Nouvel Eden

Chapitre 2

Le largage est brutal, mais je suis préparé, j'encaisse le choc du changement soudain de vitesse comme on me l'a appris.

— Bienvenu à bord de Air Eden, veuillez bouclé votre ceinture et conserver à l'intérieur du compartiment, bras, jambes et tête, plaisante la commandante. Vous atteindrez l'atmosphère terrestre dans approximativement dix minutes. Température au sol 38°C et grand soleil.

J'entends en arrière-plan le décompte pour Adam19, j'essaye de me concentrer sur la voix de la commandante pour empêcher mon estomac, pourtant habituellement solide, de remonter dans ma gorge. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment.

Le choc lorsque la capsule percute la première couche d'atmosphère me secoue et je sens les ceintures dont je suis bardé s'enfoncer douloureusement dans mes chaires malgré la protection de ma combinaison, pourtant, je suis incroyablement heureuse d'être ainsi harnaché.

— To...va...en ? Demanda la commandante d'une voix hachée.

— ça secoue ! Je lâche entre mes dents.

La seconde d'après j'ai l'impression que quelque chose d'énorme viens percuter ma capsule qui commence à tourner sur elle-même.

— Commandante, qu'est ce qui se passe ?! Je hurle dans l'espoir d'avoir une explication alors que mon cœur et tous mes organes remonte dans ma gorge.

Par la vitre en plexiglas, je vois tantôt la terre, tantôt l'espace alors que je vrille de plus en plus vite.

— Je....pris...rde...calme Eve... capsule...19 ....dévié... trajectoire... percuté... entr... atm... , on fait....pouvoir ... stabilisés.

L'explication entrecoupée de la commandante, dites d'une voix inquiète, ne me rassure pas. Je suis ballottée dans tous les sens et ça n'as rien d'une attraction. Le bruit de l'air contre la coque de ma capsule faire un bruit effrayant et je vois la terre se rapprocher vite et en même temps pas assez. Si je dois mourir aujourd'hui, j'ai tout le temps de le voir venir.

— Commandante ! j'hurle dans une énième secousse.

Ma tête par en avant et cogne contre la trousse médicale solidement harnacher, puis elle repart en arrière et heurte les matelas à mémoire de forme si violemment que je sens presque la carlingue derrière. À droit à gauche, mon corps et secouer, je dois perdre connaissance un instant, car quand je reviens à moi, la commandante parle de nouveau.

— Act... para...manu... ! ...perdu... trôle ....cap...ule,...tive...chute... réa...ellement. Main...enant Eve !

Terriblement, lentement, je lève maladroitement mon bras vers le bouton pour les réacteurs, près du levier qui sortira le parachute. J'ai du mal à me concentrer sur mon objectif, ma main part dans tous les sens, j'ai l'impression que je n'y arriverais jamais. Pourtant, mes doigts réussissent à appuyer sur le bouton des réacteurs qui se mette en branle dans une grande secousse. Ma vision est floue et j'ai du mal à voir les informations qui défilent sur l'écran intégré, qui me donne ma vitesse et ma distance au sol. Si je vais trop vite, le parachute se déchirera en l'ouvrant, si je ne suis pas assez haut, je m'écraserais dans une gerbe d'étincelles et de flamme spectaculaire visible depuis l'espace.

Au moins les réacteurs on eu l'utilité de stabiliser un minimum ma capsule, même si d'après la vision que j'ai, je suis dans le mauvais sens. Je ne vrille plus, mais je ne ralentis pas non plus.
Dans ce genre de situation, les personnages des romans que j'ai lus, jurent en cherchant une solution. Mais comme je n'ai pas le droit de juré, je me suis suffisamment fait réprimander pour ça dans ma jeunesse, je me contente de réfléchir à une solution.

Depuis l'œuf, je ne peux rien faire, je n'ai aucun contrôle, autre que les parachutes et les réacteurs. Je ne suis pas sensée piloter la capsule, elle est juste là pour faire un trajet, partir de la base spatiale et se poser au Sanctuaire.

Ma seule solution réside à ouvrir le parachute. Et bon sang, il existe tellement de possibilités différente pour que ça ce passe mal. Déjà, ma vitesse peut déchirer le parachute, malgré le fait qu'il soit fait en fibre de titane souple. Ensuite, la capsule peut décider de ne pas se remettre dans le bon sens et les parachutes peuvent se prendre dans les réacteurs, là, c'est directement le feu d'artifice.

Mais si j'attends plus longtemps, ma vitesse ne réduira jamais, et je vais percuter la terre à la vitesse d'une météorite de deux cent kilogrammes.

— Eve18 a base, je cris dans l'espoir d'être entendus par les micros tout autour de moi. Je me dirige vers la terre... (j'essaye de voir la vitesse sur l'écran, mais ma vision est encore floue) je me dirige vers la terre beaucoup trop vite, et je ne suis pas dans le bon sens, mes réacteurs sons fonctionnel mais ne me ralentisse pas. Je dois déployer mes parachutes.

À peine ces mots sont-ils sortis de ma bouche que je me saisis du levier et l'abaisse de toutes mes forces. Il y a une seconde de flottement pendant laquelle il ne se passe rien, puis une brusque secousse me déboussole, il me faut donc une minute pour m'apercevoir que la terre se rapproche vraiment très vite. Le parachute m'a remis dans le bon sens, mais il ne me ralentit pas assez. Je vais m'écraser.

En quelques secondes, j'atteins le sol. Puis plus rien.