Dix ans plus tard

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Dix ans plus tard

Un immense fracas réveilla Jack ! Il pensa un instant que c’était le tonnerre. C’était probable…Bien qu’il soit encore très tôt, la chaleur était déjà étouffante au 13ème étage de la tour. Or, c’était là qu’il habitait. Il passa dans la salle de bain et regarda son visage couvert de sueur. Toujours ce même rêve revenait sans cesse; il se dit :

« -  Jack, la mort de tes parents ne peut pas te hanter plus longtemps ! »

Toujours ensommeillé, il entrouvrit le rideau de sa fenêtre… il fut alors pétrifié par le panorama s’offrant à lui ! Tout l’horizon était bouché par un épais brouillard. Impassible, le ciel l’empêchait de distinguer toute chose, même pas l’ombre de la Tour des Tilleuls qui pourtant ne se dressait qu’à quelques mètres de là… Ce brouillard, accompagné d’une telle canicule, lui rappela où il vivait : la Tour des Erables, dans laquelle il résidait, se situait au milieu de centaines d’autres tours, toutes semblables les-unes des autres. Toutes ces demeures étaient alignées. Et tous ces bâtiments réunis formaient la cité des Etanges. A 100 km environ, au sud-est après le pont de Winter Key, s’élevait la cité de Paranore. Cette cité était la plus riche et la plus puissante. Au cœur de Paranore se dressait la tour Mère, où vivaient ceux « de la Haute » comme on les appelait. Ainsi les deux mondes se jaugeaient sans qu’aucun ne profite vraiment de ses droits. Comme tous les ans, en ce 6 juillet, Jack partit déposer quelques roses sur la tombe de ses parents. Aujourd’hui, cela faisait précisément dix ans qu’il les avait perdus, et, comme à chaque fois, il leur adressa quelques mots :

« - Vous me manquez beaucoup, vous savez tante Alice est toujours aussi gentille avec moi bien que ça fasse dix ans qu’elle me supporte ! Margaux et Troy vont bien, d’ailleurs, je pense qu’il va se passer quelque chose entre eux deux : c’est certain ! 

Une jolie jeune fille rousse se rapprocha de Jack et mis une main compatissante sur l’épaule du jeune homme.

-Ça va aller ?

- Oui, t’inquiète pas… ça fait déjà si longtemps qu’ils sont morts; dix ans, c’est inconcevable ! dit Jack En tentant d’étouffer un sanglot. »

Jack et Margaux s’étaient rencontrés dans des circonstances peu ordinaires. C’était lorsque Jack avait enterré ses parents, avec lui une petite fille du même âge venait dire adieu à sa mère : Margaux. Comme si ils devaient se soutenir dans leurs épreuves communes, et grâce à la tante de Jack qui les poussa à le faire, les deux enfants étaient rapidement devenus de très bons amis. La tante de Jack était une femme gentille, douce et généreuse. Elle n’avait jamais eu ni enfant ni mari et c’est donc tout naturellement qu’elle décida d’élever son neveu orphelin. Dans le cimetière calme, Jack et Margaux aperçurent au loin une silhouette qui courait en leur direction :

« -C’est Troy ! s’écria Margaux.

Le jeune garçon arriva haletant à leurs pieds. Essoufflé, il dit à ses amis :

-Ve…venez à… à l… la grande place ! De… Des vai…vai…vaisseaux arrivent ! »

Alertés, les trois amis se précipitèrent rapidement vers la place. Quand ils y arrivèrent, les navettes avaient déjà atterrie. Des soldats en sortirent deux par deux, et parfaitement synchronisé comme si ils avaient répété et prévu l’événement depuis des années. Puis ils s’écartèrent parallèlement pour former une allée principale en face du plus gros vaisseau. De ce dernier sortirent une vingtaine d’autres soldats, plus haut gradés, qui ne venaient que pour une chose : trouver un homme, un homme de la cité. Froidement, ces soldats passèrent devant la foule qui s’était réunie sur la place, et s’arrêtèrent devant un homme grand, fort mais fatigué aux cheveux grisâtres parmi lesquels des mèches rousses apparaissaient. Cet homme, c’était le père de Margaux. Sans un mot, les généraux attrapèrent fermement ses bras. C’est alors qu’un cri déchirant résonna :

« -Non ! Pas lui ! S’il vous plaît ! Je vous en supplie !! Il est le seul parent qu’il me reste ! avait hurlé Margaux.

Mais le soldat resta de marbre et continua d’avancer.

-Non! Pas lui ! Pas lui ! Gémissait Margaux.

Des larmes commençaient à couler sur ses joues

-ça va aller, ne t’en fais pas pour moi… lui adressa son père. »

Evidemment, personne ne se révoltait sous peine de se faire tuer. Margaux ne pouvait résister ; elle courut vers les soldats et commença à frapper un général de touts ses forces. Un l’attrapa et la jeta par terre. Elle voulut y retourner mais, seul contre une centaine de soldat, elle n’avait aucune chance. Elle resta alors, à genoux, pleurant toutes les larmes de son corps. Avant de disparaître dans les vaisseaux, son père lui cria :

« -Ne t’en fais pas ma chérie, prends soin de toi : c’est le plus important ! Sois forte, ce n’est que le début d’une longue guerre ! Un jour quelqu’un les défiera ! Je t’ai… mais il n’eu pas le temps de finir sa phrase que la porte de la navette se referma. »

Et les vaisseaux s’en allèrent sur ces dernières paroles. Margaux était restée assise au même endroit et continuait de pleurer sans cesse. Jack et Troy s’approchèrent d’elle. Troy la pris dans ses bras, comme fraternellement et Jack lui dit :

-Aller, sèche tes larmes. Je comprends ta douleur, et je sais qu’elle ne partira pas facilement. Mais garde espoir ! Ton père est brave, il n’a jamais rien fait et ne fera jamais rien qui puisse te mettre en danger. Alors, Jack se rappela de ce 6 juillet il y dix ans. Aujourd’hui était tout de même l’anniversaire du jour macabre où son père avait osé franchir le pont. Ce jour, même si il n’était encore qu’un petit garçon, restera gravé dans sa mémoire à tout jamais. Il pensa que c’était idiot de perdre sa vie ainsi inutilement. Puis Jack sortit de ses pensées. Margaux s’était levée, elle regarda Jack et Troy les yeux emplis de larmes, puis s’en alla en pleurant, désespérée

ParanoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant