Chapitre 9

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  Dans son bureau, Hermione faisait les cent pas depuis un bon moment déjà. Les informations concernant Graham et les recherches sur celui-ci semblaient stagner depuis un moment déjà. Au tout début, après cette découverte faite dans la taverne en Australie, les indices avaient afflué rapidement avant de devenir de moins en moins présent pour, au final, complètement disparaître, comme si Graham s'était juste évaporé dans l'espace. Et ils n'avaient pas pu apprendre beaucoup de choses...

  Il y'avait d'abord eu quelques témoins oculaires dans la ville où ils avaient été vus. Certains disaient qu'ils étaient une dizaine, peut-être un peu moins, et que personne ne voulait les approcher à cause de l'aura qu'ils dégageaient. Ils avaient l'air de simples voyous emmenant de leur marchandise à un endroit prédéfini alors, on aurait pu penser qu'il serait facile de les retrouver. 

  Les traces du passage de la magie des Syn avait été suivie  par des professionnels ainsi que des membres de la famille royale elle-même mais, alors que celles-ci devenaient plus vives et présentes, les cadavres des personnes avec lesquelles Graham était avaient été retrouvés dans le désert, sans le sien. Et les traces s'arrêtaient complètement à cet endroit. Il était donc impossible d'interroger ceux qui l'avaient emmené pour en savoir plus et aucun nouvel indice ne pouvait les aider. Même après avoir ratissé l'Australie de fond en comble, ils n'avaient rien trouvé, pas même le cadavre de Graham dont la découverte aurait pu permettre de mettre fin à tout ceci. Ils revenaient donc au point de départ, avec  la seule certitude que Graham vivait encore. C'était à la fois plein et vide d'espoir. De quoi devenir dingue. Et Hermione était totalement impuissante, là, enfermée dans son bureau à ne pouvoir que supposer et tourner en rond, attendant les informations.

  Elle ne supportait plus cette situation et voulait absolument pouvoir enfin être utile dans les recherches de son cousin.

  Remontée, elle se tourna, attrapa son manteau, et se dirigea vers la porte de son bureau. Elle allait y aller. Elle allait s'y rendre et le retrouver. Elle le jurait.

  Mais, deux bras musclés vinrent se nouer autour de sa taille, l'empêchant d'aller plus loin. Elle soupira.

  -Drago, laisse moi y aller, s'il te plaît. Je te jure que je vais devenir dingue si je continue à rester enfermée dans ce bureau à ne pouvoir qu'attendre.

  Il l'embrassa tendrement dans le cou.

  -Tu essaies de t'enfuir de ce bureau tous les jours depuis que tu as appris la nouvelle, ma chérie. Tu devrais avoir l'habitude que je t'arrêtes, depuis le temps.

  -J'ai l'habitude, soupira-t-elle en essayant doucement de se libérer de son étreinte, mais aujourd'hui je suis sérieuse ! Alors s'il te plaît, ne me retiens pas ! Ou je te jure que tu vas le regretter, que tu sois mon mari ou non.

  -C'est ce que tu dis tous les jours quand je t'empêche d'aller plus loin, mon amour. Tu sais que c'est la meilleure chose à faire. Je comprends que ça te rende malade de ne pouvoir rien faire, et je te comprends complètement. Moi aussi je rêverais de pouvoir aider dans les recherches. D'autant que de voir dans cet état me rend vraiment mal aussi. Je voudrais tant que tout s'arrange et que tu puisses enfin être en paix avec toi-même, après toutes les épreuves que tu as traversées... Mais tu sais que la meilleure chose à faire pour que tout aille au plus vite mieux est de rester ici et d'attendre.

  La jeune reine se mordit la lèvres, tentant d'empêcher les tremblements compulsifs de celles-ci. Il était vrai que Drago l'avait toujours stoppée dans ses élans lorsqu'elle voulait se lever pour partir elle aussi à la recherche de son cousin. Qu'il le faisait tous les jours depuis quelques mois parce qu'elle essayait tous les jours de partir aider depuis qu'elle avait appris la nouvelle. Elle savait qu'il avait raison. Elle savait qu'il faisait bien de l'arrêter. Mais c'était dur, si dur... chaque jour il était plus difficile de se dire que son cousin se trouvait quelque part dans le monde, loin de tout, loin d'eux, loin de sa famille. Cela faisait 19 ans qu'elle s'était effondrée en apprenant la "mort" de celui-ci, presque 20, et 17 ans qu'ils le recherchaient activement, s'investissant corps et âmes. Combien de fois avait-elle abandonné l'idée de le revoir un jour ? Combien de fois avait-elle manqué de craquer face à tout ça ? Combien de fois ? Elle n'en pouvait plus...

  Drago sentit quelques soubresauts secouer sa femme et son cœur se serra vivement. Depuis combien de temps n'avait-elle pas craqué ? Depuis combien de temps montrait-elle un visage fort et un sourire chaleureux à tous, cachant au fond d'elle la peur, le désespoir et la colère ? Depuis combien de temps ? Il se sentait si faible, si impuissant face à tout ça... Il ne pouvait absolument rien faire, lui non plus. Ni aider dans les recherches, ni retrouver le membre manquant de la famille, ni même apaiser les doutes et les peurs de celle qu'il aimait. Il ne pouvait que regarder, attendre et soutenir Hermione du mieux qu'il le pouvait. C'était tout. Absolument tout. Ce que c'était dur... Et frustrant !

  Doucement, sans un mot, il retourna la jeune femme vers lui pour la serrer correctement dans ses bras et tenter de la soutenir dans ce moment comme il le pouvait. Et, sentant son mari l'enlacer tendrement, la jeune reine finit par éclater en sanglots, relâchant toute la pression accumulée depuis tout ce temps, toute cette peur, cette colère, cette frustration, ce désespoir, ...

  Ce que cela pouvait faire du bien de tout laisser aller... Et ce que ça faisait du bien de se sentir épaulée de cette manière. Drago avait toujours su faire les choses comme il fallait. Elle ne savait pas ce qu'elle aurait fait sans lui à ses côtés tout ce temps. Il y'avait le reste de sa famille, bien sûr ! Son petit frère, ses cousins, ... tous ! Mais ça n'était pas la même chose. Et contrairement à ce qu'elle pensait plus jeune, lorsqu'elle ne fréquentait pas encore Drago, son mari l'aidait plus que sa famille, émotionnellement parlant. Pas qu'ils en fassent moins, bien au contraire ! Elle se sentait juste... tellement bien, tellement en sécurité et coupée de tout problème lorsqu'il la prenait dans ses bras, lorsqu'il la berçait doucement en lui chuchotant des mots réconfortants à l'oreille, comme il le faisait en ce moment même. C'était étrange, bien sûr. Mais elle avait compris avec les années que les choses étaient ainsi parce que Drago était celui qui partageait sa vie, celui qui faisait battre son cœur au quotidien. Ce qu'elle l'aimait, bon sang !

  Après un moment, quand elle se fut calmée, un léger soupir franchit ses lèvres et elle releva la tête vers le jeune blond qui lui sourit tendrement, essuyant une larme qui perlait encore à son œil.

  -Merci d'être là pour moi, Drago, souffla-t-elle doucement en l'embrassant du bout de lèvres. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi...

  -Je sais que tu es une femme forte, mon amour. Mais avec moi, tu n'as pas besoin d'afficher un sourire quand ça ne va pas. Si tu as besoin de pleurer, pleure. Si tu as besoin de crier, crie. Je serai toujours là pour toi, pour te soutenir. Alors je t'en prie, ne retiens plus tes émotions jusqu'à ce qu'elles explosent de cette manière.

  Hermione sourit tendrement à celui qu'elle aimait.

  -Excuse-moi. Même si c'est avec toi, je n'aime vraiment pas montrer mes émotions... Même avec moi-même, je n'aime pas m'exposer comme ça. Mais je vais essayer d'arrêter de tout retenir comme ça, je te le promets.

  -Je te remercie, souffla-t-il doucement en la regardant amoureusement.

  Il y'eut un léger silence durant lequel chacun profita des bras chaleureux de l'autres. Puis, le jeune Roi releva la tête et embrassa sa femme doucement, la faisant sourire.

  -Je pense que tu devrais prendre ta journée, mon cœur, souffla-t-il au creux de son oreille. Tu as déjà été bien secouée et un peu d'air frais te fera du bien. Je vais me charger des dossiers en retard, ne t'inquiètes pas.

  -Si je prends ma journée, alors tu viens avec moi. Tu es toi aussi bien remué par les événements, et puis...

  Sa voix se fit plus faible, comme... timide.

  -J'ai envie que tu restes avec moi, s'il te plaît. T'avoir à mes côtés me fait du bien.

  Le blond sourit et l'embrassa de nouveau tendrement.

  -Très bien, alors. Si c'est un ordre de la Reine en personne, je me vois mal refuser !

  Le jeune couple se sourit et, d'un pas léger, main dans la main, ils se dirigèrent vers les jardins du château, bien décidés à se changer les idées pour la journée.

L'Héritière - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant