Elle entrouvrit un œil et jeta un regard au ciel qui commença à se teinter de bleu, puis soupira. Son œil se referma l'espace de quelques secondes, avant que les deux ne s'ouvrent. Lasse, elle retira son drap, attrapa son téléphone et, dissimulé dans une boîte à lunettes, son paquet à rouler. La jeune fille entreprit de préparer quelques cigarettes, histoire de tenir la journée qui allait l'attendre, son « retour en enfer », comme elle la surnommait. Une fois sa tâche terminée, elle descendit tout doucement se faire un café en espérant que les dosettes ne soient pas perdues au fond d'un carton de déménagement. Une fois une capsule en aluminium trouvée, elle fit couler le liquide brun dans une grande tasse et retourna rapidement dans sa chambre. Elle ouvrit la fenêtre pour s'asseoir sur son rebord et alluma l'une des cigarettes.
De la fenêtre de sa chambre, elle avait une vue parfaite sur le lever de soleil. Elle ferma les yeux et profita de la brume légère des derniers jours d'été, du calme du voisinage, de l'odeur épicée du café mélangé à la cannelle, de la fumée toxique s'engouffrant dans ses poumons. Elle réussit à chasser ses angoisses l'espace d'un instant qui sembla à la fois durer l'éternité et un battement de cils.
Une sonnerie la sortie de la situation de calme intérieur qu'elle avait réussi à instaurer. Elle jeta son mégot dans une bouteille en plastique qui lui servait de cendrier, qu'elle rangea derrière son bureau. Elle s'habilla d'un t-shirt à l'effigie d'un gorupe, superporsé sur un t-shirt blanc à manches longues, un short noir et une paire de Dr Martens. Elle prit son maquillage et l'appliqua avant de faire son sac.
« Alice, dépêche-toi avant d'être en retard ! hurla une voix d'en bas.
⏤ J'arrive ! répondit la jeune fille avec agacement. »
Elle fourra dans son sac ses clopes, une plaquette d'anxiolytiques, du matériel scolaire et de dessin. Elle descendit les escaliers et se dirigea vers la cuisine où ses parents étaient attablés.
« T'en as mis du temps, t'as envie d'être en retard le jour de la rentrée ? demanda son père avec dédain.
⏤ Le lycée n'est pas si loin que ça, pas besoin de partir trois heures en avance non plus, répondit-elle, une pointe d'agacement transparaissant dans sa voix malgré sa bonne volonté de garder un ton égal.
⏤ Ça va hein, je ne t'ai pas agressée moi ! »
Elle dut se faire violence pour ignorer la remarque de son paternel qui savait pertinemment qu'elle ne voulait pas y aller. Elle se refit couler un café, cette fois-ci dans un thermos. Après, elle prit ses affaires, dit rapidement au revoir à sa mère qui lui souhaita bon courage, et partit le plus vite de la maison pendant que l'homme était à la douche.
C'était la première fois depuis presque six mois qu'elle allait retourner en cours. Malgré son angoisse croissante, elle avait au fond d'elle l'espoir que cette fois-ci serait différente. Elle marcha jusqu'à l'arrêt de bus où quelques personnes attendaient déjà. Elle décida d'allumer une cigarette, le temps que le bus arrive. Quelques minutes plus tard, elle montait dans le transport en validant sa carte d'abonnement et allait s'asseoir un peu plus loin. Perdue quelque part dans sa tête, elle faillit manquer l'arrêt du lycée. Elle descendit et suivit un groupe de jeunes pour tenter de retrouver le bâtiment qu'elle n'avait vu qu'une fois. Lorsqu'elle arriva, les grilles étaient déjà ouvertes et un attroupement d'élèves se tenait devant le panneau présentant la liste des classes. Elle en profita pour observer les gens. Cette foule l'oppressait, et elle prit un cachet pour se calmer en le laissant fondre sous la langue, malgré le goût amer.
Quelques minutes plus tard, elle pouvait enfin s'approcher des tableaux.
« - L, L, L ... murmura-t-elle en cherchant sa classe. »
VOUS LISEZ
Défoncé.e
Narrativa generaleUne jeune fille qui essaie tant bien que mal de se construire une identité correcte, malgré ses bases bancales et son milieu instable. Une vraie recherche sur ses relations aux autres et à elle-même, en plein cœur d'une adolescence tumultueuse. TW :...