Aix-en-Provence, le 27 Avril 2020
c'est une trop matinée douce
où s'essorent les cœurs
et tu es là
tu es toujours là
tu es trop là
j'évite ton visage comme les marins la tempête
je couche sur le papier des fleurs et des fêtes
évapore-toi
cesse de réclamer
tu n'auras plus rien
tu as en a déjà trop consumé
tu empestes la naïveté et l'arsenic
même le moineau est ivre de ton aigreur
les peupliers s'affolent pour ne pas
t'affronter
c'est une trop douce matinée
où s'essorent les cœurs
et tu n'es pas là
tu n'es plus là
tu n'es plus jamais là
je chasse ton regard comme un candide chasserait l'amour
et j'absorbe les liqueurs et les voluptés des tambours
reviens-moi
je te réclame
je te donnerai plus encore
bien que tu aies déjà tout emporté
tu sens la crème et l'eau à la violette
la vie n'essaie pas de te quitter des yeux
et les arbres en s'arc-boutant, implorent
le monde est fiévreux
