Chapitre 6 : Une insouciance volée

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Quand je suis rentrée au lycée, j'étais « perturbée ». Je n'étais pas affectée au lycée dont je rêvais. Pourtant, j'avais de très bons résultats, et j'ai même eu mon brevet avec mention bien. Mais ce n'était pas mon lycée de secteur. Et je hais l'administration... Parce que, si j'avais suivi mes projets, je ne t'aurait jamais croisé. Et à l'heure actuelle, je pourrai me regarder dans le miroir, sans détourner le regard. Je pourrai regarder mes parents, sans culpabiliser. Je pourrai leur dire  « Vous pouvez être fière de votre fille, qui a eu un seul et unique homme au lit, dans sa vie ». Mais le destin, aussi hasardeux soit-il, a décidé que cela devait être autrement... Je n'avais pas le droit au bonheur... Pas à quinze ans. Parce que quelques mois après, c'était toi qui avait décidé de dicter ma vie. Je te hais.

Alors, je suis rentrée dans un lycée qui ne me plaisait pas. Et le cauchemar a commencé . Je suis rentrée en seconde, avec appréhension. Je n'étais pas avec mes meilleurs amis, qui étaient plus jeune que moi. Je me sentais seule. Et mon monde s'écroulait, au fur et à mesure que je grandissais.

Je t'ai rencontré dans le bus, cher agresseur. Tu es devenu mon ami. On rigolait et parlait ensemble. Tu avais dix neuf ans. Tu étais, comme un grand frère pour moi. Je te racontais mes histoires, mes doutes, mes peurs. Tu étais là, Tu m'écoutais. Tu me raconté à quel point tu aimais ta copine. C'était mignon. Tu semblais heureux. Mais possessif. Tu lui envoyé pleins de messages. Tu voulais savoir ce qu'elle faisait, ou elle était, avec qui. Mais cela ne m'inquiétais pas. Parce que je pensais, que tu réagissais comme ça, parce que tu l'aimais si fort, que tu avais peur de la perdre. Alors, je te réconforté. Comme une petite sœur aurait réconforté son grand frère. Tu me prenais sur tes genoux, tous les matins, dans le bus. Parce qu'il n'y avait jamais assez de place dans le bus pour moi. Et je trouvais ça normal... parce que j'étais jeune, et seule.... Et que j'appréciais parlé de mes problèmes avec toi. Parce que, tu avais toujours les mots justes. Tu as vu, comme tu étais important pour moi, AVANT, cher agresseur ? Tu as remarqué, à quel point j'étais naïve ? J'avais confiance en toi.

Quand je t'ai rencontré, je sortais avec un garçon. Il s'appelait Louis. Il m'a rendu heureuse. Il m'a fait oublié Luca. Quelques temps. À distance. Et le jour où il m'a quitté, j'étais triste. Dévastée. Parce qu'encore une fois, on m'abandonnait. Alors, j'ai passé la nuit a pleuré. Et j'étais beaucoup trop jeune, pour comprendre que celui que j'aimais, par-dessus tout, c'était Luca. Mais Luca n'étais pas là. Il n'était pas au lycée. Je ne le voyais presque plus. J'avais pas vraiment le droit de sortir. Et avec le recul, je comprend mes parents. Parce que le danger est partout. Partout. Partout. Et parfois même, dans ton propre bus scolaire...

Le lendemain où Louis m'a quitté, j'ai pris le bus. Comme tous les matins. Je commençais à dix heure ce jour là. C'était un mercredi. Le mercredi 10 décembre 2014. Je suis allée au lycée pour huit heure ce jour là. Je ne voulais pas affronter mes parents, parce que j'étais triste. Et à quinze ans, papa et maman n'auraient pas compris qu'une rupture amoureuse me fasse du mal. Ils auraient certainement pensé que j'étais trop jeune. Et ils auraient certainement eu raison.

Comme tous les matins, tu étais dans le bus, cher agresseur. Et je n'ai pas voulu te rejoindre. J'étais assise, seule. Et tu m'as envoyé un message pour que je vienne m'asseoir sur tes genoux. Et c'est ce que j'ai fais. Je pleurais.... Tu m'as consolé. Et tu m'as demandé qu'on reste ensemble, jusqu'à ce que je commence les cours.... Pour « parler ». Alors, j'ai accepté... Je t'ai suivi. Mais je ne parle pas de la même façon que toi, TU parles. Moi, je parle avec des mots, avec la voix. Toi, Tu parles avec tes mains, avec des gestes, avec ta langue, avec des coups, avec brutalité.... Toi, Tu parles d'une façon, dont j'ignorais l'existence. 

Et ta soi-disant « façon de parler » ce jour là, a détruit ma vie entière. Et j'y repense encore et encore.... Des années après... Parce que les images défilent, encore et encore... Parce que ce jour est gravé à jamais... Mais je ne rêve que d'une chose, cher Agresseur... C'est d'oublier... Je veux pouvoir me retourner, sans avoir l'impression que ton ombre me suit. Je veux pouvoir passé devant des ruelles, sans détourner le regard. Oubliée cette violence, ce mal être, cette colère et cette tristesse.

Et pouvoir vivre... Encore et encore...

Jusqu'à mon dernier souffle... 

Jusqu'à mon dernier souffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant