Résilience

III.Tentative espérée

Édouard

Je n'arrive pas à croire ce que vient de me dire Sam sur le chemin du retour de la maison. J'en ai même du mal à rester concentré sur la route tant mon regard n'est attiré que par lui et ce petit sourire subtil qui ne le quitte plus depuis qu'il est sorti du cabinet du docteur Lima.

Je me remercie intérieurement de l'avoir secoué à retourner la voir.

Aurait-elle provoqué ce fameux déclic chez lui pour lui donner envie de s'accrocher plus fort à l'éventualité d'une guérison ?

Moins d'une heure de séance après cinq mois de suspension et Monsieur a enfin mis une option sur l'hypnose, il va appeler ses parents demain et surtout il veut tenter de dormir avec moi ce soir.

Je suis tellement excité. Mais j'ai peur que tout cela ne soit trop beau. Je ne dois rien espérer de grandiose. Je ne veux pas qu'il s'en veuille davantage s'il viendrait à échouer et perçoive ma déception.

De toute façon, quoi qu'il arrivera ou pas d'ailleurs, il aura tout mon soutien. Comme toujours.

***

Il est 19h45. Je suis dans la cuisine en train de préparer le dîner. Rien de bien extraordinaire. Une petite recette rapide et sympa facile à confectionner que Sam aime. Enfin, aimait beaucoup. J'aimerais qu'il reprenne l'alimentation car il ne cesse de maigrir et sa maigreur m'inquiète sérieusement. Son médecin lui a prescrit des boissons hyperproteinées qu'il boit à peine. J'ai arrêté de lui en prendre à la pharmacie car ses petites bouteilles s'entassaient de trop dans les placards de la cuisine pour rien.

J'ai presque terminé. J'ai déjà mis la table. Sam est encore dans sa chambre à se reposer. Cette sortie matinale l'a éprouvé tant physiquement que moralement. Mais elle a été bénéfique. Elle l'a boosté. Bien plus que ce que j'imaginais alors ce soir je suis heureux. D'ailleurs, je n'arrête pas de sourire tout seul comme un imbécile heureux. Mais ça fait du bien de ressentir ça : une réelle note d'espoir.

Pâte à la bolognaise à la Édouard Faure. J'adore et ça sent super bon.

Comme à chaque fois que je prépare ce plat, je me rappelle la première fois que je l'avais fait goûter à Sam. Il avait taché sa chemise comme un enfant de quatre ans. Ce qui l'avait fait rougir. J'ai éclaté de rire devant ce spectacle touchant et on a fini le repas plié de rire. Ça avait été une soirée inoubliable.

-Dis-moi Eddy... La voix frêle de Sami interrompt mes pensées. Il m'a rejoint en cuisine.

-Oui Sam ? Je le sonde tout en tournoyant mon plat avec la spatule en bois et en diminuant le feu pour une fin de cuisson optimale.

-Est-ce que tu m'as déjà trompé depuis...? Pas besoin de terminer sa phrase.

-Pourquoi tu me demandes ça maintenant ? Je stoppe net tout mouvement. Je reste figé. Où veut-il en venir par là ?

-Réponds-moi. Insiste t-il.

-Non...

-Alors tu m'as menti. Je lis de la déception dans son regard triste.

-Pourquoi je te mentirais Sam ? Je suis paumé.

-Parce que c'est ce que tu viens de faire. C'est qui ce Marc qui veut te revoir ? Il me brandit mon téléphone portable caché derrière son dos.

Marc... Mon cœur rate plusieurs battements avant de se reprendre de façon saccadée.

-Attends ! Ce n'est pas du tout ce que tu crois, je peux te l'assurer bébé.