Prologue (édition août 2022)

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      Cours, ne t'arrête pas, cours, ne t'arrête pas...
Tel est le mantra que je me répétais depuis des heures. Car je savais que s'ils me rattrapaient, je subirais bien pire que toutes les autres fois. Après tout, j'étais leurs jouet préféré. Celle sur qui se défouler. Celle qui encaissais mieux que les autres. Celle qu'ils voulaient briser.
Puisant ma determination dans ma rage de vivre, je rassemblais mes dernières forces pour avancer. Je savais que je n'allais pas tenir le rythme encore bien longtemps et qu'au risque de m'effondrais sur place, je ne pouvais pas faire de pause.
Il fallait que je me mette en sécurité le plus vite possible.
Ma cheville me faisait un mal de chien à tel point que je n'osais pas baisser les yeux sur elle pour voir les dégâts. Je sentais la piqûre de l'air froid sur les plaies qui s'étalaient partout sur mon corps. La fatigue s'accumulait et alourdissait mes paupières.
C'est à ce moment là qu'une lumière s'alluma au loin. Sur mes gardes, je m'approchais doucement vers la source de lumière. Devant mes yeux se dessina la facade d'une petite maison en brique cachée par des feuillages et des arbres. La fenêtre et la porte étaient à peine visibles tellement elles se fondaient dans la nature. Seul la lueur de vie dans l'obscurité m'avait permis de voir la vieille bâtisse.
Je l'observais un long moment avant de me décider à m'approcher. Je ne voulais pas risquer ma récente liberté mais je ne pouvais pas non plus risquée de m'effondrer loin d'un abri, ce que j'en suis sûr aller bientôt arriver. 
Du mouvement derrière les vieux rideaux de la fenêtre me fis sursauter.
Je clignais des yeux de plus en plus lentement au fur et à mesure que mes jambes me portaient jusqu'à la porte dissimulée. Mon énergie me quitta soudain et je ne pus éviter le sol qui s'approchait dangereusement de moi.
J'entendis vaguement ce qui me semblait être le bruit d'un vase qui se brisait au sol. J'essayais de garder mes yeux lourds ouverts en vain.
Un cri résonna dans ma tête sans que je puisse determiner son origine. Finalement, je sombrais dans les bras de Morphée.

***

Boum boum. Boum boum. Boum boum...
Le martèlement dans mon crâne me réveillât. J'avais l'impression que mon cerveau allait exploser sous ma tête.
Comme tous les jours, j'ouvrais les yeux sur le plafond froid de ma prison. Un prison que je detes...
Non ! Le plafond que je fixais m'était inconnu. Je pris soudain conscience de mon environnement. J'étais sur un lit. Les draps soyeux sous mes paumes me donnaient envie de me fondre dedans.
Ignorant la raideur de mon corps, je tentais de me mettre en position assise. Une fois à peu près droite, je pu voir la pièce dans laquelle je me trouvais. Les murs était décorés d'un papier peint vieillot. Une armoire qui semblait prête à s'effondrer à tout instant se trouvait dans un coin. Un miroir et divers objet étaient poser sur une commode face au lit. Près de la porte, on pouvait admirer dans un cadre une photo en noir et blanc représentant un jeune couple entrain de s'enlacer. Perdue dans mon observation, la porte qui s'ouvrit me fis reculer jusqu'à l'autre bout de la petite pièce.
J'entendis une voix féminine avant de voir sa propriétaire.
- Doucement mon enfant, murmura-t-elle sans même entrer dans la pièce.
J'eue tout mon temps pour la regarder. Ces cheveux blancs encadrait à la perfection son visage. Ces yeux noisette brillaient de bienveillance partout où se posait son regard. Son visage était ridé mais on pouvait deviner la beauté qu'elle avait du être pendant sa jeunesse. Même maintenant alors qu'elle devait avoir dans les soixante ans, elle semblait illuminer la pièce.
Je ne pus qu'être frappée par sa petite taille, alors que moi même je ne dépassais pas le mètre cinquante-cinq.
Un silence s'installa dans la pièce, seulement entrecoupé par ma respiration. Elle entra calmement et reposa le plateau qu'elle tenait dans ses main sur le lit sans tenir compte de mes tremblements. Elle transpirait de gentillesse mais j'étais la mieux placée pour savoir que les apparences étaient parfois trompeuses.
- Je te laisse ça ici, essaie de manger un peu pour reprendre tes forces. Tu peux m'appeler Rosie, dit-elle. Tu trouvera quelques vêtements dans les armoires et la salle de bain est sur ta gauche en sortant de la chambre.
Et elle sorti tranquillement sans attendre de réponse. De toute façon, je n'aurais pas su lui répondre.
Aussi vite que je le pouvais, je me dirigeais vers le plateau qui sentaient merveilleusement bon. Une assiette de soupe, un morceau de pain, un yaourt et quelques morceaux de fruits ornaient le plateau. Sans trop hésiter, je me mis à manger lentement, sachant que mon estomac n'accepterais pas autant de nourriture d'un coup malgré mon envie de tout engloutir.
Apres avoir vidé le tier du plateau, je m'allongeais de nouveau sur le lit sans pouvoir empêcher le sommeil de prendre de nouveau possession de moi.

***

À mon second réveil, je me donnais la mission d'aller me laver. Avant d'ouvrir la porte, je vis que le plateau n'était plus sur le sol pas du lit là ou je l'avais laissé. Je fis abstraction de ce fait et écoutais attentivement les bruits provenant de l'autre coté de la porte.
Je pouvais rester terrée dans la chambre mais la saleté qui me collait à la peau me donner envie de vomir. Aussi rapidement que possible j'ouvris la porte et n'eu a faire qu'un pas pour me retrouver devant la salle de bain. Je m'empressais de m'y engouffrer.
La salle de bain semblaient avoir connu des jours meilleurs mais elle était fonctionnelle : une douche, un lavabo, un placard et des toilettes. Sur le lavabo étaient posés des serviettes mais aussi des vêtements et des produits de premiers soin.
Les émotions retenues depuis bien longtemps m'arrachèrent d'abord quelques larmes avant que des sanglots fasse trembler mon corps. Je me laissais enfin aller contre la porte pendant ce qui me semblait être des heures.

***

Plus les jours passaient, mieux j'allais. Rosie ne me demandait rien. Elle me nourrissait, m'hébergeait et me laissait le temps de me remettre. De temps en temps sa voix angélique me parvenait aux oreilles. Elle fredonnait, me parlait aussi.
Aucun mot n'étais sorti de ma bouche mais elle sembler s'en accommoder.
Les jours devinrent des semaines et j'eue le temps de découvrir le salon et la cuisine. La maison était petite mais ça m'allait.
La peur me quittait doucement et lentement. Je savais que je ne pourrais pas rester indéfiniment dans cette état. Mais j'étais sur le chemin de la guérison alors je laissais le temps faire son travail.
La seul chose dont j'étais sûr à propos de l'avenir, c'était que j'allais m'en sortir.
J'allais revivre.
J'allais me venger.

Black Wings : Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant