Chapitre 13 : Mon Dernier Souffle...

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Après avoir profité de cet été 2015, il a fallu que je rentre chez moi. Et le retour à la réalité était atroce. J'ai tellement pleuré. J'avais tellement peur. J'étais terrorisé. J'avais peur de te voir, oui. Peur que tu m'attendes, au pied de ma porte d'entrée, un bouquet de fleurs à la main, pour montrer à mes parents que tu étais un parfait gentleman.

Tu ne l'as pas fait. Et heureusement.

Tu ne m'as pas fait de mal quand on s'est revu à mon retour de vacances. Parce que nous étions avec ma meilleure amie, près de chez toi. Alors, on s'est promené tous les trois. C'était bien. On a rigolé. Alors, oui, c'était relativement bien. Parce que tu ne m'avais pas habituée à cela. Tu ne m'avais habituée à aucune complicité.

Je trouvais cela étrange ! Pourquoi étais-tu si gentil avec moi ? Mais je ne t'ai pas posé de questions, pour ne pas éveiller les soupçons auprès de ma meilleure amie.

J'ai réussi à être affectée au lycée que je voulais finalement. Alors, je suis entrée dans un autre établissement scolaire. J'étais en première. Et ma meilleure amie m'a suivie, dans le même lycée. Et j'ai commencé à reprendre mes repères, auprès d'elle.

Quelques jours après la rentrée scolaire, le 07 septembre 2015, tu m'as quittée, par message.

Le jour de nos « 5 mois ». Je ne savais pas comment interpréter cette rupture. Tu m'as dit qu'on n'allait « plus se voir », parce que j'avais « changé de lycée », et que c'était « sans doute mieux ainsi », parce que tu étais quelqu'un qui avait « toujours besoin de voir sa copine » et que tu ne voulais pas d'une « relation à distance ».

J'étais dans le bus quand j'ai reçu ce message de ta part. J'ai arrêté de sourire et d'écouter ma meilleure amie qui me parlait. Ma vie a commencé à défiler devant mes yeux... Je voyais les maisons et les arbres à travers la fenêtre du bus, défilaient tellement vite, que je pensais m'évanouir.

En l'espace de quelques secondes, ma vie venait de changer de direction. Comme si le bus s'était trompé de chemin pour aller au lycée, et qu'il m'emmenait vers des lieux inconnus.

J'étais perdue. Alors, j'ai continué à regarder ces maisons et ces arbres défilaient sous mes yeux, par la fenêtre du bus, en me demandant ce que j'allais devenir. Tu n'étais plus là, cher agresseur.

Mais qu'allait réellement devenir ma vie ? Qui allait à nouveau la contrôler ? Je n'étais pas capable de le faire, moi-même... J'étais trop habituée à toi. Je vivais en suivant les règles que tu me fixais. Et si tu n'étais plus là ? Cela voulait-il dire qu'il n'y avait plus aucune règle ? Cela voulait-il dire que j'étais... libre ?

Aussi étrange que cela puisse paraître, je me sentais vide. Tellement vide. Je n'avais aucune émotion. Je regardais par cette fenêtre de bus, encore et encore et encore, sans ressentir la moindre émotion. J'étais perdue, oui. Perdue, et terriblement seule. Seule, alors que ma meilleure amie était assise juste à côté de moi. Je voulais cesser de respirer. Parce que j'avais terriblement peur de ma nouvelle vie.

Est-ce que j'allais vivre la même chose que j'ai vécue avec toi ? Avec un autre garçon que toi ? Est-ce que j'allais encore devoir cacher mes sentiments, mes émotions, pour me soumettre à un homme, autre que toi cette fois ? Cette idée me terrorisait encore plus... Je n'étais encore qu'une enfant, cher agresseur, et tu as vu à quoi je pensais... à cet âge ? Quand tu as décidé que nous deux, c'était terminé ? Du début à la fin de notre relation, tu as tout contrôlé. TOUT, TOUT, TOUT !

Tu as contrôlé mes actes, mon corps et le moindre de mes mouvements. Tu as choisi une date précise pour qu'on se « mette ensemble », tu as choisi une date précise, pour me « quitter ». Et je ne savais plus quoi penser. Je ne savais plus comment respirer. « J'ai besoin d'air, je vous en prie, aidez-moi à respirer ». Parce que je m'étouffe. Je veux disparaître. Cesser de vivre. Je voulais une fois encore, ce soir du 07 septembre 2015, que mon cœur s'arrête... Je voulais que ce soit... Mon dernier souffle...

Et dans cette obscurité oppressante, alors que l'automne approchait et que les jours se faisaient plus courts, j'ai ressenti un désespoir si profond que les larmes ne pouvaient plus le contenir. Chaque battement de mon cœur me semblait une punition, chaque respiration une épreuve. Je me suis mise à douter de tout, à remettre en question chaque instant partagé avec toi. Toutes ces illusions, ces mensonges déguisés en douceur alors qu'ils n'étaient que douleur....

Le temps passait, mais la douleur restait. Elle se faisait plus sourde, plus insidieuse, se mêlant à chaque fibre de mon être. La lumière des jours heureux s'était éteinte, ne laissant qu'un vide immense et effrayant. J'avais perdu mon innocence, sacrifiée sur l'autel de tes caprices.

Il me fallut du temps pour comprendre que cette liberté que je redoutais tant était aussi une promesse. La promesse d'un futur où je pourrais être moi-même, sans chaînes, sans peur. Un futur où je pourrais renaître de mes cendres, plus forte et plus résiliente.

Ce soir-là, sur le retour de l'école, dans le bus, j'ai décidé que je ne te laisserais pas avoir le dernier mot. Que malgré la douleur, je trouverais un moyen de me reconstruire. Parce que la vie valait la peine d'être vécue, même si elle était remplie de cicatrices. Parce qu'au fond de moi, il restait une étincelle, un espoir ténu mais tenace.

Et c'est cet espoir qui m'a portée à travers les ténèbres, vers une nouvelle aube. Une aube où, enfin, je pouvais être libre de respirer, libre de vivre.

Jusqu'à mon dernier souffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant