Il fallait avouer qu'avoir Hermione dans son camp n'était pas aussi désavantageux que je l'aurais cru. Dieu merci, elle ne me poussait pas à rester seul avec Harry ou à lui parler de...soit. Oh, bien sûr, l'entendre glousser dans mon dos était loin d'être plaisant, mais elle m'était d'une grande aide émotionnelle. Elle semblait avoir compris que la situation était compliquée. Quand Harry et Ginny commençaient à se rapprocher, elle faisait en sorte de nous extraire de la pièce, pour aller passer un bon moment à se changer les idées.
Mon meilleur ami et ma sœur étaient d'une proximité cauchemardesque. Je la voyais sans cesse débarquer dans les couloirs pour « nous » saluer. Harry rougissait toujours avec timidité. Par Merlin, qu'est-ce qu'il est beau quand il rougit. Quand ses lèvres s'étirent pour former un petit sourire gêné.
Presque à chaque fois que cela se produisait, Harry quittait Ginny des yeux un court instant pour me regarder et me sourire. L'air de dire « Je suis désolé de sortir avec ta sœur, ne m'en veux pas ». Ou peut-être était-il plutôt entrain de crier « A l'aide, c'est gênant !! ». Qui sait.
Je passais de bons moments avec Hermione dans le parc ou à déambuler dans le château, l'air de rien. Je crois que notre amitié m'avait manqué, finalement. C'est vrai, c'est une putain de rabat-joie, mais quand ton meilleur ami dont tu es amoureux passe son temps à se faire bécoter par ta sœur, se changer les idées est plutôt agréable. Oh purée, mais qu'est-ce que je raconte ?
Bref. Ma relation avec Harry était au point mort. C'est vrai, quoi. Harry ne m'envisagerait jamais tant que je ne lui dirais rien. Et je ne dirais rien tant qu'il resterait avec ma petite sœur. Et il ne quitterait jamais Ginny tant qu'il aurait cet air amoureux sur le visage.
Un soir, alors que Neville ronflait déjà et que nous venions de terminer nos devoirs avec Hermione et que nous étions en train de nous mettre en pyjama, Harry me fit un sourire en coin.
- Alors, on dirait que ça va bien entre toi et Hermione, dit-il assez bas pour ne pas réveiller nos camarades.
Je le regardai, éberlué.
- Quoi ? Hermione ?
Harry passa son pyjama au-dessus de sa tête_ cachant son torse un peu trop vite à mon goût_ avant de minauder :
- J'ai remarqué que vous vous éclipsiez souvent, tous les deux. Alors, ça avance ? Des moments entiers seul à seul dans le parc, ça doit te faire plaisir, non ?
Je sentis mes oreilles chauffer. Ce mec ne comprenait décidément rien à rien !
- N'importe quoi. C'est toi qui passes tes journées avec ma sœur, c'est pas ma faute !
Harry, qui était en train d'ouvrir ses rideaux, se figea dans son mouvement et se retourna, l'air inquiet.
- C'est à cause de ça ? Mince, je pensais que ça ne te ferait plus rien...
Bordel, mais pourquoi me regardait-il avec ces yeux émeraude, pourquoi se sentait-il mal pour moi ?! Pourquoi avais-je l'impression qu'il ressentait la même chose quand il ne faisait que s'excuser de fréquenter ma sœur ?
- Non, je...
- Ne t'inquiète pas, ce n'est pas ta faute, c'est normal, me coupa Harry en m'offrant un sourire d'excuse, je ferai plus attention quand tu es là.
Il ne me laissa pas le temps d'objecter, me souhaita bonne nuit et se coucha, refermant les rideaux sur lui. Me laissant comme un con, seul dans le noir, à me demander ce qui clochait chez moi, et pourquoi cette discussion avait le goût d'une dispute. Et puis je grommelai avant de me coucher à mon tour. Mais je n'arrivais pas à dormir, je n'arrêtais pas de repenser à tout ça. C'était une bonne chose qu'il décidât de m'épargner la vue de leurs effusions...non ? Dommage que ce fût pour la mauvaise raison...
Je trouvais que je réfléchissais beaucoup trop, ces temps-ci. Attendez, Ronald Weasley, l'éternel fou du roi, en train de réfléchir à ses états d'âme ?! C'est que je ne me reconnaissais plus !
- Je vais te laisser seul.
Je me redressai en sursaut. J'étais allongé sur le canapé du salon.
- Quoi ? demandai-je en tournant la tête de tous côtés.
- Je vais partir, et te laisser tout seul.
C'était la voix de Harry.
- Tu... où es-tu ?
- Qu'est-ce qui ne va pas mon chéri ?
Maman ? Mais, qu'est-ce qu'elle foutait là ? Elle se tenait devant moi, avec un tablier et un gnome de jardin mort dans la main droite. Attendez, mais qu'est-ce que je faisais au Terrier, au juste ?
- Il... il a dit...il va me laisser seul ! je lui expliquai sans trop réfléchir, en proie à une détresse folle.
Maman sourit.
- Evidemment qu'il va te laisser seul mon petit Rony. C'est Harry Potter ! Il va se marier avec ta sœur et partir vivre en Alaska avec ses trois enfants et son chien. Enfin, s'il ne meurt pas avant !
Elle s'esclaffa à ces mots avant de s'approcher de moi et me caresser les cheveux.
- Et toi, mon Rony, tu vas rester ici pour porter le sac de Percy.
- Percy ?
- Bien sûr ! Maintenant qu'il est Ministre de la Magie, il aura besoin d'un petit chien pour le suivre partout et porter ses dossiers ! Quelle chance !
Et elle éclata à nouveau d'un rire cristallin qui ne lui allait pas.
- Mi...Ministre ? balbutiai-je. C'est un cauchemar !
- Aller mon chéri, Hermione t'attend. Tu ne voudrais pas être en retard à ton mariage !
C'en était trop ! Je me levai d'un bon et couru jusqu'à la porte la plus proche, mais elle était verrouillée. Je regardai par la serrure...et surpris Harry entrain de bécoter langoureusement ma sœur. Il l'attrapa par la taille pour raffermir sa prise, et Ginny fourrageait dans ses cheveux.
J'en eu assez de cette vision d'horreur et tambourinai à la porte.
- Arrêtez ! Arrêtez, Harry arrête !
- Toi, arrête !
Je me réveillai en sursaut, le corps tremblant et trempé de sueur. J'étais de retour dans la tour des Gryffondor, et l'un d'eux me regardait avec un air mi contrarié mi amusé. Je me redressai et me teins la poitrine dans l'espoir de faire cesser ces horribles tambourinements qui allaient bientôt percer un trou dans ma cage thoracique.
- Qu'est-ce que je devrais arrêter ? me demanda Harry quand mes tremblements furent calmés.
- De... manger mes chocogrenouilles, menti-je du mieux que je pus.
Il n'eût pas l'air convaincu mais ne posa pas plus de questions. Il s'assit sur le bord de mon lit et soupira avant de dire d'une voix timide :
- Je te trouve bizarre, en ce moment. Tu m'évites et j'ai l'impression qu'il n'y a plus rien de vrai dans ce que tu me dis.
Je ne répondis pas. A tous les coups, je me trahirais si j'ouvrais la bouche. Harry passa une main dans ses cheveux, comme s'ils n'étaient pas déjà assez désordonnés.
- Si... s'il y a quelque chose dont tu ne peux pas me parler, même à moi... Enfin...je ne suis pas doué pour ce genre de choses, tu sais bien, grommela-t-il entre ses dents. Mais... j'espère que ça ira, et que tu trouveras quelqu'un à qui en parler.
Mon cœur s'était remis à tambouriner dans ma poitrine, menaçant de sortir pour hurler «JE SUIS DINGUE DE TOI, HARRY, C'EST BIEN ÇA LE PROBLÊME ! ».
- Ce n'est pas... tu es mon meilleur pote.
Il sourit, l'air rassuré.
- Bon ! Alors, prêt pour l'entraînement de Quidditch ? T'as beau être meilleur pote avec le capitaine, si t'arrives en retard tu vas te faire engueuler !
C'est alors que je remarquai son uniforme rouge et or, et en riant il se leva et se retourna avec à mes yeux la grâce d'un prince pour avancer d'un bon pas vers la sortie, me laissant seul dans la tour.
.
..
- MERDE !!
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Harry Potter/Rarry: Le Rugissement du Lion
Fanfiction"Tu crois que c'est possible? D'être amoureux... de son meilleur ami ?" Harry, Ron et Hermione sont en 6ème année à Poudlard. Mais Ron, qui s'est récemment découvert des sentiments pour Harry, peine à s'assumer et balotte entre son envie de se décla...