I NEED U

Fake Love

Un mois. Cela faisait un mois que ses colocataires et amis avaient découvert la vérité de son histoire d'amour avec lui. Une erreur de timing. Ou peut-être l'avait-il simplement cherché. Il voulait qu'ils le sachent. Qu'ils l'aident. Qu'ils le sauvent. Une mauvaise histoire d'amour. Ça ne devrait pas exister, ce genre de chose. Ça ne devrait arriver à personne. Et pourtant ça se passait. Ça se cachait. Ça s'étouffait. Les cris se faisaient soupirs, les pleurs se faisaient sourires. La honte. Pourquoi ressentir de la honte ? La culpabilité. Comment pouvait-elle prendre le dessus ? Il n'y était pour rien. Il n'avait rien demandé. N'avait pas cherché à devenir cette victime de son propre amour. Un piège bien refermé tout autour de lui.


Taehyung passa un bras en travers de ses yeux, pour couvrir sa vue, pour cacher ses larmes. Un mois. Trente malheureux petits jours. Et tout partait en vrille. Maintenant que toute cette mascarade avait éclaté aux yeux de chacun, il ne parvenait plus à se cacher. À faire comme si. Il se sentait sale. Accepter les coups, par amour. Trouver des excuses, par amour. Survivre, par amour. Et quand l'amour s'en allait, comment faire ? Il ne savait pas. Il se roula en boule. Se mettre en danger, ressentir ce frisson, était tout ce qui lui restait. Il vivait ainsi depuis tellement de jours, de mois, d'années, qu'il ne savait plus comment vivre autrement. Et ses deux colocataires se rejetaient la faute. Il ne comprenait pas.


Les reproches fusaient. Même à travers la porte fermée, il les entendait parfaitement. Il avait besoin d'eux. Il avait besoin d'aide. Et les reproches prenaient le pas sur tout le reste. Ça faisait si mal. Il se leva. Il se fichait d'exhiber son corps trop mince. Son corps meurtri d'anciennes blessures. Il se fichait d'être en boxer, les yeux rouges de larmes, la voix rauque de sanglots. Il tituba, ouvrit la porte. Inspira profondément, comme en manque d'air. Passa dans le salon, face à eux. Et le barrage céda. Enfin. Après trente jours, ce mois si long, il céda.

« Arrêtez ça... Arrêtez, je... j'ai pas... vous n'êtes pas responsables et... j'ai besoin de vous... Je tombe. »

Il vacilla, faible, fragile, blessé.

« Il est parti grâce à vous et... ça faisait si mal et... son absence me ronge... parce que... je l'aimais malgré tout... Je l'aimais malgré moi. »

Il ferma les yeux. Son corps si léger lui paraissait d'une lourdeur sans nom. L'amour brisé ressemblait à une multitude de petits poids en plomb enfoncés partout sous sa peau.

« Il était... il était tout et... ses coups étaient... une mort lente et... je survivais par amour... parce que... je pensais... j'étais sûr qu'il avait besoin de moi... J'avais besoin de lui. »

Il rouvrit les yeux.

« J'ai honte de... d'avoir été... une proie pour lui... Je me sens... tellement coupable... d'avoir provoqué... une telle colère et... une rage de détruire... chez lui... Je suis perdu. »

Il trembla, de froid, de peur, de douleur.

« Sans lui... je ne sais plus... j'ignore... comment survivre... Je veux juste mourir. »

Disparaître enfin. Ne plus réfléchir, ne plus souffrir, ne plus exister. Ses paupières s'abaissèrent à nouveau. Et il cessa juste de lutter.


Des doigts doux jouaient tendrement avec ses cheveux. Était-ce lui qui était revenu pour se faire pardonner, comme avant ? Taehyung n'était pas sûr que ça lui plairait. Il avait déjà tant de mal à se défaire de lui, de son emprise... Il battit des cils, respira plus vite, ouvrit les yeux. Déchirement et soulagement se mêlèrent au fond de lui. Son colocataire était installé à genoux à côté du canapé et lui caressait les cheveux. Son sourire aux yeux plissés manqua de lui faire monter les larmes aux yeux. Il était bien trop sensible depuis un mois.