Trois années passent. Aurélie a aujourd'hui quinze ans et elle a réussi à se persuader qu'elle n'avait plus rien à voir avec cette histoire et que les enfants étaient en sécurité. Quand elle s'ennuie, il lui arrive de repenser à ce moment où elle a sauvé les petits de leurs agresseurs. Elle revoit le visage du vieil homme et entend les dernières paroles qu'il a prononcées avant de partir: "Je vais fermer la Porte. Il vaut mieux pour tout le monde qu'il n'y ait plus de passage." Mais, elle a arrêté de chercher à comprendre d'où venait la porte et comment l'ouvrir.
Un jour, alors qu'elle rentre de son cours de dessin, Aurélie voit de la fumée s'élever dans sa rue. En s'approchant, elle découvre qu'elle vient de sa propre maison ! La jeune fille pousse un cri. Une voiture de pompiers est garée en face de l'habitation. Elle se précipite vers eux. La fumée lui prend à la gorge et elle se met à tousser. Elle sursaute en sentant qu'on la tire en arrière.
"Il ne vaut mieux pas rester ici." dit une voix derrière elle.
L'adolescente se retourne et voit le vieux monsieur qui avait récupéré les enfants trois ans auparavant.
"Qu'est ce que vous faites ici ?
- Je t'expliquerai en chemin. Suis-moi."
Aurélie refuse de bouger et demande d'une voix tremblante.
"Où est ma famille?
-Les pompiers ont emmené tes soeurs et tes parents en lieu sûr.
-Je ne devrais pas aller avec eux ?
-Non, tu es recherché par des Esidiens. Tu seras plus en sécurité avec moi."
Bien qu'elle ait du mal à comprendre ce qu'il disait , l'adolescente se décida enfin à le suivre.
Elle suive le vieil homme pendant une vingtaine de minutes. Ils s'éloignent du centre de Bruxelles jusqu'à un bois, le bois de la Cambre. Petit à petit, ils s'écartent des sentiers qu'Aurélie connaît. Celle-ci a du mal à rattraper l'homme qui se dirige étonnement vite entre les arbres et les fossés. Cependant, il a l'air fatigué. Son visage semble avoir vieilli d'au moins dix ans par rapport au souvenir qu'elle avait de lui, trois ans plus tôt. Peut-être est-ce parce que sa barbe a blanchi et s'est allongée. Il porte toujours de fines lunettes sur son long nez et ses yeux bleu foncés ont toujours l'air aussi vifs mais ses sourcils sont froncés et il a l'air soucieux. Son visage et ses lèvres sont minces. Il est de taille moyenne.
Il s'arrête brusquement et Aurélie qui le suit faillit lui rentrer dedans. Elle regarde pourquoi ils s'arrêtent en plein milieu de la forêt et sent son coeur s'affoler. Une sorte de grand miroir se tient devant eux mais au lieu de refléter la forêt, il montre un mur de bois avec une porte au milieu. L'image de l'écran dans son armoire lui revient en mémoire.
"Passe à travers", dit le vieillard.
La jeune fille décide d'arrêter de suivre ses ordres au hasard et d'essayer de comprendre ce qu'il se passe.
"Où allons-nous ?", demande-t-elle, sur la défensive.
"Je n'ai pas beaucoup de temps pour t'expliquer. Nous allons en Esidie. Les rebelles ont réussi à traverser une Porte et ils veulent sans doute se venger du meurtre que tu les as empêché de commettre , il y a quelques années."
Il la regarde et ajoute sombrement : "À moins qu'il n'en veuillent à tes pouvoirs.
-Mais je n'ai pas de pouvoirs !
-Bien sûr que si comment crois-tu être arrivée à traverser la Porte la dernière fois ?"
Il continue précipitamment : " Écoute, il va falloir que tu acceptes que le monde que tu connais n'est pas le seul qui existe, au contraire. Et tu fais partie de ceux qui peuvent passer d'un monde à l'autre sans utiliser la magie. Maintenant, il faut qu'on se dépêche. Je ne voudrais pas mettre les rebelles sur la piste de cette Porte. Vas-y. Tu arriveras dans une cabane. Je t'interdis d'en sortir tant que je ne t'aurais pas rejoint."
Les pensées d'Aurélie s'entre-choquent si vite qu'elle n'arrive plus à réfléchir. Pourtant, elle sait que les paroles de l'homme sont forcément fausses. Alors, elle arrête d'essayer de comprendre ce tourbillon de pensées et d'écouter son cœur. Elle le croit. Elle veux le croire.
Elle traverse.
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Le monde du placard
FantasyUn écran est apparu dans le placard d'Aurélie. Intriguée, elle l'observe, il diffuse une scène de bagarre. Mais pourquoi sa main s'enfonce-t-elle dans l'écran? Et si c'était en fait une porte vers un monde inconnu...