do I have

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Le grand saut.

« Laisse-moi tranquille Malefoy »

« Désolé Granger, mais c'est non »

« Et pourquoi ? » demanda-t-elle ne quittant pas le fleuve des yeux.

« Je viens de te le dire, je viens t'empêcher de faire une bêtise »

« Et comment tu comptes t'y prendre ? En m'insultant ? » répliqua-t-elle.

« Je t'insulte là ? » demanda-t-il.

Elle soupira.

« Laisse-moi tranquille » réitéra-t-elle.

Il soupira à son tour, tout en s'appuyant contre la rambarde. Il arborait son air fier et nonchalant, comme à son habitude.

« Non » répéta-t-il.

Elle ricana.

« Parce que tu t'imagine que maintenant que tu fais partie de l'ordre, tu es mon ami ? Que ça te permet de faire comme si toi et moi on s'était toujours entendu, c'est ça ? Tu rêves ! Fiche moi la paix Malefoy » cracha-t-elle.

Effectivement, il avait fallut beaucoup de sang froid et de courage au jeune homme pour affronter son père, mais il l'avait fait. Durant le mois d'avril de leur sixième année scolaire, Drago s'était rebellé contre son clan et avait fui. Les membres de l'ordre menés par Dumbledore, l'avaient accueilli avec méfiance. Drago avait dû donner des explications devant tout le monde et sous veritaserum. À partir de là, Ron et Harry avaient hésité mais avaient fini par l'accepter lui faisant promettre de ne pas leur faire regretter de lui accorder leur confiance. Hermione de son côté ne le tolérait uniquement parce qu'elle avait foi en ses amis, mais elle ne le supportait toujours pas. Il avait terminé son année scolaire dans une chambre, seul, lui évitant la salle commune des Serpentards où beaucoup de partisans le détestaient pour sa trahison. Seul son ami Blaise ne lui en tenait pas vraiment rigueur... Depuis les vacances, Drago logeait au quartier général de l'ordre. C'était assez tendu avec certains membres, mais il se disait qu'en même temps, il n'était pas là pour se faire des amis, mais pour aider à la chute de Voldemort !

« Je n'ai jamais prétendu être ton ami Granger. Ce n'est pas une question d'amitié loin de là. Je suis juste de ton côté, c'est tout » répondit-il.

« Peut être es-tu de notre côté maintenant oui. Cela ne m'explique pourtant pas ce que tu fais là ! Je te déteste toujours autant et je sens bien la réciprocité de ce sentiment, alors fiche le camp et laisse moi mourir en paix ! » ragea-t-elle.

Il souffla d'exaspération. Et le ton sérieux qu'il employa la surpris.

« Vas-tu cesser tes enfantillages ?! Qu'est ce que ça va t'apporter de plus hein tu peux me le dire ? Est-ce que tu crois sincèrement que c'est ce qu'ils voudraient ? »

À ces mots, Hermione retourna son regard furieux sur lui. Il fut quelque peu déstabilisé de voir la tristesse sur son visage. En colère, elle se mit debout sur le bord de la rambarde.

« Tu ne sais absolument rien t'entends ? Tu ne les connaissais même pas ! Je t'interdit de parler de mes parents » hurla-t-elle.

« Peut-être bien Granger, je ne les connais pas. Mais quels parents voudraient voir leur enfant mort ! »

« Les morts ne veulent rien. L'un des avantages d'être mort. »

« Il faut pourtant bien quelqu'un pour te ramener à la raison Granger ! D'accord on ne se porte pas dans notre cœur toi et moi, mais ce n'est pas pour autant que je veux te voir mourir ! » s'exclama-t-il sentant peu à peu la panique monter en lui, la situation commençait à lui échapper.

« Et qu'est ce que ça peu bien te faire à toi hein ? Je n'ai plus personne qui me retienne ici, j'ai tout perdu tu comprends ça ? » pleura-t-elle.

« Ah non ? Et est ce que tu as pensé à tes amis ? » rétorqua-t-il.

« Pff ! »

« Tu sais qu'ils sont morts d'inquiétude et qu'ils te cherchent »

« Oui je sais et alors ? À quoi bon ? »

« Mais enfin est ce que tu vas réagir Granger ! Où est passé ton courage ? Où est passé ton bon sens ? Tu n'es pas de ces gens là » dit-il.

« De quoi est ce que tu parles ? » demanda-t-elle.

« Des lâches qui abandonne et baissent les bras à la première épreuve douloureuse » répondit-il.

« C'est trop dur... » pleura-t-elle en avançant vers le bord.

Il la regarda faire, impuissant.

« Granger... réfléchit s'il te plaît »

« Laisse moi... je peux ressentir ta pitié et je ne le supporte pas ! Je ne veux pas que l'on aie pitié de moi » pleura-t-elle.

« Je croyais que tu avais apprit à contrôler ton empathie » s'étonna-t-il.

« Pas quand mes émotions prennent le dessus » répondit-elle.

Il s'était approché d'elle en douceur, elle ne l'avait pas remarqué. Il décida de saisir la seule chance qui lui restait de la sortir de ce pont en vie.

« Tu sais, j'ai deux oreilles pour écouter. Tu veux parler de tes dons ? Je veux juste t'aider Granger, si on allait quelque part qu'est ce que t'en dis ? Si tu descendais de là ? » dit-il lentement.

« Ne m'approches pas ! » cria-elle.

« D'accords, d'accords ! » dit-il précipitamment en levant les mains.

« Regarde, je recule ça te va là ? » demanda-t-il le cœur battant à tout rompre.

Elle pleura de plus belle.

« Je sens ton cœur battre dans ma tête... tu as peur » murmura-t-elle en regardant le fleuve.

Il ne répondit pas, la fixant de ses yeux bleus paniqués à l'idée qu'elle saute. Le pont n'était pas bien haut, mais une fois dans l'eau, elle se laisserait couler comme une pierre, oui une pierre solitaire. Le silence se fit durant quelques minutes, durant lesquelles le jeune homme ne dit plus un mot et ne fit plus un geste de peur de l'effrayer et l'agiter encore plus. Au bout d'un moment, elle tourna son visage ravagé de larmes vers lui et lui sourit. Il sut...

« Tu veux bien faire quelque chose pour moi Malefoy ? Tu dis à tout les autres que je suis désolée d'accord ? Je les embrasse fort »

« Granger, non ! »

Trop tard, elle avait sauté. Il l'entendit entrer en contact avec l'eau. Il ne réfléchit pas une minute de plus et se jeta à l'eau à son tour.

Il chercha un moment, ne la trouvant pas, remonta à la surface le temps de reprendre son souffle et replongea. Il la vit, se laissant couler, les yeux fermer. Il nagea jusqu'à elle et remarqua qu'elle était déjà inconsciente. Il la remonta à la surface et l'emmena sur la berge. Il l'étendit sur le dos et prit son pouls, elle ne respirait plus. Il lui fit du bouche à bouche et un massage cardiaque avant qu'elle ne recrache l'eau qui était dans ses poumons en toussant. Ses yeux s'ouvrirent faiblement, sa vision était trouble, elle regardait son sauveur qui la tenait dans ses bras, trempé comme elle jusqu'à l'os.

« Quand est ce que tu vas comprendre que dans ce bas monde, il y a des gens qui tiennent à toi ? » dit-il d'un ton qu'elle ne lui avait jamais entendu.

Elle fondit en larmes dans les bras du jeune homme qui la serra contre lui. Il la sécha avant d'en faire de même pour lui et la souleva de terre. Il transplanna.

Cœurs fragilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant