En me promenant dans le parc ce matin, je ne pensais pas que Wolfie y trouverait une porte. Comme d'habitude, j'avais emporté sa vieille balle de tennis pour qu'elle puisse se défouler. Pourtant, aujourd'hui, elle semblait ne pas avoir envie de jouer. Elle grognait sur tous les passants, elle se collait à mon mollet avec la queue recourbée entre ses jambes et regardait les arbres comme s'ils allaient nous dévorer. À voir son comportement, j'avais même envisagé de faire demi-tour, mais elle n'avait toujours pas fait ses besoins et je n'avais aucune envie de récurer la moquette en rentrant du travail.
– Allez Wolfie, fait pipi, l'ai-je encouragé en la traînant vers les hautes herbes.
Pff ! ai-je entendu derrière moi. Je me suis retournée et je n'ai vu personne. J'ai haussé les épaules en me disant que j'avais dû rêver, mais Wolfie a commencé à aboyer méchamment dans la même direction. Elle s'est mise à tirer sur sa laisse. Elle m'a emmené vers le vieux chêne. Les poils hérissés, elle a sauté derrière pour attaquer. La laisse m'a filé entre les doigts. Je n'ai pas pu la retenir.
Tout en frottant ma paume brûlée par le cuir, j'ai poursuivi ma chienne en lui ordonnant de lâcher sa proie. J'ai contourné l'arbre et je me suis figée.
Soudainement, je n'étais plus dans le parc, mais au milieu d'un champ gigantesque. Face à moi, une porte d'or flottait à vingt centimètres du sol. J'en ai fait le tour. J'ai passé la main en dessous. Je ne comprenais pas comment c'était possible. D'ailleurs, où était Wolfie ? J'ai regardé autour de moi. Le champ s'étendait à perte de vue et ma chienne n'était nulle part. Il n'y avait plus qu'une possibilité pour la retrouver : franchir la porte.
J'ai actionné la poignée. Les gonds ont grincé. J'ai retenu mon souffle. Une partie de moi s'attendait à être surprise, mais, avant tout, j'étais persuadée qu'un monde plein de danger m'y attendrait.
En franchissant le seuil, j'ai immédiatement aperçu Wolfie. Elle était calmement couchée dans les bras d'un géant et grignotait un os de dinosaure. Le monstre me fixait en souriant. Ses cheveux hirsutes frôlaient le sommet de la grotte. Assis sur un rocher, il semblait paisible. Cependant, l'odeur de putréfaction a attiré mon attention. J'ai observé ses gros orteils crasseux, mais la source de la puanteur paraissait différente de celle de la transpiration. J'avais vraiment l'impression qu'un cadavre traînait non loin de moi. J'ai à nouveau regardé le visage du géant. Ses dents jaunes plus particulièrement.
Les restes d'un bras humain étaient encore coincés entre ses incisives. J'ai dégluti en reculant pour retourner dans le champ. J'ai tâtonné derrière moi.
La porte avait disparu.