Black Wings : Tome 1

Chapitre 2 (édition août 2022)

« Keep You Safe »

Kyle

Dring. Dring. Dring.

Un bruit tentait de m'extirper de mon sommeil. Je mis un coussin sur ma tête pour ne plus entendre cette horrible sonnerie, en vain. D'une humeur de chien, j'attrapais mon téléphone sur la table basse et répondais à l'appel sans même regarder l'identité de mon interlocuteur.
J'étais plus poche du monde des rêves que celui de la réalité que je mis un temps à comprendre les mots qui sortaient de mon téléphone.
- ... réunion dans quinze minutes.
- Quoi ? Dis-je en frottant mes yeux ensommeillés.
- Amène ton cul au club. Réunion dans quinze minutes, répéta la voix avant de raccrocher.
D'une démarche lente, je me dirigeais directement vers la salle de bain attenante à ma chambre pour prendre une douche. C'était la seule chose qui arriver à me réveiller le matin. Plus le café.
Je me lavais rapidement puis me préparais pour rejoindre le club en jetant au passage un coup d'oeil au réveil. Huit heures vingt-sept. Le soleil c'était déjà levé, ses rayons éclairant la pièce.
Cinq minutes plus tard, après un petit déjeuner et une toilette rapide, je montais sur ma moto direction le club house.

***

       Tous les membres étaient autour de la table. Cole se trouvait à ma droite tandis que Scott était nonchalamment assis sur la chaise à ma gauche. Cet abruti était celui qui m'avait extirpé de mon sommeil. C'était bien le seul qui ne redoutait pas ma mauvaise humeur du matin et c'était pour cela qu'il était le seul à oser me réveiller.
Cependant cette fois-ci, c'était pour le club et non pas par amusement qu'il m'avait appelé.
Alors que tout le monde était plus ou moins réveillé, le président, Évan prit la parole :
- Bonjour à tous. Ce n'est pas par amusement que je vous ai réuni aujourd'hui, déclara-t-il d'un ton sérieux. Hier, j'ai reçu la visite de Duke. Il m'a confié que la police enquête sur une affaire nous concernant et qui date d'il y a trois ans. Une enquête aurait été réouverte suite à de nouveaux éléments.
La pièce s'emplit de grognements venant de toutes parts. Personne ici n'aimait que la police se mêle de nos affaires.
Heureusement Duke était la pour nous informer et nous conseiller la plupart du temps. C'était un ami du club, il nous prévenait parfois de ce qui se passait au sein de la police.
- Je n'en sais pas plus que ça alors je vous demande de faire attention à ce qui se passe autour de vous. Ne faite rien qui pourrait vous porter préjudice. Et appelez-moi immédiatement si l'un de vous reçoit la visite de la police, conclut-il en regardant chacun de nous dans les yeux.
Quand son regard se porta sur moi, je lui adressais un hochement de tête. Je ne doutais pas qu'il veuille me parler en priver de cette histoire.
Evan nous libéra en nous rappelant que Mike, Steven, Tony et lui partaient dans deux jours pour quelques nuits pour visiter plusieurs établissements dans le Nevada.
En effet, depuis que le club ne trempait plus dans les activités illégales, nous investissions dans divers secteurs dont l'immobilier et la restauration. Grâce à ça, le club  continuait à vivre et plus encore.
Cela avait mis du temps pour blanchir totalement le club-house. Mais au final, tout marchait bien et les problèmes avec les flics étaient de l'histoire ancienne. Du moins, jusqu'à aujourd'hui.
Je suivis le président le long du couloir qui mener à son bureau et fermai la porte derrière moi pour nous donner de l'intimité. Comme à son habitude, Évan alla s'installer sans un mot derrière son bureau et ne prit pas la parole tant que je n'étais pas assis face à lui.
- Je n'ai pas tout dit aux autres mais Duke a sous-entendu que l'affaire serait bien plus importante qu'il n'y paraît. Beaucoup de personnes seraient sur le coup et cette enquête viserait directement des membres du cub.
En tant que bras droit, j'étais le second membre du club dans la hiérarchie ce qui me donnait plus de responsabilité que d'autres.
- Ne pas leur dire leur évitera de se comporter comme des suspects si les autorités gardent un oeil sur chacun de nous, poursuivit-il.
- D'accord. Je ferai attention sur ce qui se passe autour du club pendant que tu ne seras pas là, répondis-je. En revanche à ton retour il faudra qu'on discute à propos des Bloods. Depuis quelque temps ils deviennent de plus en plus menaçants et certains d'entre eux ont été vus aux frontières de notre territoire.
Il prit une profonde inspiration et se pencha en arrière dans son fauteuil tout en fermant les yeux.
- Pas de soucis. Ces connards croient que depuis que l'on a arrêté toutes les merdes illégales dans la ville ils ont droit de nous marcher sur les pieds, soupira mon supérieur.
À ce moment, il semblait plus fatigué que je ne l'avais jamais vu depuis que je le connaissais.
Je le voyais de moins en moins sourire ces derniers temps mais j'avais mis son attitude sur les problèmes que l'on rencontrait au Red. Red était le lieu préféré des membres du club. C'était le premier établissement que le club avait acheté. Restaurant le jour et discothèque la nuit, le monde était toujours au rendez-vous et nous rapportait de beaux bénéfices. Plus que tout, la grande pièce entièrement réservée aux membres nous permettait d'être à l'écart du reste de la population qui nous dévisageait comme des bêtes dès qu'ils nous voyaient.
Tout de même, je soupçonnais de plus en plus Évan d'avoir des problèmes personnels. Aussi seul qu'au premier jour où je l'avais rencontré, la solitude devait lui peser et ce n'était pas les brebis qui allaient combler ce vide.
Cependant, le connaissant je savais qu'il ne servait à rien d'essayer de le faire parler. Avant de sortir, je tentais quand même :
- Si tu à des problèmes, n'oublie pas que je peux t'aider Évan.
Alors que je m'attendais à ce qu'il m'envoie bouler, il me surprit en me répondant d'une voix rauque.
- Ce n'est rien. Je n'ai pas de problème, sauf si tu penses que mes émotions le sont.
Sans savoir trop quoi répondre, je restai là planté au sol.
- Ça va passer ne t'inquiètes pas, continua-t-il puis en voyant que je ne bougeais toujours pas, file mon garçon.
Et c'est ce que je fis. En fermant la porte derrière moi, je me demandais bien ce qui venait de se passer. Le président ne m'avait jamais semblé autant ébranlé qu'à l'instant. Dans mes pensées, je rejoignis les autres au salon.