrouve une seconde fois là, pas vraiment en forme intérieurement et pourtant bien loin de chez moi.

Mon entrevue avec Vicenzo ne cesse de hanter mon esprit. J'ai beau discuter avec Johanna qui est plutôt enjouée à l'idée de décompresser après cette rude semaine, ma peine reste non soulagée. Je dois discuter avec lui, je le sens. Mais de quoi allons nous parler ? Que pourrais-je bien lui dire ? « Lorsque je t'aperçois, mon cœur s'emballe et je suis mortifiée de peur ? » ou bien "Tu me rappelles sans cesse l'assassin de mon père mais je n'arrive pas à me séparer de toi ?" J'essaie sans cesse de faire le vide dans ma tête mais rien ne fonctionne : les deux garçons ne cessent de tourmenter mon esprit. Vicenzo sera-t-il encore à la fête ? Tout à l'heure il me semblait s'y rendre. S'il se trouve bien chez Kit Wesley, devrais-je lui parler ? Ou alors serais-ce préférable d'attendre ? Acceptera-t-il de me parler si nous nous rencontrons ? Oserais-je sincèrement lui adresser la parole ?Tellement de question et si peu de réponses.

- Quelque chose ne va pas Alya ?

- Moi ? Non tout va bien. Je pense avoir trop mangé par contre, feignis-je.

Il n'est pas question qu'elle découvre dans quel état je me trouve intérieurement. Une fois de plus, je dois lui mentir.

- C'est bien une première ça ! Alya qui déclare avoir trop mangé! s'exclame-t-elle faussement étonnée.

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