insomnies

Éduquée à ne pas détester.

2020年07月14日 (火)

(TW : violence physique et psychologique / maltraitance)

Née entre les barreaux de ce que l'on ne nous apprend jamais. Pleureuse des dîners de coups qui se taisent. Défendre et admirer ceux qui nous blessent et attendre. Sagement. Apprendre à rire et tout garder pour soi. Une horloge qui s'étire et ne revient pas. Hésiter entre haine et désolation. Une pluie d'exploits dont il s'honorera toutes les adulations. Grand, fière et responsable. Sur un piédestal, il jugera la plèbe, séduira ses actes. Être parfait. Eminent volcan. Puis il s'avouera victime, lorsque mes larmes éclateront sur un visage loin du sien. Il m'accusera coupable d'avoir tout commencé. Dans ses yeux, je briserais les vases. Il prétendra son âme en mille morceaux, et m'ordonnera de tout recoller. Bouc-émissaire d'un seul homme et déjà divisée entre se taire ou endurer.

Dogmatique, il affirmera qu'il ne commet aucune faute. Bien trop parfait à critiquer le monde, et trop occuper à nier les autres. Il explosera sa voix sans retardement. Bombe incohérente au détonateur inepte, imaginaire. Une simple contradiction étincelle suffira à tout enflammer. Perdue d'entre les brasiers d'une discorde insignifiante, où la moindre tentative raisonnée oscille vers le Styx. Chalouper à travers les mots. Enfer réaliste.

Résipiscence inexistante.

Il soutiendra que les erreurs n'avaient qu'une cause, qu'il vaudrait mieux qu'elle disparaisse. La prétendre coupable. Lui ordonner de se soumettre ou s'auto-descendre. Déclarer qu'il ne débute jamais de violence mais qu'il y répond. Que jamais nous ne sommes premiers, nous subissons. Que l'on oublie de se vanter quand nous mentons. Que l'on oublie qu'on a blessé quand nous frappons. Que l'on prétexte qu'on y a été forcé, que nous endurons. Que nous sommes victimes, nous subissons. Qu'il faut être fort pour résister. Qu'il se donne du mal à ne pas protester.

Proclamer que la maltraitance est une obligation quand assujettir est une conviction. Il dérobera son impuissance et la fera mienne, m'obligeant à obtempérer contre mon gré, contre moi-même. Esclave de provocations quotidiennes. Puis il continuera ses blagues, niera les faits. Et il me forcera à rire comme un pardon silencieux. Il pensera avoir obtenu de moi ce qu'il désire : un aveu de culpabilité. Mais il ne m'éduque qu'à ne pas le détester.