Le rêve - John

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Un rêve, un simple morceau d'illusion, une construction de notre imagination, cette chose qu'on a oublié instantanément après s'être levé. Si vous construisez votre vie autour d'un rêve, soit vous êtes fou, soit vous êtes désespéré. Pour ma part, je fais parti des désespérés.

Ce rêve je pourrais le réciter comme une poésie qu'on a appris à des enfants mais je serais incapable de décrire réellement ce qui s'y passe. Cet endroit est dépourvu de tout objet matériel, semblable à ce qu'on appelle le néant. Pourtant cet endroit qui ne ressemble à nul autre, que je ne saurais même pas décrire m'a semblé, dès la première fois, familié. La première fois que je m'y suis rendu c'était il y a déjà quatorze ans. Et cela fait quatorze ans que la voix de mes rêves me répète les mêmes mots.

«Bonjour John, il faut que je t'explique quelque chose. Bientôt tu découvriras que tu es différent et cette différence fera toute ta force. Tu penseras plusieurs fois que le destin n'est pas tendre avec toi mais il t'a prévu tellement grand que tu ne pourrais l'imaginer. Ton destin te guidera vers trois autres personnes. Une fois toutes les quarte réunies, vous obtiendrez de quoi accomplir ce que vous voulez. Ensemble vous changerez le monde. Et n'oublie pas qu'un bouclier n'est jamais seul. »

Ces quelques mots dont je ne comprenais que partiellement le sens ont hanté mon esprit une fois de plus cette nuit là. J'essayais encore de déchiffrer ces phrases quand mon frère est venu me réveiller. Je me souviens d'ailleurs qu'il a eu bien du mal à me faire lever. Il m'a même menacé de moi «jeter dans le lac». Le lac le plus proche devait se trouver à une cinquantaine de lieues de là. J'ai tout de même fini par me lever. Traîner le matin ce n'était pas dans mes habitudes ça ressemble plutôt à mon frère. Je ne sais d'ailleurs toujours pas comment il a fait pour se lever avant moi. Cela faisait plusieurs heures que le Soleil s'était levé on s'est donc empressé de se lever pour reprendre la route.

Depuis plusieurs années mon frère Ben et moi, on erre à la recherche de ce que ce rêve nous a promis à tous les deux. Car oui, lui aussi l'avait fait et je pense que si j'avais été le seul je n'aurais pas trouvé le courage de tout quitter, même si nous n'avions pas laissé grand chose derrière nous.

Sur la route alors que Ben m'expliquait à quel point il rêvait de trouver un bon lit pour dormir et une dinde pour dîner, je m'interrogeais sur ce foutu destin qui pour le moment nous avait poussé à marcher sans savoir où cela nous menait durant près de six ans. J'ai décidé de lui dire que j'avais encore fait ce rêve et que je commençais réellement à me demander où est ce que ça allait nous mener. Il m'a alors répondu avec toute son innocence «Est-ce qu'on a le choix? A ton avis il est préférable de dormir dehors dans une forêt en découvrant le monde ou de dormir dehors dans une grande ville en se faisant marcher dessus par quiconque en aurait l'envie?» Je dois reconnaître qu'il n'avait pas totalement tort. Je me suis contenté d'acquiescer avec un mouvement de tête. Nous avons continué de suivre le petit sentier. Ben n'a plus que très peu parlé, je pense que comme moi il pensait à cette folie.

La nuit arrivait quand on vit au loin une grande maison, ça devait être la propriété d'un duc ou d'un comte. Les lumières semblaient être allumées. Ben m'a regardé et m'a dit «Tu penses qu'il y a un moyen?». Réussir à se faire hébergé et nourrir n'était pas une mince affaire. Je lui ai répondu:

- Peut être mais comment tu veux entrer?

-Je pensais à l'histoire des enfants perdus.

-Tu penses pas que je suis trop vieux pour ça? Ce ne serait pas crédible.

-Mais non un peu de terre sur la figure et personne ne pourra estimer ton age!

-On peut essayer mais ne sois pas deçu si ça ne fonctionne pas...


Le prix d'un nouveau mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant