Jacob Böhme, le divin parleur

Chapitre III) spécificité de son œuvre

(.....)Ses références alchimiques et astrologiques sont nombreuses et récurrentes, ces deux disciplines sont à l'époque indissociables et on comprend aisément pourquoi. Elles furent toutes deux très en vogue au sein des milieux philosophiques pendant la période de la Renaissance. Le vocabulaire alchimique parcourt tout l'ouvrage de Böhme (cependant le terme d'alchimie n'apparaît pas) son but est certainement d'employer un langage familier au plus grand nombre. La science alchimique est à la fois une philosophie de la Nature, un art et une mystique. On a coutume de faire dériver ce terme d'après l'étymologie de l'arabe AlKhemia qui signifie la terre noire. Cependant, si l'on se fie à l'analyse de l'occultiste Patrick Rivière, on peut aussi lui trouver une racine grecque : arché, c'est-à-dire arcane secret. L'analyse de Paul Le Cour va dans le même sens et prolonge cette analyse : à son avis la notion d'alchimie dérive du grec, il est persuadé du fait que le « L » de alchimie masque volontairement le « R » de la racine grecque arché qui signifie commencement et commandement. Ainsi le véritable terme qui désigne l'alchimie serait en fait l'« archimie ». Cette permutation volontaire aurait en réalité servi à voiler le mot et donc sa visée originelle. D'après Paul Le Cour, le véritable Rose Croix est un adepte de l'« archimie ». L'objectif de cet art étant double : il consiste d'une part à percer les secrets des lois de l'évolution de la vie et d'autre part à en accélérer le processus en laboratoire grâce à l'élaboration de la fameuse Pierre Philosophale. Cette opération ne constitue en rien une fin en soi. L'alchimiste souhaite reproduire le phénomène de la création divine en sens inverse, il veut remonter jusqu'à Dieu en partant de l'homme et de la nature. Mais pour en arriver là, il est essentiel qu'il opère d'abord une transformation intérieure: « Nul ne transmute aucune matière, s'il ne s'est transmuté lui-même. » selon Paracelse.