VII.Choc parental

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Samuel

Une fois de plus mon sauveur est arrivé à temps. La silhouette d'Eddy leur succède en pénétrant dans la chambre silencieusement et se faufile derrière celles de mes parents pour venir me rejoindre le faciès plus détendu. Bien qu'un brin contrarié inéluctablement aussi.

Tous les trois s'échangent des regards furtifs de soulagement et de remerciements entendus.

Ils ont toujours beaucoup apprécié Édouard. Non seulement parce qu'il est une personne formidable en soi mais pour tout ce qu'il a fait pour moi et pour eux jusqu'à présent. Il est un peu l'autre fils qu'ils auraient voulu avoir. Ce n'est pas juste comme ça que je suis fils unique, devenir parents à été un parcours du combattant pour eux, ma mère sensible aux fausses couches répétitives. D'ailleurs sa fin de grossesse s'est faite alitée pour pouvoir accoucher sans risque de ma petite personne déjà à l'époque. Je ne pesais pas bien lourd. Comme aujourd'hui dans ce lit.

-Enfin tu es réveillé. Je sais que c'est la surprise totale pour toi mais je me devais de les prévenir chéri. Ce sont tes parents. Tu as besoin d'eux comme eux de toi. Et comme tu étais aussi très motivé à les appeler... Il me fait son sourire à la Édouard Faure suivi de son petit clin d'œil si sexy.

Celui qui m'a permis de tomber amoureux de lui. Il se penche suffisamment pour me baiser le crâne. Même si je sais pertinemment qu'il aurait voulu plus.

Je ferme les yeux un court instant tentant de reprendre une respiration normale.

-Je... Je vous aime...et je suis désolé pour tout ça. Je m'oblige à soutenir leurs regards qui me brûlent la rétine à m'en faire saigner.

Ces retrouvailles sont d'une violence extrême pour mon mental. Surtout que rien ne répond à ma déclaration forte dans ma voix dénuée de puissance.

Le corps de mon père se tourne subitement vers la porte et sort promptement de la pièce les yeux humides et la mâchoire crispée.
Ma mère elle ne bouge pas. Elle paraît tétanisée par la scène qui s'offre à elle. Elle n'arrive même pas à détourner la tête de ma direction pour regarder son époux s'enfuir acculé. Je ne lui en veux pas. Sa douleur, elle la connait parfaitement puisqu'ils la partagent depuis si longtemps.

Restant toujours inaudible, c'est mon cœur qui hurle à la mort pour le supplier de ne pas m'en vouloir. De me pardonner d'avoir autant flanché. De l'avoir écarté aussi longtemps. Alors que je sais pertinemment qu'il fait partie de mon remède à tous ces démons que je veux incurables.

-Je reviens bébé. La seconde d'après Eddy quitte la pièce à son tour pour rejoindre mon père. Sans omettre de passer une main compliante sur l'épaule de ma mère.

Inutile de formuler le moindre mot. Les regards, les soupirs et les gestes échangés suffisent.

Me voilà face à la femme de ma vie que j'ai blessé. Dont j'ai marqué la souffrance au fer rouge. Ce même fer qui me brûle et me consume tant.

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Édouard

Je presse le pas pour éviter d'égarer le père anéanti du fils que j'aime.

Je ne tarde pas à le retrouver appuyé sur le distributeur de boissons dans le hall du service comme si tout le poids du monde pesait sur son dos. La larme à l'œil. Sa main droite venant tout juste de sélectionner un expresso.

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