Prologue

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« Depuis toujours, je rêve du beau prince charmant qui viendra me secourir de ma tour. Enfin, ce jour est arrivé. »

C'est comme ça que commencent tous les contes de fées, non ? Eh bien ce n'est pas le début du mien.
Mon problème ? Personne ne sait que j'existe, ça complique un peu les choses, pas vrai ?

********

Je regarde les derniers vestiges de soleil disparaître à l'horizon. Depuis mon balcon, j'aperçois toute la cour. Il y a pleins de désavantages à faire parti de la famille royale, mais quand on est un enfant caché, les choses sont encore plus compliquées. Je ne me plains pas de ma vie, j'ai un toit, de la nourriture, de l'eau, des habits, des servants et même un piano. Il me manque juste une mère.

Il y a seize ans de cela, dix-sept dans deux jours, mon père forniqua avec une belle campagnarde du nom de Judith (ma mère, pour ceux pour qui ce serait déjà perdus). Jusque là tout va bien. Ce que je ne vous avais pas encore dit, c'est que mon père, le roi (mais à l'époque prince) était destiné à épouser la plus riche comtesse du royaume (c'est ça, ma belle-mère). Quand celle-ci apprit ma naissance, neuf mois plus tard, elle piqua une petite crise (plutôt grande, en fait) et remit en cause les fiançailles, à moins que la famille royale accepte de cacher ma naissance jusqu'à mes dix-sept ans, âge où je serais révélée aux yeux du monde. Bien évidemment, mon père, couille-molle comme il est, accepta le deal. Et me voilà donc coincée depuis seize dans une chambre de vingt mètres carré.

Une larme coule le long de ma joue pour se poser sur le tissu soyeux de ma robe. Je renifle avant de rentrer. Sur mon lit est déjà posé mon souper.

- Vie de merde, je soupire en jetant son contenu à la poubelle, tout en sachant très bien que ça énerverait Olga, ma dirigeante.

Je me couche alors dans l'espoir de faire un petit somme quand une personne toque à ma porte. Bien évidemment, je ne réponds pas.

Nouveaux petits coups, je ne bouge toujours pas. Encore du bruit.

- C'est bon, c'est bon, j'arrive, je soupire en finissant pas me lever.

Quand j'ouvre la porte et tombe face à mon père, le sourire que j'avais soigneusement mis au point s'efface.

- Père, je dis froidement.

- Amélie. Vous êtes attendue depuis vingt minutes pour les répétitions de dernières minutes. Pourquoi ne nous faites-vous pas l'honneur de votre présence ?

Est-ce que c'est normal que mon père me parle comme à une inconnue ? Rectification, je suis une inconnue, étant donné qu'il n'a jamais pris le temps d'apprendre à me connaître.

- Oh ! Excusez mon attitude et mon retard, père, je n'ai pas l'habitude qu'on considère que je suis en vie, je lui réponds avec sarcasme et amertume.

- Ne me parlez pas sur ce ton, très chère. Je vous offre un toit et de quoi vivre depuis seize ans ! Vous ne connaissez pas le nombre de personnes qui souhaiteraient être à votre place !

- Excusez-moi, votre altesse, de vous avoir importuné ! Que suis-je bête ! Tout le monde rêverait d'être enfermé dans une chambre et de se faire passé pour morte depuis qu'il est bébé !

Mon « père » soupire et secoue la tête avec pitié.

- Mon enfant, vous....

- Non ! Vous n'avez pas gagné le droit de m'appeler comme ça. Je ne suis rien pour vous et vous n'êtes rien pour moi !

Je vois son visage virer au rouge, pour finalement finir écarlate.

- Je refuse de parler de ça maintenant. Et je vous conseille de faire très attention, jeune fille. A présent, je vous ordonne de descendre et de faire ce qu'est votre devoir.

Sur ce, il quitte la pièce avec le peu de dignité qu'il lui reste encore. Je secoue la tête et essuie les larmes qui ont coulées lors de la confrontation. Je fais l'effort de passer devant le miroir pour vérifier mon maquillage et ma coiffure.

- Vie de merde, je répète alors tout en sortant de ma chambre.

Entre Nous (Tome 1, terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant