Dix minutes

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date supposée : 2018年02月20日(火)

Dix minutes sans pleurs, dos accolé au canapé, le tic-tac de l'horloge, les gouttes d'eau dans l'évier. Le temps s'écoule, la patience se dissout. À point d'heure est attendue l'arrivée des deux parents biscornus. Le tremblement dans le choix, la rythmique du pouls, l'abstinence, l'hésitation. Le premier glissement, un aller simple dans le tréfonds.

Les traits s'affaissent, la tristesse s'y lit, le temps s'efface, le huis clos débute entre soi et soi. Qui du retour ou du départ gagnera ?

Ressasser ses craintes, rester en condamnation, marcher sur des coquilles d'œuf, l'échiquier brisé sous les pieds. La vie ne ressemble en rien à un jeu. Depuis longtemps cette vision avait abandonné son esprit. La vie est notre seule mémoire. Indécodable des souvenirs qui nous échappent, modifiable à chaque instant des émotions qui nous submergent. Indéchiffrable des surprises qui s'y profilent.

Alors, il fallait partir, loin de cette maison endormie sous sa couverture de nuages, perlée d'étoiles, veillant à ne renfermer aucun cauchemar. Le calme. Elle respirait d'une sérénité, dont les bruits ne vinrent la troubler. Le réfrigérateur ne bourdonnait pas, les radiateurs ne pleuraient pas, et les bruits parasites jouaient à cache-cache avec le silence. Mais c'en était trop.

Debout, sans détour, tout a volé. Un carnet, un stylo, des vêtements. Tout, sans exception, a volé dans l'élan de la précipitation, et dans cet enfer d'organisation improvisée, la valise peina à se boucler. Trop à prendre, trop de sentiments à emprisonner dans un si petit bagage. Les coloriages entres amis, les vieux cadeaux dans l'oubli, des poèmes, photos et quelques larmes. Une explosion. D'un coup. Une explosion de pleurs. Si violents qu'ils vous étranglent, que vous ne parvenez plus à respirer. Entre deux cris étouffés, on respire, pour repartir dans nos sanglots. Et plus on s'efforce de se calmer, plus ils reprennent en vigueur, nous engloutissant dans un vide sans personnalité. Et ainsi, sans rien à ajouter, tout pouvait commencer.

Tout s'enchainait harmonieusement, alors que la décision était aussi spontanée qu'imprévisible. En sortant par la porte de derrière, emportant sa vie pour en rejoindre une nouvelle, le temps dans une main, les souvenirs dans l'autre. La porte s'ouvre, s'engouffre le temps futur, une nuit sans chaleur, ni vent froid. Une inspiration. Une expiration. Un pas en avant, puis le second.

"Partons."

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