"Ferme la porte Am et viens t'asseoir ! "
L'entendre utiliser mon diminutif eut un effet analgésique sur mes nerfs tendus. Je ferme la porte un peu trop lentement, en m'offrant l'occasion de méditer le comportement du beau docteur Parker. Et quand je me retourne vers lui, je le trouve tête baissée en train de fouiller dans un tiroir. J'en profite pour pour tenter de décrypter les agissements intrigants de mon professeur.
Il faut admettre qu'au-delà de son physique à couper le souffle, partant de ses cheveux blonds bouclés dont quelques mèches rebelles s'affaissent sur son front large, ses grands yeux Hazel tantôt chaleureux, tantôt glacials, son nez droit et noble et ses mâchoires confirmés, en passant par ses épaules larges et son corps d'athlète souple et débordant de virilité, Parker est l'un des professeurs et neurologues les plus distingués. Personne dans cet hôpital ne peut nier sa fascination pour cet homme. Quant à moi et en tant que professionnelle, je ne déraille pas à la règle et je lui voue une admiration exceptionnel. Aussi, et en tant que femme je ne peux prétendre être immunisée contre le charme qu'il dégage.
D'autant plus que durant les derniers mois, et sans saisir le pourquoi, j'ai eu droit à un aperçu exclusif à d'autres facettes de la personne du super docteur. Et bouleversement est mon lot, à chaque fois qu'il m'enveloppe de cette bonhomie qui brise les frontières et établit une familiarité hallucinante entre nous deux.
- Qu'est-ce que tu as Am ? Avance et assied toi !
Aie ! Encore une fois, mes pensées ont surfé. En cumulant deux gaffes dans la même journée, je ne dois pas faire bonne figure. Pour me rattraper, je presse le pas vers son bureau en arborant mon plus beau sourire.
- Tout va bien, Am ? Me demande-t-il pendant que son regard perçant me sonde, comme s'il désire me transpercer et me disloquer afin de m'arracher mes secrets les plus intimes.
- Oui ! Je réponds.
Non convaincu, il insiste :
- Tu étais distraite tout à l'heure !
Le ton qu'il a déployé est si bienveillant, si caressant et me plonge de plus en plus dans l'incompréhension.
- Désolée, j'ai un peu plané. Ceci ne se reproduira plus.
- Ceci ne doit plus se reproduire, affirma-t-il en reprenant sa froideur légendaire. Imagine que... planer, comme tu le dis, t'arrive pendant que tu es en pleine intervention ?! La vie des gens dépend de nous et de notre concentration, Am !
- Je sais ! J'admets en abaissant la tête, consternée.
- Regarde-moi ! M'ordonne-t-il.
Je m'exécute en levant la tête vers lui. Ma peur, d'affronter à nouveau ses yeux froids s'évapore quand j'y perçois d'une lueur étrange.
- Vigilance et présence d'esprit, doivent être ta devise. Dès que tu entres dans cet hôpital, ta vie n'existe plus, Parker marque une pause, pour s'assurer que j'ai bien saisi avant de reprendre, apprend à la laisser de côte tes soucis et à te dédier à ton métier et à tes patients. Nous n'avons pas droit à l'erreur. Est-ce clair ?
Incapable de parler, j'acquiesce en hochant la tête, alors que l'érubescence de la honte me brule les joues.
- Bien. Ceci dit, je suis certain que tu feras un bon médecin Am !
Mes oreilles se dressent, ai-je bien entendu ? Un compliment après la remontrance. Ce témoignage favorable, surtout émanant de lui n'est pas à me déplaire et mes yeux qui se suspendent aux siens ne le cachent pas. Aussi, je sens qu'il s'apprête à ajouter autre chose, et je reste à l'affut, le soufflé coupé et l'existence suspendu en attendant la suite.
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Le revers du révolver
RomanceZuckerberg San Francisco General Hospital est l'hôpital affilié à l'école de médecine de la prestigieuse université de Californie... Mon école. Cela fait presque trois ans, que je passe la quasi-totalité de mes journées, et parfois même mes nuits, d...