Le prix d'un nouveau monde

Le rêve - Ben

Le jour précédant John et moi avions marché toute la journée. On a trouvé un petit endroit caché dans la forêt pour dormir. C'était une surface de terre relativement plane entourée de grands arbres et proche du petit sentier qu'on avait emprunté la veille. On était exténués il m'a fallu moins de dix minutes pour m'écrouler de fatigue. Le lendemain je me suis fait réveiller par le Soleil sur mes paupières. A ma grande surprise mon frère dormait encore. Il a pour habitude de se lever à l'aube et de venir me réveiller en me disant que je suis vraiment fainéant et en m'adressant l'un de ses sourires rassurant et provoquant dont il avait le secret. J'avais donc une possibilité de vengeance j'ai décidé de le réveiller en lui faisant croire que j'allais le jeter dans un lac. Je n'avais pas la moindre idée de s'il y avait ou non un lac aux alentours. Je crois que vu sa réaction il ne m'avait absolument pas pris au sérieux. Il m'a adressé un regard, un sourire et a commencé à se lever. J'en ai quand même profité pour le taquiner et lui faire la remarque qu'il s'est vraiment levé tard. Il n'a eu aucune réaction et il m'a dit «Ça doit faire environ deux heures que le Soleil s'est levé si on veut espérer arriver à un village avant la tombée de la nuit il faut qu'on parte maintenant». On s'est empressés de tout ramasser et de reprendre le sentier de la veille.

Pendant qu'on marchait j'ai remarqué qu'il était très pensif j'avais beau parler de tout et n'importe quoi il n'y avait aucune réaction. Un moment il se décida à me parler. Il reprit le sujet qu'on avait de plus en plus souvent traité ces temps ci: le rêve qui avait construit notre destin. Je n'étais vraiment pas prêt à entamer une de nos conversations dont on ne voyait jamais la fin mais il fallait que je lui réponde. Je me suis donc contenté de reformuler ce à quoi on concluait à chaque fois, qu'on n'avait pas d'autre endroit où aller et que c'était sûrement la meilleure option. Nous avons continué notre chemin bien plus silencieusement.

Plus tard alors que la nuit tombait, nous avons un aperçu d'une immense maison. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas dormi dans un lit et mangé un vrai repas... J'ai demandé à John si il pensait que l'on pouvait jouer les enfants perdus. On a pris l'habitude de dire à des personnes de la haute société qu'on était les enfants d'un grand duc, qu'on aurait égarés durant une journée de chasse et que nos parents paieraient pour avoir pris soin de nous . Il m'a répondu: «Tu ne penses pas que je suis trop vieux? »C'est vrai qu'il ne date pas de la dernière lune, je prie pour que personne ne le remarque. Un peu de terre sur la figure pourrait atténuer ses traits. Il n'était pas vieux et fripé non plus. De toute façon nous n'avions rien à perdre.