Le camping

Chapitre 1

Demain, c'est enfin les vacances après sept semaines de cours ! La 1ère, ce n'est vraiment pas facile. J'ai vraiment hâte de sortir d'ici. C'est épuisant ! Apprendre, aprendre et toujours apprendre... Heureusementque j'ai mes meilleurs amis avec moi ! Maman doit venir me chercher dans une heure pour me raccompagner et je sens mon coeur se serrer à cette pensée.

A l'âge de 13 ans, j'étais partie en voiture avec papa et ma soeur jumelle Mégane (qu'on surnommait tous Meg à la maison) pour aller dans un restaurant en bord de mer, sur l'île d'Oléron. Je me suis assise à l'arrièreet Meg s'est installée sur le siège passager. Je regardais par la fenêtre le paysage défiler tandis que Meg bavardait avec papa. Cependant, nous ne sommes jamais arrivés. J'ai demandé à papa de me prêter son téléphone pour que je puisse écouter de la musique. Au début, il a refusé mais j'ai continué à insister en lui disant que 5 secondes sans regarder la route, ce n'était pas très grave. Il a fini par céder et a regardé dans ses poches pour le trouver, ce qui fit que la voiture dévia un peu trop sur la voie d'à côté. Il cherchait encore quand Meg lui cria de faire attention. Il regarda devant et nous vîmes un grand camion nous foncer dessus. Papa braqua pour revenir sur notre voie mais c'était déjà trop tard. Le camion nous percuta de plein fouet et ensuite, ce fut le trou noir. Je me suis réveillée sur un lit d'hôpital quelque heures plus tard. Un médecin vint me voir, prit ma température et, sur un ton qui se voulait détaché, m'annonça :

-- Leslie, je suis désolé mais... Ni ta soeur ni ton père n'ont survécu à l'accident. Toutes mes condoléances.

Je suis sortie de l'hôpital trois jours plus tard. Maman était dévastée, quant à oi, je n'ai pas réussi à sortir de chez moi durant des jours. La culpabilité que je ressentais m'en empêchait. Je n'arrivais plus à dormir à cause des cauchemars qui me hantaient et comme si ce n'était pas assez, j'ai commencer à avoir des crises. L'enterrement s'est déroulé deux semaines plus tard, ce qui m'a obligée à sortir. Le froid m'a saisi. Ma tête tournait si fort que je me suis demandé si j'allais m'évanouir. Maman dut le voir car elle a mis sa main sur mon épaule et m'a demandé d'une voix inquiète :

-- Tu crois que ça va aller ?

-- Euh... Oui, je pense.

Je n'étais pas plus rassurée quand je suis montée dans la voiture. Je me rappelle m'être assise sur le siège avant. "La où était Meg" m'étais-je dis. J'ai fermé les yeux et j'ai essayé de me convaincre que tout allait ben se passer. Maman me regardais d'un regard rassurant, mais ça ne marchait pas avec moi, ça n'a jamais marché. J'ai toujours clairement ressenti les vraies émotionsque les gens avaient. Fureur, tristesse, joie, tout. On a roulé 30 minutes, peut-être une heure, je ne sais pas. Je ne faisais attention qu'à la musique qui sortait de la radio. Quand "Tears of gold" de Faouzia est passé, maman a arrêté la radio car nous étions arrivées. Je suis sortie de la voiture tremblante et les jambes engourdies. j'ai regardé autour de moiet j'ai vu un groupe de personnes que je ne connaissais pas. Tous des hommes. J'ai détourné le regard et je me suis dirigée vers l'endroit que je redoutais le plus. Les tombes. Je me suis rapprochée doucement jusqu'à pouvoir les toucher, mais je ne le fis pas. J'ai sentis les larmes couler sur mes joues en pensant que tout ça était ma faute.

L'enterrement a duré pas mal de temps. A la fin, je me sentais étrangement mieux. Comme si j'avais compris que ce n'était pas ma faute, du moins pas totalement. Avec maman, on est remonté dans la voiture. On a démarré puis pris la route pour retourner chez nous. Mman avait l'air plus décontractée. Plus tard - une fois rentrées - on est allé dans nos chambres respectives pour nous changer. Depuis le jour de l'accident, j'ai vraiment peur des trajets en voitures, même si ça s'est beaucoup atténué après l'enterrement.