Chapitre 4 : Ce qu'il s'est passé il y a dix ans

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- Danaé... Ma chérie, nous sommes dé... commença Sophia, le visage implorant.


- Je ne veux pas d'excuses, hurla la jeune fille, les yeux rageurs et remplis de larmes. Je veux des réponses !


Tous sans exception se tendirent et reculèrent d'un pas devant sa fureur. Ses frères et sœurs (adoptifs, lui siffla son esprit) s'échangeaient des regards mais n'osaient rien dire. 

Ses parents se concertèrent silencieusement, puis son p... Ethan ferma les yeux et hocha la tête.


- Très bien. Je suppose qu'il est temps que tu apprennes tes origines.


- Il est plus que temps, cracha Danaé. Vous auriez dû me dire tout ça il y a des années !


- Cela t'aurait mis en danger... essaya Sophia, sur le bord des larmes.


- Et tu crois que je vais vous croire sur parole ? Après tous les mensonges que vous m'avez dits pendant toutes ces années ! La bonne blague ! Mais bon... persifla t- elle avec un sourire sardonique. 'À chacun son petit jardin secret', pas vrai ?


L'homme qui lui avait appris à faire du vélo et nouer ses lacets se tut et détourna les yeux. 

Il inspira longuement et hocha une nouvelle fois la tête, puis continua d'une voix légèrement tremblante :


- Je vais te raconter tout ce que je sais. Ce sera ensuite à toi de décider si tu crois ce que tu vas entendre ou pas.


- Très bien, concéda la jeune fille, s'asseyant dans le fauteuil le plus éloigné d'eux, Robin se positionnant derrière elle.


- Il y a dix ans, nous avions deux très bons amis, Nahra et Théomas, dit Théo. Ils avaient une petite fille de quatre ans qu'ils adoraient. Ils nous avaient avoué quelques mois après notre rencontre initiale qu'ils ne venaient pas de la Terre, mais d'Emrat, une planète située à des milliers d'années-lumière d'ici. Et que nos deux mondes étaient reliés par une technologie ressemblant à s'y méprendre à des miroirs. Ils nous ont alors décrit leur monde, les différents peuples, leurs magies. Puis ils se sont présentés : ils étaient des Eliatrops, un des plus vieux peuples de leur monde. Nahra était une Eliatrope comme les autres tandis que Théo était le Prince de leur peuple. Ils nous ont expliqué que les Eliatrops étaient de merveilleux inventeurs et ingénieurs, mais que leur caractéristique principale était que chaque Eliatrop naissait avec un œuf, appelé Dofus, contenant leur frère ou sœur Dragon. Nous les avons visités plusieurs fois sur leur planète mais...


- Comment s'appelait leur petite fille ? Tu n'as pas dit son prénom, le coupa Danaé, le fixant dans les yeux, essayant de retenir tout ce qui venait de lui être révélé.


- Danaé. Elle... s'appelle Danaé.


- Tiens, c'est bizarre, elle a le même prénom que moi, s'exclama t- elle en faisant mine d'être surprise. Quelle surprise, ajouta t- elle d'un ton sarcastique.


- ... Oui. Mais quelque chose s'est passé sur Emrat et il y a dix ans, nous t'avons retrouvée inconsciente ici même, ton Dofus dans les bras, avec une lettre. Elle stipulait que tu avais été envoyée sur Terre pour ta sécurité et que dans aucun cas nous ne devions essayer de contacter ta planète. Que nous devions cacher ton Dofus. Et qu'un jour... continua-t-il d'une traite avant de s'interrompre.


- Qu'un jour, tes pouvoirs se réveilleront et qu'il sera temps pour toi de rentrer chez toi, sur Emrat. Que tu devras te rendre à la Montagne aux Œufs pour faire éclore ton Dofus, poursuivit sa m... Sophia, les yeux rivés sur le tapis.


Le silence les écrasa tous sous son poids.

Personne n'osa dire quoi ce soit.


Puis, d'une voix débordant d'une furie mal contrôlée et pourtant glaciale, Danaé cracha :


- Est-ce que la lettre mentionnait que vous deviez attendre dix ans pour me dire tout ça ? Ou que vous deviez me mentir si je demandais quoi que ce soit à propos de mes origines ?


- N... non, balbutia Sophia, des larmes coulant sans retenue le long de ses joues.


- Je... vois. Et maintenant que j'ai découvert le pot aux roses, vous me mettez dehors.


- Non ! Ce n'est pas...


- Et vous ? grogna l'adolescente en se tournant vers ses frères et sœurs, ignorant le cri désespéré de la femme. Vous étiez au courant, je parie ? Je m'en doutais, grommela t- elle, prenant leur silence pour un oui unanime. Vous savez quoi ? Vous avez gagné, cria t- elle rageusement. Je m'en vais !


Danaé ignora les cris et les supplications, voulant mettre le plus possible de distance entre ces traîtres et elle.

Une tâche peu aisée quand sa vue était troublée par le torrent de larmes qui s'échappait de ses yeux.


Je m'en fiche. Je ne veux plus les voir.


Comment ont-ils pu me faire ça ?


À travers les larmes, la jeune fille aperçut une porte.


Ne se posant pas de questions, elle l'ouvrit brusquement et la referma à clé derrière elle, pour ensuite se laisser glisser par terre, libérant les sanglots qu'elle avait réussit à contenir jusque là.

Le cœur en morceaux, elle se promit de réfléchir à deux fois, si pas quatre, avant de faire confiance à qui que ce soit, adulte ou pas.


Une promesse bien amère...

Mais après tout, les trahisons le sont souvent.


Après ce qui lui sembla une éternité, ses larmes se tarirent.

Elle rassembla alors tant bien que mal les morceaux de son cœur, les recousit ensemble d'un fil de colère et de détermination et remit le résultat à sa place. Cela faisait un mal de chien, et ce serait sûrement le cas pendant longtemps, mais elle survivrait.

Il le fallait.


Les yeux rouges et gonflés, reniflant de temps en temps, Danaé releva la tête et commença à se mettre debout.


Pour retomber aussitôt à genoux, le souffle coupé, l'horreur faisant battre à la chamade son cœur meurtri.



Elle était de retour dans le bureau de son père. 

(Version 2.0) L'Éternal, Livre 1 : Le Réveil de la Princesse EliatropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant