Chapitre 6

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Kayliyah était très angoissée, elle voyait son rendez-vous avec l'aide sociale se rapprocher. L'anxiété engloutissait son être, d'une seule bouchée elle aspirait toute sa force vitale. Les moindres contrariétés et imprévus la faisaient partir en attaque de panique. Elle passait presque tout son temps à l'infirmerie. En quelques jours, son état d'euphorie quasiment constant s'était éteint, laissant place à un état dépressif de plus en plus prononcé. D'un coup, Kayliyah n'avait plus goût à rien, même plus à voir son copain qui en souffrait énormément et se sentait abandonné, sans comprendre l'état de sa belle. Elle dormait énormément, mangeait encore moins que d'habitude, était tout le temps somnolente et amorphe. Elle ne répondait plus aux messages et évitait ses amis pour n'avoir pas à parler.

Un soir, alors que l'ambiance s'électrifiait de plus en plus dans le foyer familial, Kayliyah décida d'en finir. Elle était sur son lit, les yeux dans le vague, et elle n'en pouvait plus. Elle ne supportait plus ses changements d'états radicaux qui tantôt la rendaient euphorique au point qu'elle ait des comportements risqués, tantôt la rendaient quasiment amorphe, tel un cadavre à peine vivant. C'était épuisant de vivre sans stabilité, de ne rien pouvoir prévoir sous peine de devoir annuler à la dernière minute à cause de son état, de jouer à la roulette russe avec son mental tous les matins. Elle n'en pouvait plus de la situation avec ses parents qui ne faisait que s'aggraver de jours en jours. Kay n'en pouvait plus de vivre dans un état de peur constant, sursautant au moindre bruit. La tension liée au rendez-vous avec l'aide sociale à l'enfance avait déjà augmenté l'anxiété de la jeune fille, mais sa relation avec Réphaël avait terminé de l'achever. Elle ne supportait plus le besoin constant d'affection de son copain, son manque d'assurance, son manque de considération envers elle, son corps et ses sentiments, son besoin irrépressible de lui parler vingt-quatre heures sur vingt-quatre, son côté ultra jaloux. Elle lui en avait parlé quelques fois, mais il ne changeait pas. Elle avait alors pensé à le quitter, mais elle s'était ravisée en se disant que c'était elle le problème et qu'elle devait changer. Le lycée aussi occupait une place importante de ses préoccupations : incapable d'avancer dans ses devoirs, elle passait son temps à l'infirmerie et ratait la plupart des cours qu'elle ne rattrapait jamais malgré sa bonne volonté. Elle avait réussi à se maintenir à plus de dix de moyenne générale tout le début d'année, mais ces derniers temps ses notes étaient toutes suivies de la mention "Abs.".

Tout ceci lui tournait en tête constamment depuis des jours. Elle en faisait des cauchemars. Les sentiments négatifs avaient remplacé son âme, et elle se sentait comme à côté d'un corps rempli de sentiments qui n'étaient pas les siens. Elle décida de prendre une plaquette d'anxiolytique et de l'avaler avec de la vodka, puis une seconde, et au bout de la quatrième elle s'ouvrit les veines avec des lames de cutter. C'est sa mère qui venait la chercher pour manger qui la trouvait évanouie sur son lit, du sang, du vomi et de la vodka de partout. Elle appela instantanément le SAMU, qui envoya une ambulance pour prendre en charge la jeune fille. Elle fut emmenée à l'hôpital Lyon Sud où ils lui administrèrent un antidote et effectuèrent un lavage d'estomac.

Elle se réveilla trois jours plus tard, encore anesthésiée de tous les médicaments qu'elle avait pris. Elle ne savait pas où elle était, pourquoi elle était habillée d'une blouse blanche, ni pourquoi elle était intubée et avait une perfusion dans le bras. Elle tira sur la sonnette d'urgence et les infirmières vinrent lui retirer le tube. Elle avait du mal à parler et à réfléchir.

Une médecienne vint la voir.

« Bonjour, comment allez-vous ?

- Comme quelqu'un qui se réveille à l'hôpital sans savoir ce qu'il se passe.

- Il semble que vous ayez fait une tentative de suicide.

- Putain mais ça fait deux fois que je me rate, je peux pas être nulle même dans la mort, quand même ... »

Défoncé.eOù les histoires vivent. Découvrez maintenant