2020年08月10日(月)
Je l'imaginais déjà triste et pleureuse près du ruisseau. Elle semblerait fragile au soleil, comme déjà morte sur ce linceul de clairière. Ses petites jambes nues comme deux délicates fleurs qui tenteraient de rester debout, frissonnant légère, titubant dans la bise jusqu'au susurrement de l'eau. Elle essaierait de se pencher, manquant de trébucher dans ce bal aquatique où l'ombre chante au vairon ce que la lune éclairait la veille. Ses pieds sur les galets comme un tapis de braises, rougiraient et brûleront jusqu'à marquer sa peau. D'un pas dans les vagues, elle noierait son corps. Ses cheveux flotteraient à la surface, méduse immobile. La fraicheur tiraillerait ses lèvres. Submergée, son visage de plein de gouttes. Elles perleront sur sa lippe et sous la lumière, puis rejoindront le ruisseau comme un éclat de mer.
Elle n'aurait honte de rien. Elle admirerait ses jambes et ses hanches. Elle se dégusterait des yeux. Elle profiterait d'elle-même. De sa beauté, et son charme qu'elle adoucirait. Captivée sous tous ses angles. Elle ondulerait son échine humide. Elle jouerait avec ses cheveux. Son regard d'or, et ses joues dévotieuses. Je la voyais déjà, la poitrine explosive, le pouls tambourinant comme si son cœur résonnait dans sa tête à travers les vents. La main tremblante, elle caresserait son corps comme pour mieux se séduire. Le souffle court. Les mouvements lents.
Puis, elle s'étalerait sur le sol bouillonnant, ses mains comme oreillers. Elle admirerait curieuse les silhouettes des arbres se déhancher. Elle contemplerait encore ses mêmes danses capricieuses, qu'elle seule pouvait suivre comme une valse silencieuse. Insatisfaite. Elle mordillerait observatrice la moindre envie suspicieuse. un pauvre sourire au lèvre, son dos exposé aux pires rayons du soleil. Et je passerais comme à mon habitude. J'enchainerais les pas, elle toujours trop immobile. Sa voix comme un murmure, elle s'extirpera de l'eau, langoureuse. Un appel égoïste, solitaire. Elle se chuchotera à elle-même les plus beaux mots insensibles.
Elle s'embrasera encore plus sur les galets, moi dévoré de l'intérieur. Troublé, je marcherais seul dans la clairière, le long du ruisseau. Cela n'aura pour moi que le goût du déjà vu. Et j'avancerai impassible. Je foulerai le sol, entendrai le frottement de la pelouse comme un bourdonnement. L'eau s'écoulera toujours aussi calme. Mais nous n'échangerons rien. Elle restera une inconnue pour moi. Un hasard muet que je reverrais encore et encore. J'hésiterais à lui sourire des yeux, à lui tendre la main. Mais nous n'échangerons rien. Elle ne viendra pas non plus vers moi, et elle ne me demandera jamais qui je suis. Et, nous n'échangerons jamais rien.
Puis, elle sortira de l'eau, sans une goutte de pudicité. Seule, moi, et elle et mon reflet. Mes regards absents et son absence de sérénité. Je ferais parti des routes, elle du décor. Au crépuscule, nos silhouettes éternelles. J'ignorerais encore si elle cesserait ses pleurs mosaïques. Mais je l'abandonnerais comme laissant au soleil ce que je n'ai jamais su.
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° °média youtube : Ditch - One Way Trip To The Sun
channel : UrungusOderus
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insomnies
Poetry[recueil de textes et poèmes / ↓ en voici un mélange ↓] e n c o r e u n e f o i s. je partirai dormir pour l'en empêcher. je m'éloignerai, et j'angoisserai. sans secours, sans cris. la vague est tombée dans l'oubli. elle était devenue frivole a...