Life Switch

Chapitre 2 : Perdu

Sasuke avait pris de la distance et d'où il était, il pouvait voir la maison d'où il était sorti. Ce n'était pas la maison de Naruto, ce n'était pas la sienne non plus et pourtant, c'était bien le symbole de son clan sur le portail.

Quelque chose clochait, c'était évident. Cette maison était située sur une parcelle de l'ancien quartier des Uchiha, mais normalement cet emplacement était devenu un quartier résidentiel.

Il fallait qu'il voit Naruto, mais si c'était ce qu'il pensait, même son meilleur ami ne pourrait rien pour lui.

Il arriva rapidement dans le bureau de l'Hokage, Naruto y était encore. Il s'était écroulé de fatigue sur une pile de paperasse. Sasuke l'observa attentivement, ce Naruto là n'était en rien différent de celui qu'il connaissait. En voulant secouer son ami pour le réveiller, un tas de papier tomba du bureau, révélant un cadre photo qui estomaqua Sasuke.

Sur un fond de ciel bleu, Naruto était consacré Hokage, et à ses côtés... Une femme aux cheveux rose et deux enfants : un petit garçon blond aux yeux verts pétillants, et une petite fille aux cheveux roses, et yeux bleus.

Sasuke prit le cadre dans ses mains... Naruto et Sakura... Lui et Hinata... Les situations avaient switchées.

- « Sarada... » dit Sasuke, contrit en pensant à sa fille qui ne semblait pas exister ici.

- « Mmmh ? » fit Naruto se réveillant.

Il bailla grandement et ouvrit de grands yeux en voyant le grand brun à ses côtés.

- « Sasuke !? Qu... Qu'est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il.

L'homme ne répondit pas, dans ses yeux il y avait certaine détresse. Naruto prit un air sérieux, son ami n'était pas dans son état normal, il devait s'être passé quelque chose.

- « Sasuke... » répéta-t-il.

Ce dernier déposa tranquillement le cadre photo sur le bureau en désordre. Il n'était pas dans son monde à lui... C'était une certitude.

- « Ce n'est rien... » répondit Sasuke simplement, « Je dois partir... », et sur ces mots il disparut.

Naruto resta interdit. Il se passait clairement quelque chose mais son ami ne semblait rien vouloir lui dire.

Sasuke erra un certain temps dans la ville. A l'exception de sa maison, les autres endroits lui étaient familiers. Même la maison de Naruto était quasiment la même, mais il n'osa pas aller vérifier de plus près. Il avait la crainte de tomber sur la Sakura de cet univers, et ses enfants.

Les boutiques et les stands étaient identiques, même le tracé du chemin de fer ressemblait à ce qu'il connaissait. Il constata que ses amis avaient plus ou moins la même vie que celle qu'il leur connaissait : Shikamaru marié à Temari avait un fils, Choji marié à cette fille de Kumo avait une fille et Ino était mariée à Sai, à la différence que dans ce monde-ci, ils avaient deux enfants. Il avait vu un garçon semblable à Inojin dessiner dans leur jardin et à ses côtés, une jeune fille blonde aux yeux noirs. La jeune fille avait eu les cheveux de sa mère mais indéniablement le visage et le regard de son père.

Rien que d'y repenser il était confus et désarmé. Il envisageait un autre monde, un autre univers, une autre dimension, mais comment était-il arrivé ici ?

Il soupira un nombre incalculable de fois, mais peu importe comment il était arrivé ici, il devait trouver une solution pour rentrer.

Des heures plus tard, ses pas l'entraînèrent instinctivement au monument aux morts dédiés aux Uchiha. Arrivé sur place, il fut surpris de voir une femme agenouillée devant la pierre sacrée. Il reconnut ces cheveux sombres aux reflets bleus. « Que faisait-elle là ? »

Il n'osa pas bouger, mais elle se retourna, sentant sa présence.

- « Sasuke-kun... » dit-elle de sa petite voix.

« Sasuke-kun... » répéta-t-il dans sa tête, il lui avait parlé tellement peu de fois dans son monde qu'il avait du mal à rester stoïque face à elle. Il détourna les yeux d'elle, que pouvait-il bien lui dire finalement ?

Elle se leva et s'approcha de lui, il constata qu'elle avait laissé un bouquet de lys blancs au pied du monument. « Elle honore la mémoire de ma famille... ? »

Ses yeux clairs se déposèrent sur le visage froid de l'homme en noir, et ce dernier eut l'impression qu'elle pouvait lire en lui. Il détourna brusquement les yeux pour éviter son regard.

- « Sasuke-kun ! » dit-elle à nouveau, l'air inquiète.

- « Je ne suis pas Sasuke ! En tout cas, pas ton Sasuke ! » laissa-t-il échapper sèchement.

Il tourna le dos à la femme car il était mal à l'aise. Il se doutait bien que s'il était le mari de cette Hinata dans ce monde-ci, en lui parlant ainsi, il lui faisait du mal. Surtout que l'Hinata telle qu'il la connaissait, lui avait toujours semblé si sensible.

- « Les enfants m'avaient bien dit que tu étais bizarre ce matin... » l'entendit-il dire dans son dos.

- « Je ne suis pas bizarre ! Je ne suis pas d'ici c'est tout ! » répliqua-t-il.

Il n'arrivait pas à parler plus gentiment, il pensait qu'en utilisant un ton acerbe comme il savait si bien le faire, il empêcherait tous liens de se nouer avec les gens d'ici.

- « Tu n'es pas d'ici... ? » répéta-t-elle.

Il soupira. Il ne savait quoi lui dire d'autre.

- « Explique-moi... » fit-elle timidement.

Comment faisait-elle pour rester ainsi, avec ce ton presque suppliant alors qu'il était si froid ? Il se le demandait. Si ça avait été Sakura... Non, Sakura ne peut rien lui dire non plus. Sakura accepte tout de lui, même sa froideur.

- « Alors... Si tu n'es pas mon mari... Saurais-tu où il est passé ? » reprit Hinata de sa voix douce.

« Son mari... » Ces mots lui sonnaient étrangement dans la tête. Il ferma les yeux. Si ce monde est réel et qu'il est parallèle au sien, peut-être que le Sasuke d'ici est dans son monde à lui, à sa place... Mais il était difficile d'en être sûr.

- « Je ne sais pas... » dit-il d'un ton plus bas.

Il l'entendit soupirer puis s'avancer et se mettre à ses côtés.

- « Sasuke-kun... » se força-t-elle, « Tu n'es peut-être pas mon Sasuke, mais tu dois savoir que nous n'abandonnons pas nos amis dans ce village ! Et si je peux t'aider toi, j'aiderais sans doute le Sasuke que je connais ! » dit-elle finalement.

Elle avait raison. C'était une hypothèse rassurante en tout cas.

- « Je ne te forcerai pas à rester ni à rentrer avec moi... Mais... Si tu n'as nulle part où aller et si tu as besoin d'aide sache que je ferai tout ce qu'il faudra pour t'aider ! » assura-t-elle.

Il ferma un instant les yeux, évaluant la situation. Pourquoi n'était-elle pas plus paniquée ? Pourquoi était-elle si calme ? Il avait du mal à cerner la femme à ses côtés, il n'était pas habitué à tant de calme. Les femmes de sa vie et -pour élargir- ses amis proches, avaient tous des caractères volubiles et extravertis... Alors qu'elle...

- « Si tu n'es pas mon mari, je souhaiterai qu'il me revienne au plus vite... » continua-t-elle.

Et il vit alors ses yeux. Peut-être qu'elle n'agissait pas de manière exagérée et très expressive mais ses yeux disaient tout de la détresse qu'elle ressentait. Il sentit sa poitrine s'alourdir. Il ne savait pas quoi faire. Rester loin du village à chercher seul, ou alors... Ou alors accepter sa main tendue et chercher une solution ensemble.

Il réfléchit encore un moment puis, fixant son œil noir sur elle, lui dit :

- « J'accepte... »