quarante-huit.

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"Bon, on se voit ce soir alors ? Chenle a proposé un basket." Propose Jaemin à Jeno.

"Ça marche !"

La sonnerie ayant annoncé le début des cours, nous nous séparons pour rejoindre nos cours. Seulement, je sens une main me retenir. Je me retourne alors sans grande surprise quand je vois Mark face à moi.

"Hyuck, tu viens ?" M'interpelle Renjun.

"Je vous rejoins."

Il hoche la tête puis s'en va avec Jaemin. Je me mets à nouveau face à Mark et soupire en croisant les bras.

"Donghyuck, laisse moi t'expliquer..."

"Je vais être en retard Mark."

Il se mord la lèvre inférieur en regardant le sol. Je me sens un peu mal de le mettre dans un tel état.

"On pourrait se voir plus tard..." Il tente.

"Je ne sais pas, après les cours je vais faire du basket avec-"

"Est-ce qu'on pourrait essayer de régler les choses de façon mûre ? Évitons d'agir comme des enfants Hyuck."

C'est à mon tour de regarder le sol. Il a raison.

"Le basket peut attendre je suppose..."

"Tu veux bien que je m'explique alors ?"

Je le regarde sérieusement pendant quelques secondes avant d'acquiescer. Il soupire, visiblement soulagé.

"Merci Donghyuck..."

"O-Ouais... Bon, je dois y aller si je ne veux pas me faire tuer par mon prof."

Il sourit légèrement et hoche la tête.

"Toi aussi, tu devrais aller en cours."

[•••]

"Tu m'emmènes quelque part ?" Je demande en attachant ma ceinture.

"Oui, mais ce n'est rien d'extraordinaire..."

J'observe Mark attentivement. Il a l'air stressé, un peu anxieux même. Ça m'inquiète mais ça m'intrigue aussi. Pourquoi est-il dans cet état et où allons-nous ?

Le trajet est silencieux mais ce n'est pas vraiment gênant contrairement à ce que je pensais. Mark n'essaie même pas d'engager une discussion basée sur des excuses, il laisse juste la radio faire son travail pour qu'il n'y ait aucun blanc. Quant à moi, je réfléchis au plan de Mark et à notre destination.
Après quelques minutes, les battements de mon cœur s'accélèrent alors que nous entrons dans le sud de la ville. Les bâtiments toujours plus délabrés les uns que les autres, les voitures brûlées et les poubelles débordantes ne trompent pas. Je regarde rapidement Mark, qui a le regard rivé sur la route. Je l'imite donc et évite de regarder les alentours.

Après quelques courtes minutes, Mark s'arrête sur un trottoir. Il ouvre sa porte et fait le tour de la voiture avant de m'ouvrir. Quand je regarde autour de moi, un frisson me parcourt. Nous sommes encore dans le sud et l'atmosphère lourde et sanguinaire m'oppresse.

"Nous sommes chez moi." Il dit simplement avant de guider son regard vers le complexe d'immeubles face à nous.

Je le regarde, incertain. Je ne sais pas vraiment quoi dire si ce n'est que je suis surpris qu'il m'ait emmené ici. Mais je ne suis pas déçu, bien au contraire.

"Tu veux bien me suivre ?"

"Oui, bien sûr."

Je souris légèrement et le suis jusqu'au complexe. En regardant autour de moi, j'arrive à voir plus de détails dans ce qui nous entoure. Les immeubles sont assez hauts et sont délabrés. Je me demande même comment ils tiennent encore en place. Les murs sont délavés, marqués de graffitis, sales. Certaines vitres sont brisées et le seul moyen que les propriétaires ont trouvé a été de recouvrir les trous avec du scotch. En regardant Mark, je remarque qu'il a l'air plus détendu, bien que ses lèvres forment toujours une ligne droite.

"J'ai grandi ici, avec mes parents et mes deux frères."

Je relève la tête en entendant ces mots. Il a un deuxième frère ?

"Nous ne sommes plus que trois maintenant, Noah, ma mère et moi." Il dit en baissant les yeux au sol. "Je ne suis pas fier de t'avoir caché tout ça. Mais j'avais beaucoup d'appréhension et je ne suis pas autorisé à dire ce que je veux à qui je veux..."

Au même moment, nous arrivons sur un terrain de basket qui se trouve au milieu des cinq immeubles.

"Mark ! Tu es là !"

Des enfants et des jeunes d'environ six à quatorze ans arrivent vers nous, le sourire aux lèvres.

"On se fait un match ? Ça fait longtemps !" Demande l'un d'eux.

"Peut-être plus tard les garçons-"

"S'il te plaît~ Ton ami peut jouer avec nous aussi ! Comme ça on fait deux équipes de cinq !"

Mark me regarde et j'acquiesce en souriant. Ces jeunes respirent la joie de vivre et la détermination, ça me rend heureux.

"Bon, un match à quinze points alors !"

On commence à jouer, Mark et moi sommes dans deux équipes différentes mais ça ne me dérange pas. Les jeunes sont vraiment adorables et jouent très bien. Mark rit beaucoup avec eux, ils semblent être proches. C'est à ce moment que je remarque quelque chose: même s'ils ne vivent pas dans le plus grand des conforts et dans un environnement sûr, ils sont heureux, ils rient, ils vivent, et ça, peut-être plus que les gens de ma classe sociale.

Une fois le match fini, ils insistent pour une revanche, puisque mon équipe a gagné, mais Mark décline gentiment en souriant.

"On s'en fera un autre bientôt, d'accord ?"

"D'accord... Mais dans pas trop longtemps, hein !"

Mark rit et acquiesce en laissant le petit garçon, sûrement le plus jeune, le prendre dans ses bras. Il ebouriffe ses cheveux en souriant puis les salue. Je leur dit moi aussi au revoir et ils me répondent tous avec un grand sourire avant de recommencer à jouer. Je suis ensuite Mark jusqu'à un des immeubles. Nous nous asseyons sur un banc pas trop loin de l'entrée.

"Ils sont vraiment gentil." Je dis en souriant.

"Oui... Notre but est de les protéger."

Je le questionne du regard, il sourit donc et regarde face à lui.

"Un gang est fait pour protéger un territoire avant tout. Le notre, c'est la partie ouest du sud. Il ne s'arrête pas qu'à ce complexe même si c'est là qu'il a commencé. Au début il comptait dix hommes, dont mon père. C'était en 1974, soit quatre ans avant ma naissance. J'ai donc grandi au milieu d'un gang qui s'est très vite développé. Aujourd'hui on a tellement de gars que je ne compte même plus. Ceux que tu as déjà vu sont les principaux je dirais, mais nous sommes beaucoup plus que ça."

Je l'écoute avec attention. Ce qu'il me dit est très intéressant et plus il parle, plus je veux savoir la suite.

"Comme je te l'ai dit, notre but premier est de protéger ce qui nous appartient, mais c'est aussi de s'assurer que nos proches sont en sécurité. C'est pour ça que pour nous, toucher quelqu'un qui nous est cher, ou même que l'on connait tout simplement, reviendrait à nous attaquer personnellement. On ne fait pas la distinction entre autrui et soi-même." Il marque une petite pause, semblant réfléchir à ses mots. "Honnêtement, il y a tellement de choses à dire-"

"Alors dis-les. Je veux tout savoir Mark."

1997 // markhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant