À force de reculer, je me suis retrouvée contre la paroi humide de la grotte. Une sorte de bave gluante a dégouliné sur mon épaule. Comme je fixais toujours l'ogre pour m'assurer qu'il ne bougeait pas, je n'osais pas vraiment regarder d'où venait le liquide répugnant. Pourtant, mon instinct m'incitait à lever la tête. Mon cœur battait à tout rompre. Je l'entendais presque battre dans ma poitrine. À moins que cette palpitation ne vienne d'ailleurs...
Un souffle chaud.
Un grognement.
Une odeur de brûlé.
Et si je n'étais pas devant un mur de roche ?
Lentement, je me suis retournée. Un cri assourdissant a retenti. Une larme a coulé sur ma joue.
Alors que je hurlais à m'en percer les tympans, je me suis mise à courir. Sans même faire attention au géant, j'ai longé son pied nauséabond dans l'espoir d'y apercevoir une sortie. J'ai trébuché sur un crâne. Peu importe. Je ne devais pas m'arrêter. Un dragon était derrière moi.
Son premier pas a fait trembler la caverne. Je me suis élancé sous une pluie de pierres. Je zigzaguais, sautais, glissais. Je n'avais plus qu'une idée à l'esprit : survivre.
J'ai évité un jet de flamme. J'ai bondi par-dessus les nombreux squelettes. J'ai surfé sur une flaque de sang. J'ai failli tomber. Je me suis tordu la cheville. La douleur aurait dû me stopper. Tout en boitant, je me suis ruée vers une fissure lumineuse. Elle était assez grande pour m'y faufiler. Trop petite pour le dragon. C'était mon seul espoir.