2. Alec Belmont

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Alec Belmont ! Ahurissement, incrédulité, joie et excitation un maelström d'émois se souleva dans mon cœur et renversa mon âme, au moment où j'ai vu son nom. Après une longue attente, qu'a duré quatre mois, et qui s'était suivie d'un désespoir attristant et un désarroi décourageant ; le voilà enfin daigner répondre à mes innombrables messages. Mais que sa réponse me parvienne en ce moment bien précis de ma solitude morne était au-delà de mes espérances.

Mon emportement joyeux me fit oublier mes chagrins et j'accours alors vers ma chambre, le cœur léger et sautillant de joie. Mon objectif étant de chercher mon ordinateur, mais au passage, mon smartphone déposé sur la table de nuit accroche mes yeux et l'espace d'une fraction de seconde, motivé par mon impatience de lire l'inestimable message, j'étais tenté d'y foncer tout droit pour une consultation rapide. Mais je me me ravise. Je ne vais tout de même pas m'en servir pour lire un e-mail aussi important et tant attendu. Je désire plus que tout apprécier un des rares et précieux écrits de ce cher Belmont aussi court soit-il. Car connaissant ce dernier, sa laconicité était un de ses traits de caractère flippant.

Je prends ma gauche et m'installe à mon précieux et raffiné secrétaire en bois, laqué en blanc. Une pièce d'antiquité rare, à valeur inestimable qui date des années 1800. Cependant, sa valeur à mes yeux est au-delà du prix exorbitant qu'elle pourra me rapporter si je décide de la mettre aux enchères. Oui, c'est le genre de meuble qui a ses passionnés, prêts à verser des fortunes pour se l'acquérir... Comme Alec Belmont, qui ne fait pas exception à la règle. D'ailleurs, c'est lui qui me l'avait offerte deux ans auparavant et c'est justement la raison pour laquelle j'adore ce souvenir antique.

D'une main tremblante d'excitation, je relève l'abattant du joli meuble, et y dépose mon MacBook que je rallume sur le champ. Je bouillonne d'excitation à en devenir irritable, incapable même d'attendre le démarrage de ma machine. Pourtant, j'avais la dernière génération du MacBook, dotée d'un micro-processeur des plus rapide. En somme, je ne peux remettre en question les performances de mon ordinateur. Seul mon état émotionnel est à plaindre. Je prends alors une bonne respiration pour calmer mon empressement et je patiente gentiment.

Mon emballement ne vient pas du néant. Durant les mois du silence radio de la part d'Alec, je consultais ma messagerie au minima deux fois par jour, une première au réveil et la deuxième avant de m'endormir. Résultat quotidien, me coucher dépitée comme une orpheline non désirée et abandonnée à son triste sort. Je savais qu'il allait bien, et c'était dans ses habitudes de ne pas m'écrire pendant de longues durées, mais c'était aussi dans mes cordes de le harceler par mes écrits deux à trois fois par semaine. Je lui écris par besoin, une nécessité de maintenir ce lien avec lui et dans l'espérance d'accélérer l'arrivage d'un mot de sa part. Aucun de nous ne s'en plaint. Mais autant que son silence m'attriste, j'étais convaincue que mon insistance l'agace.

Mes doigts tripotent la souris tactile et mon bonheur se manifeste quand la boite de réception de ma messagerie s'affiche en plein écran. Je fixe hébétement le titre du message :

Alec Belmont -> Re : Bonjour

Mon sourire s'élargit et je clique dessus.

"Ma très chère Anna Amegdelina,

Je sais que mon silence impardonnable a trop perduré, ses derniers mois. J'étais en perpétuels déplacements entre les villes de trois continents, de Los angelos à Milan puis à Moscou. Actuellement, je suis de retour à Monaco, mon chez-moi. Je compte y passer quelque temps, pour gérer quelques affaires avant mon retour aux états unies.

Bien que la vie que je mène a son charme, mais elle est parfois fatigante et prenante. Je ne veux t'encombrer par les jérémiades d'un vieillard, mais c'est une manière de justifier mon absence. Je ne réponds pas assez souvent à tes emails, je ne suis pas très souvent disponible dans ta vie ma cher Anna, et je t'en présente mes sincères excuses. Saches toutefois que je ne rate la lecture d'aucuns de tes messages, que la joie de te lire est indéniablement partagée. Aussi, Maitre Adams n'épargne aucun effort pour me faire part de tes nouveautés.

Le revers du révolverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant